© Olga Kisseleva
Galerie Rabouan Moussion 11 rue pastourelle Tél: +33(0)1 . 48877591 Fax: +33(0)1 . 42714281 www.rabouan-moussion.com rabouanmoussion@noos.fr 75003 Paris France
CONTRE TEMPS
Olga Kisseleva est née en 1965 à Leningrad, URSS. Elle vit et travaille entre Paris et Saint-Pétersbourg.
La galerie Rabouan Moussion est heureuse de présenter son travail dans une exposition personnelle, « Contre Temps ». L’artiste y présentera un corpus d’œuvres déclinant différentes notions relatives au temps. Le mode opératoire d’Olga Kisseleva s‘inscrit dans une démarche scientifique expérimentale. Un décalage, détecté au cours d’un processus ou dans le fonctionnement d’une structure, l’amène à formuler une hypothèse, expliquant l’observation en question, et dans la mesure du possible, à proposer une solution à la problématique. Dans ce but, elle identifie les compétences scientifiques nécessaires pour effectuer les études et elle pilote une recherche. Olga Kisseleva fait appel aux sciences exactes, à la biologie génétique, à la géophysique, ou bien aux sciences politiques et sociales. Elle procède
aux expérimentations, calculs et analyses, en respectant strictement les méthodes du domaine scientifique concerné. Son hypothèse artistique est ainsi vérifiée et approuvée par une méthode strictement scientifique. Dans chacun de ses projets, à tous les stades de leur développement, depuis l’élaboration du travail (la prise en considération du contexte) jusqu’à la récolte des indices permettant aux propositions esthétiques de voir le jour, se trace une ligne sur laquelle les différents éléments convoqués viennent s’inscrire. Cette manière d’adresse aux lieux et aux personnes accorde à l’artiste une place singulière, dans une forme d’engagement qui consiste à questionner, à affronter ou à tester les éléments constitutifs de la réalité d’une situation. Cet engagement peut emprunter des médiations nombreuses, des supports et des modes de présentation aussi divers que les situations elles-mêmes. Mais il implique toujours, pour le spectateur comme pour l’artiste, la fidélité à un mot d’ordre, la vigilance, et s’en remet à un principe de responsabilité, qui nécessite l’instauration de relations ouvertes entre les différents éléments mis en jeu par les propositions esthétiques. Christophe Kihm Extrait du catalogue de Windows, Exposition personnelle d’Olga Kisseleva au Musée Chagall, Nice, France, 2012
© Olga Kisseleva
SELECTION D’ŒUVRES
Après son exposition au Louvre Lens, les spectateurs pourront interagir avec It’s Time à la galerie Rabouan Moussion. Cette œuvre est un intervalle, elle incite à écouter sa propre horloge biologique, et non un temps abstrait imposé, avec ses cycles, ses retards, ses données édictées et assujettissantes. Lorsque le spectateur appose sa main sur l’écran, l’horloge s’adapte à son rythme, et l’œuvre telle une Pythie, lui enseigne en lettre rouges l’attitude à adopter : « easy going », « take your time », ... L’histoire de ce travail interpelle: conçue pour la première biennale industrielle d’Ekaterinbourg, elle s’inscrit dans l’Histoire. Ville interdite sous l’URSS, consacrée à la fabrication de matériel militaire, la géographie de ce lieu aujourd’hui ouvert est encore parsemée d’usines. C’est dans une de ces usines, encore en fonctionnement, que Olga Kisseleva entreprit d’ériger cette œuvre. Le temps soviétique était une contrainte sans égale : la sirène de cette usine retentissait plusieurs fois par jour, indiquant aux ouvriers l’heure du réveil, l’heure de l’embauche à l’usine, l’heure d’amener les enfants à l’école, etc. Mais si par malheur un ouvrier arrivait après la sirène, alors il ne déjeunait pas le midi, et au troisième retard il risquait la relégation. Cette horloge avait donc un grand pouvoir sur la vie des habitants. Olga Kisseleva, avec l’aide des ouvriers, la modifia afin qu’à chaque embauche, les ouvriers appliquent leur main sur l’écran capteur. L’horloge s’adapte à leur rythme et module l’heure grâce à un calcul entre les pulsations cardiaques et la température du corps, décalant la durée du temps, décalage élaboré par un physicien quantique. La dictature de la montre est contrebalancée. A la fin de la journée, l’heure qui s’affiche n’est pas l’heure nationale, mais celle des ouvriers. A la galerie, l’heure sera celle des regardeurs.
© Olga Kisseleva