Esperanza © Benloy
Galerie Duboys Le Marais 6, rue des Coutures Saint-Gervais 75003 Paris France
Noëlle Koning et Benloy, une peintre et une photographe. Intensité colorée en regard à la retenue du noir et blanc, deux créations qui se répondent.
Les toiles de Noëlle Koning séduisent et peuvent rejeter tant l’intensité colorée y est prenante. Il faut se laisser envelopper dans l’espace qui nous sépare de la surface de ses toiles pour découvrir un univers aux ambiances familières qui n’est pas sans rappeler l’intimité de Bonnard et Vuillard en y joignant l’expressio- nisme du nord ! Lumière et matière puis déchirures et compositions qui lentement viennent à nous.
Pour les photographies de Benloy, c’est dans l’image qu’il faut se glisser pour y vivre l’intimité des expé- riences, des climats et des regards. Des instants furtifs dont il a pu nous arriver d’être les témoins et que Benloy a le talent de saisir et figer hors de la course du temps.
Noëlle Koning
Il y a d’abord l’effervescence des couleurs et des signes, mais il ne faut pas s’arrêter à ce stade au risque de rester à la surface de l’œuvre. Il faut entrer dans son univers et accepter de voyager. Noëlle Koning travaille dans un espace clos au centre d’un atelier baigné de lumière et de souvenirs. Elle s’y agenouille au milieu d’accumulations de papiers déchirés peints dans le temps, qu’elle explore, interroge et organise sur sa toile. Elle trouve, retire, cherche des moments de vie qu’elle surprend et comprend peut-être. Elle se fond dans sa matière, à la recherche d’une composition qui se dévoile tout en légèreté, et équilibre fragile.
Papiers déchirés, en rupture avec le plaisir de peindre des surfaces sans texture, des taches et rythmes colo- rées. Tout un rite, Noëlle entre dans le temps et les souvenirs, une lutte et un plaisir.
Artiste peinte, Noëlle Koning vit et travaille à Bruxelles (Belgique)
La Cambre, Bruxelles,
Lauréate Prix Jeune Peinture Belge en 1985 et 1986.
Lauréate de la Fondation SPES (Projet Australie) en 1996,
Lauréate de la Fondation SPES en 2001.
Benloy
Les photographies de Benloy abordent des thèmes simples: enfants, paysages, portraits. Elle y parle de l’humain et du sensible, d’expériences vécues, nous propose des photos éloignées des effets et des modes. Personnage tout en discrétion, elle regarde, puis aborde précisément les sujets, efficace et silencieuse. Actrice, elle entre dans le sujet sans s’imposer et sait transformer l’image en un dialogue. Benloy a un rapport intime avec ses photos et ses préoccupations sont proches de celle du peintre, il lui faut comprendre le sujet puis elle y ajoute le faire et le plaisir de la matière en développant ses travaux. Benloy s’arrête sur des événements et des instants pour en offrir des images qui nous envoûtent lentement, réalisent nos rêves.
Photographe et comédienne, Benloy vit et travaille à Montreuil.
Cours Véra Gregh
ENSATT rue Blanche Paris
Conservatoire Royal de Liège
L'enfant d'Outremeuse © Benloy
Noëlle KONING
« Charivari de formes éclatées, de plans morcelés et de couleurs ardentes, la peinture de Noëlle Koning fait s’interpénétrer en une abstraction gourmande l’intérieur et l’extérieur, l’envers et l’endroit, le haut et le bas, le rêve et le visible. L’œil se faufile dans les dédales de cette vision chamboulée et pourtant familière. Mais que sont au juste ces grands tableaux aux rouges impériaux et lumineux qui ouvrent si littéralement des fenêtres aux cimaises ? Ces espaces sans fonds jonchés de brisures chatoyantes qui se chevauchent ou s’annulent, s’embrasent ou s’apaisent, se construisent et se déconstruisent au gré des rouges, des jaunes, des turquoises et de plus en plus des blancs ? S’agit-il des miettes d’un réel éclaté mais toujours repérable pris dans un torrent de lumière, une tempête de sentiments ?
