View of the Ruskin Power Plant and the Stave River, de la série Ruskin Photos, 1993 © Stan Douglas
Paris Photo 52/54 quai de Dion Bouton 92800 Puteaux France
Regard rétrospectif sur le travail photographique réalisé par Stan Douglas dans la dernière décennie du 20e siècle, Abandon et splendeur expose les ruines de quelques grandes utopies occidentales en leur paradoxale beauté.
L’exposition est centrée sur quatre séries hantées par une histoire ayant sa part de lumière et d’ombre que l’image n’explicite pas mais évoque, avec un art du suspense poétique dont l’artiste est le maître. La présence des empires coloniaux en terres autochtones à l’extrême ouest du Canada, l’application de modèles communautaires réformateurs et leur transformation (une colonie ruskinienne ayant donné son nom à une région industrielle de Colombie britannique, les jardins ouvriers (« schrebergärten » de Potsdam), l’idée de progrès et l’idéal moderniste, sont quelques-uns des enjeux qui affleurent dans ces projets où Stan Douglas exerce un recadrage à la fois historique et subjectif. L’artiste s’intéresse à des lieux désaffectés, désertés, oubliés qui portent en eux la mémoire de la grande histoire et les marques profondes qu’elle a inscrites dans l’histoire locale de communautés disparues.
Si les photographies de Ruskin Photos, Potsdamer Schrebergärten, Nootka Sound et Detroit Photos sont intimement liées à des installations filmiques et vidéographiques réalisées à partir de ces lieux, elles composent tout autant, ensemble, une représentation mys- térieuse et troublante du pouvoir de révélation et d’opacité de l’image. Abandon et splendeur réunit trente-six œuvres réalisées dans les années 90. Elle prend le parti de confronter le specta- teur à la part la plus silencieuse d’une œuvre qui se déploie par ailleurs dans l’image mouvante et le son. Détachées des instal- lations qu’elles accompagnent souvent, les photographies de Stan Douglas exposent ici leur densité propre, à l’écart du dispo- sitif narratif de l’installation. Surgit solitairement de cet ensemble cette inquiétante splendeur dénuée fictivement de toute autre présence que celle de l’artiste.
Stan Douglas vit à Vancouver. Figure majeure de l’art contempo- rain, il créé films, photographies et installations dans lesquels le passé et le présent se condensent en des dispositifs complexes empruntant autant à la machine hollywoodienne et la télévision, qu’à la littérature, la musique et la philosophie. Ses œuvres ont été présentées dans de nombreuses expositions collectives parmi lesquelles les Documenta IX, X et XI de Kassel (1992, 1997, 2002) et trois Biennales de Venise (1990, 2001, 2005). Ses plus récentes expositions incluent notamment : ZKM/Museum für Neue Kunst, Karlsruhe (Fast Forward 2: The Power of Motion, 2010), The Solomon R. Guggenheim Museum, New York (Haunted: Contemporary Pho- tography/Video/Performance, 2010), The International Center of Photography, New York (3rd ICP Triennial of Photography and Video: Dress Codes, 2009 et Archive Fever: Uses of the Document in Contem- porary Art, 2008), The Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, Washington, D.C. (The Cinema Effect: Illusion).
Le Carré d’Art - Musée d’art contemporain de Nimes présente l’exposition Stan Douglas, du 12 octobre 2013 au 26 janvier 2014, en partenariat avec le Centre culturel canadien.