© J.Wolin, Pigeon hill, Timmy, 1991
Le bleu du ciel 12, rue des fantasques 69001 Lyon France
Wolin Pigeon hill /
Archeno Les défenseurs,
adolescences cristiques II
Le bleu du ciel continue sur sa lancée de monstration de photographes confirmés et de jeunes artistes en exposant en novembre et décembre deux artistes issus d’univers différents.
Jeffrey Wolin, photographe américain, professeur à l’Université de Chicago et déjà présent à la biennale « US today after - Lyon 2010 » montrera en exclusivité européenne son nouveau travail sur les habitants du quartier Pigeon hill - Indiana ; mélangeant visuels édifiants et témoignages boulversants de ses habitants, recréant des récits à vingt ans d’intervale qui renouvellent l’esprit d’un nouvel humanisme photographique.
Michel Poivert invite de son côté Valérie Archeno au Bleu du ciel dévoilant deux volets de sa jeune création : ces passants saisis anonymes et interrogateurs sous l’arche de la Défense dans la lignée de la street photograhy de Beat Streuli et d’autre part une vision fictionnelle et inspirée des adolescents d’aujourd’hui.
© Jeffrey Wolin. Darlene,pigeon hill,Shannon, 2012
Jeffrey Wolin
Vit et travaille à Chicago
Biographie
Expositions depuis 1996
(* dont personnelles)
2013 “Pigeon hill”, le bleu ciel, lyon
2011 “Future of a Museum of Photography”, FOAM, Fotographie Museum, Amsterdam “Portraying a Nation: American Portrait Photo- graphy 1850-2010”, Chrysler Museum of Art, Norfolk, VA
“New Acquisitions”, Hunter Museum of American Art, Chattanooga, TN “Gallery Artists”, Catherine Edelman Gallery, Chicago, IL
2010 *“From All Sides”, Fondation Bullukian, Lyon Septembre de la Photographie, Photo Biennale, Lyon France “Proof”, Catherine Edelman Gallery, Chicago, IL
2009 Group Show, Catherine Edelman Gallery, Chica- go, IL
2008 “Beyond the Backyard”, Museum of Contemporary Photography, Chicago, IL
*“From All Sides: Vietnam War Veterans/Ameri- can War Veterans”, University of Kentucky Art Museum, Lexington, KY *“Inconvenient Stories: Vietnam War Veterans”, LA
“Partisan”, Art Chicago, Chicago, IL Group Show, Catherine Edelman Gallery, Chica- go, IL
2007 *“Inconvenient Stories: Vietnam War Veterans”, Bloomington, IN “Aura: Photography/Memory/Place” Cressman Center for Visual Arts Gallery, Hite Art Museum, Louisville , KY «The Inland See: Contemporary Art Around Lake Michigan», Kalamazoo, MI
2006 Group Show, Catherine Edelman Gallery, Chica- go, IL For Better or For Worse: Couples Making Art Together Separately, Rena Sternberg Gallery, Glencoe, IL
2005 *“Inconvenient Stories: Vietnam War Veterans” Museum of Contemporary Photography, Chicago, IL “Artful Giving: The Wallis Foundation”, Santa Barbara Museum of Art, CA “Selections from Inconvenient Stories”, Cathe- rine Edelman Gallery, Chicago, IL “Once Upon a Time”, Greenlease Gallery, Kansas City, MO
2004 “Common Ground”, Corcoran Museum of Art, Washington, DC “Conversations: Photographs and Text”, Museum of Contemporary Photography, Chicago, IL
*“Selections from Written in Memory” Museum of Art, New Paltz, NY
2003, “A Plea to Somewhere Else”, Bury Art Gallery & Museum, Greater Manchester, UK
Paysages Mediterrannée, La Galerie de l’Abbaye de Montmajour, Arles, France
2002 “What’s New: Recent Acquisitions in Photogra- phy”, Museum of American Art, New York, NY “Through the Looking Glass”, Catherine Edelman Gallery, Chicago, IL
“Prison Terms”, Center for Creative Photogra- phy, Tucson, AZ
2000 *“Telling Stories: Fifteen Years of Photo/ Text” Photographs by Jeffrey Wolin