Si suggestif qu’il soit, j’ai bien peur que le monde de Noëlle Koning n’existe pas, pure construction d’un désir ardent. Sa méthode qui consiste à peindre des lambeaux de papiers, à les assembler et à les maroufler selon leurs affinités renverse le processus habituel. Elle n’explose pas l’image ni ne cultive les ruptures mais agence des morceaux épars selon un langage qui évolue doucement. Son puzzle est sans modèle, sans image sauf peut-être celle qui persiste et se dérobe au-dedans des paupières fermées, enjoint de chercher dans une autre direction. Son monde n’existe pas, mais ressemble étrangement à ce que devrait être le nôtre. Sa peinture n’est pas non plus une utopie car le tourment est bien là mais une volonté de porter haut les couleurs de la vie. Une forme indéniable de bonheur ».
Danielle Gillemon – Le Soir- 2011
« Ces rouges profonds comme une passion mythique, ses ombres d'objets à la fois familiers et inquiétants, qui jouent du réel pour rassurer et inquiéter à la fois. Je ne sais pas parler de peinture. Pourtant, la peinture de Noëlle donne envie de parler. De raconter. Peut-être parce que, dans chacune de ses toiles, le spectateur a la possibilité de dénicher un petit coin à lui tout seul. Une cachette que l'artiste lui a réservée, sans le savoir. Où on peut se blottir, le temps de se familiariser avec le grand incendie de couleurs qui déferlent.../...
Mais, somme toute, pourquoi parler de la peinture de Noëlle ? Il faudrait se taire et inviter chacun à regarder. Mes mots ne vous serviront à rien. Ils parlent de moi plus que des toiles. Mon étonnement, mon admiration, mon malaise parfois. Ils vous préviennent : attention, quelque chose vous attend, quelque chose va arriver. Vous surprendra. Quelque chose contre quoi les mots sont impuissants. Une émotion, qui part de vous, et que l'œuvre vous renvoie, métamorphosée. Une émotion qui surgit de la toile et enrichit la palette de votre regard ».
Vincent Engel
La jetée © Benloy
Benloy
Le regard de Bénédicte
C'est à l’occasion d’un casting, que j'ai rencontré Bénédicte Loyen. Cela concernait un rôle très particulier, un personnage paralysé qui ne prononçait qu’un seul mot sur trois heures de projection, mais qui – malgré ce silence et cette immobilité – devait s’avérer être un des protagonistes principaux. Le noeud en fait de toute l’histoire. Il me fallait en somme, une comédienne capable de tout exprimer sans s’appuyer sur les mots ou la gestuelle.
Ce dont avait besoin ce film, c'était tout simplement d’un regard. Celui de Bénédicte s’est imposé instantanément. J’ignorais alors qu'elle était également photographe et que cet oeil translucide, direct et affuté avait le même pouvoir hypnotique d’un côté comme de l’autre de l’objectif. Car cette présence à la fois tout à fait concrète et naturellement insolite qu’impose Bénédicte face à une caméra, elle la conserve quand à son tour, elle capte des images, des instants, des détails ou des atmosphères. Car les images de « Benloy » ne ressemblent à aucune autre puisqu’elles lui ressemblent à elle. Moments volés, mouvements gelés dans l’espace, visages bougés, contemplatifs ou extatiques, grain de l’émulsion malaxé jusqu'à devenir matière, jusqu'à altérer le réel. Un réel en noir et blanc, en gris parfois, traversé de silhouettes, de climats froids, de brumes fugitives. Les photographies de « Benloy » ne se racontent pas, ne se décrivent pas, sous peine d’en occulter l’essentiel. L’émotion. Quand nous avons retravaillé ensemble, tout récemment, c'était une nouvelle fois pour un rôle qu'elle seule pouvait jouer. Celui d’une âme errante, d’un reflet dans un miroir... Muette encore. Fugace mais essentielle. Sur ce tournage, Bénédicte sous son maquillage inquiétant de spectre, profitait de ses instants de liberté pour redevenir photographe. Image singulière et saisissante que cette actrice qui voulait voir en même temps qu'elle était vue. Photographier ceux-là même qui la filmaient. C'est sans doute le sentiment que laissent ses photos. Celui de contempler tout en étant observé.
Philippe Setbon auteur-réalisateur , juillet 2013, Paris
Le cheval de manège © Benloy
Photographies et vignette © Benloy