Pierre Canaguier, se?rie "Bleu 2013", © courtesy Galerie le Re?verbe?re.
Artothèque de Grenoble 202 Grand'Place 38100 Grenoble France
Exposition de l'Artothèque municipale de Grenoble,
en partenariat avec la Galerie Le Réverbère, Lyon du 10 décembre 2013 au 25 janvier 2014
Pierre CANAGUIER Blanc 77 et autres galéjades
« Photographier m’amuse, je l’avoue. Photographier, repérer une forme, une brillance, un contraste, bref un de ces signes qui prennent plus ou moins la tangente du réel pour le rendre différent, inattendu. C’est souvent de cette façon que je me suis régalé – en parallèle à des travaux plus structurés, plus réfléchis – à engranger des instantanés "simples et plaisants". C’est le cas de cette vue "Blanc 77" au rayon linge d’un grand magasin, ou tout récemment de ces portraits de sapins & flocons. La présente exposition regroupe trois séries réalisées sur ce mode léger. Ce sont mes plaisanteries photographiques, mes galéjades pour faire référence à mes racines
méditerranéennes ! »
Blanc 77 : instantanés en noir & blanc de 1972 à 1983, réalisés entre la maison de la culture de Grenoble et le centre commercial Grand'Place, et donc essentiellement à Villeneuve où j’ai habité et travaillé pendant près de 20 ans... et photographié quotidiennement.
Juste un avion dans le ciel : la couleur m’intéresse depuis mes débuts en photographie, mais je ne me suis résolu à m’y plonger pour de bon qu’avec l’avènement du numérique qui me l’a rendue plus maîtrisable. Ces images, extraites d’une exposition présentée en 2012 à la galerie Le Réverbère, Lyon, jouent sur la frontière fragile entre la banalité de la beauté et la beauté de la banalité.
Bleu 2013 : mes dernières galéjades. Se laisser emmener par une note bleue, à la mer ou à la montagne, s’abandonner dans une sorte de douce abstraction comme on se jette dans les hautes pousses d’un champ de blé, n’est-ce pas là un rêve d’enfant ? Autre envie qui relève du jeu : isoler des formes simples, presque évidentes, mais les isoler à tel point que l’on en perd plus ou moins le sens pour ne garder que la matière picturale. C’est ce que j’ai tenté avec mes "sapins & flocons".
Pierre Canaguier, 2013
Pierre Canaguier, série "Bleu 2013", © courtesy Galerie le Réverbère.
Juste un avion dans le ciel
Je vois encore ma grand-mère Maria en train de coudre sur mes recommandations un coupon de serge noire pour me confectionner un manchon étanche à la lumière. Il me permettrait de développer mes films n’importe où, même en plein jour et sans chambre noire. « Toi, tu seras photographe », m’avait-elle dit et j’avais éclaté de rire. C’était au tout début des années 70. Je m’amusais beaucoup et sans prétention avec le développement, le tirage, les produits, les expériences. Et puis j’ai appris le métier, les techniques et même une certaine rigueur. En noir et blanc, pas en couleur. La couleur était restée pour moi comme un terrain de jeu autour des questions « photographier en couleur ou la couleur ? », « représenter ou interpréter ? »... Jusqu’à ce que les technologies du numérique réussissent à me plonger dans le grand bain chromogène.
Le risque de la beauté
Me voilà donc depuis quatre ans avec un appareil plus petit et plus léger que mes habituels reflex 6x6. Et, qui plus est, doté d’un viseur rectangulaire et à hauteur d’œil. Ces nouvelles pratiques m’ont- elles fait changer ? J’ai le sentiment qu’elles m’ont d’abord déstabilisé, ce qui est une excellente chose, et en conséquence régénéré. Le terrain de jeu reste le même : les espaces naturels ou habités où le hasard m’emporte. L’intérêt que je manifeste pour ces lieux n’a lui non plus guère bougé : rien de particulier ne s’y passe, ils sont sans grande originalité, familiers... juste un avion dans le ciel peut à la rigueur attirer l’œil ! Plus encore qu’avec le noir et blanc et le format carré, je prends le risque de m’aventurer sur les franges de ce que l’on appelle un “cliché“. La couleur me donne envie de frôler de plus près le danger de l’image facile et belle, colorée, déjà vue. Et au dernier moment, quand la banalité de la beauté s’affiche plein cadre dans le collimateur, chercher s’il est possible d’infléchir la visée pour toucher à la beauté de la banalité.
Merci Maria de m’avoir montré la voie.
Pierre Canaguier, 5 mars 2012
Pierre Canaguier
Né en 1953 à Hyères, Pierre Canaguier vit et travaille en Rhône-Alpes. Ses premiers tirages datent de 1967. Il est photographe formateur à l’atelier photographie du CAV Grenoble-Villeneuve (aujourd’hui Maison de l’Image), de 1977 à 1990, passe une maîtrise en sciences de l’information et de la communication en 1992, puis travaille comme journaliste d’entreprise à partir de 1990. Il est représenté depuis cette date par la galerie Le Réverbère.
Il a exposé à Albi (Quinzaine de la photographie), Annecy (Artothèque, Biennale photo), Arles (Rencontres Internationales de la Photographie), Besançon, Chambéry (espace Malraux), Charlieu (Imagima), Douai (l'Hippodrome), Échirolles (Musée Géo-Charles), Grenoble (artothèque), Lyon (Octobre des Arts, Biennale, galerie Le Réverbère), Paris (Mois de la Photo, Paris Photo), Vizille (Musée de la Révolution Française).
Les artothèques d’Annecy, Grenoble, La Rochelle, Lyon, le Musée de la Révolution Française, le Musée de la photographie de Chalon-sur-Saône, la Caisse des dépôts et consignations et des collectionneurs ont acquis ses
tirages.
Photographie et vignette © Pierre Canaguier