“Crossing the Line: Photography Reconsidered”, Art Institute of Chicago, Chicago, IL “Personae: Portraits from the Collection” Museum of Contemporary Photography, Chicago, IL
“The Gaze in Photography”, Catherine Edelman Gallery, Chicago, IL
1999 *“Life at the Millennium: Family Photographs” Photographs by Jeffrey A. Wolin, Houston Center for Photography, Houston, Texas
“Sight Unseen”, Catherine Edelman Gallery, Chicago, IL *“Selections from Written in Memory”, Warsaw University Museum, Warsaw, Poland
1998 “Recent Acquisitions”, Jewish Museum, New York, NY “Celebrating 10 Years” Catherine Edelman Gallery, Chicago, IL
1997 “Family and Friends”,Museum of Contemporary Photography, Chicago, IL “Portraits from the Collection” Art Institute of Chicago, Chicago, IL
“Backyard” Robert Mann Gallery, New York, NY
1996 *“Written in Memory: Portraits of the Holo- caust/ Photographs by Jeffrey Wolin” Art Institute of Chicago, Chicago, IL Group Show, Catherine Edelman Gallery, Chica- go, IL“Portraits: An Examination of Identity”, Curated by Ed Paschke, Museum of Contemporary Photography, Chicago, IL
*“Portraits of the Holocaust”, Fort Wayne Museum of Art, Fort Wayne, IN
© Jeffrey Wolin. Darlene, pigeon hill, Richard&Bike, PigeonHill, 1989
Pigeon hill, Then and Now
Bloomingtown - Indiana, 1991-2013
Les portraits de Pigeon Hill par Jeffrey Wolin se présentent comme un fascinant survol visuel au dessus du temps symbolisé par le sous titre de la série « then and now».
« Then » cet adverbe que l’on peut traduire par « alors » ou bien « à cette époque, et en ce temps là » peut l’être aussi par « ensuite », qui induit la notion « de ce qui vient après »* ; ce présent que Jeffrey Wolin intitule simplement « Now », qui fait suite au passé, et dont découle toujours un avenir**. Vingt années séparent approximativement ces deux périodes de prises de vues et divise ce travail en deux corpus d’images montrées côte à côte, tout en revoyant dos à dos leur signifié : passé et présent : then and now.
Tous ces portraits ont été pris dans le quartier Pigeon Hill*** de Bloomington - Indiana, dont la réputation de dangerosité a été et reste avérée avec son lot de criminalité, de réseaux de stupéfiants et de pauvreté récurrente. De 1987 à 1991, le photographe avec l’aide d’une bourse Guggenheim est allé photographier les habitants de ce quartier, chargeant ses photographies d’une résonance affective immédiate, d’où s’exhale une émotion particulière. Le choix du noir et blanc finit ou commence d’ajouter au malaise qui fait qu’un doute subsiste à la première vision, devant ces portraits doubles, renforçant ce tableau pourtant homogénéisé grâce à l’allure de documents anciens, comme surgis du passé, et extradés de la modernité, dont ces protagonistes font encore partie, étant toujours vivants.
En effet, au début de 2011 Jeffrey Wolin alerté par un article du journal local de Bloomington relatant le décès d’une personne rencontrée vingt ans plus tôt, a poussé sa curiosité jusqu’à retourner sur les lieux du crime photographique, afin d’y retrouver ses anciennes connaissances.
Puis dans la suite de sa démarche des Vétérans du Vietnam, il a élaboré un projet artistique à dimension anthropologique et poétique, tout habité par ce sentiment visionnaire unique, d’évidence sur l’influence que possède le milieu social et environnemental sur le devenir de l’être humain; sans oublier cette impression de familiarité presque tactile au contact de ces histoires simples, touchantes ou tragiques car humaines, trop humaines.
Jeffrey Wolin non content de nous exposer les ravages de ce temps objectif sur l’image corporelle, comme dans la célèbre série de Nicholas Nixon « the Brown sisters », développe simultanément une volonté d’édification d’un récit de vie ; une sorte d’album de famille surligné de chacun de ses sujets, pour lesquels il intègre dans la texture même de l’image, des phrases écrites à la main ; notations biographiques qui relatent des épisodes, souvenirs ou états d’âme de leurs vécus. Ces images légendées instituent une continuité psychologique dans ce qui n’était peut être que des moments disparates et discontinus, sans lien autre que l’identité sociale de ces individus. Donner du sens à la vie, à leur vie, constituer une mémoire signifiante à la fois pour ces personnes elles-mêmes, afin de faire perdurer leurs témoignages en les confrontant à leur propre histoire, et pour un public susceptible d’approfondir d’autres réalités, tel est le projet abouti de «Pigeon Hill» présenté pour la première fois en France.
L’opérateur témoin n’a donc jamais été indifférent aux souffrances anonymes de ses modèles, à qui il a renvoyé un miroir identitaire reconstitué ou revisité dans le récit et donc une dignité affirmée, ou acceptée : ce fameux amor fati. Et ces images quoique apparemment banales, du fait de leur contexte social, deviennent édifiantes comme le souligne simplement Jean Louis Poitevin : « Il n’est pas besoin d’être un grand devin pour savoir que ces personnes n’avaient que peu de chance d’échapper au destin que promet toute société à ceux qui sont nés pauvres. »
Mais le temps abstrait des horloges n’est pas celui du temps psychologique, ni pour les personnes photographiées saisies dans ces instants choisis et privilégiés, ni pour le regard du spectateur avec sa sensibilité perméable, heurtée, ou interrogée par les expressions muettes de ces visages devenus signifiants. Et à cause de cette confrontation par delà cet écart de temps, ce survol instantané vingt ans après, permet de recréer mentalement un récit psychique universel dans un continuum de vie.
Gilles Verneret
* qui se situait dans la période de la fin des années quatre vingt entre : 1987 à 1991
** figuré dans ce travail par la deuxième décade des années deux mille : 2011 à 2013
*** On notera l’ironie de la dénomination : « la colline des pigeons » qui fait métaphoriquement référence à ces habitants qui ont été les dindons de la farce sociale entendez défavorisés par leur naissance dans ce quartier défavorisé.
© Jeffrey Wolin. Darlene, pigeon hill, Robert&Tracy, PigeonHill, 1990
Valérie Archeno
Vit et travaille à Paris
Biographie
Expositions personnelles
2009 Katia Et Moi - Galerie Chappe, Paris (2009).
2000 Prothèses - Galerie Eyemade, Paris
Expositions collectives
2013 Adolescence critique / Les défenseurs, Le bleu du ciel, Lyon
exposition « tits and ass » galerie Superette, Paris
exposition avec Images Magazine à la Maison Européenne de la Photographie. 2012 Parcours d’art contemporain du 19 eme - Paris.
2012 Parcours d’art contemporain du 19 eme - Paris
2011 Vente Drouot France / Japon « ensemble pour demain »
2009 Art Protect – Galerie Yvon Lambert Paris Pol/A – Galerie Nivet Carzon, Paris Exposition collective – Kiosque Image Galerie, Paris
2006 Hemeralopie / Hemeralopia - No Good Galerie, Paris 2005 Le Geste exposition à l’initiative d’Edouard Boyer, No Good Galerie Paris
2005 Le Geste exposition à l’initiative d’Edouard Boyer, No Good Galerie Paris
2004 Solitudes Galerie Like 76 - Paris Esprits Galerie Like 76 - Paris
2002 Nanographie à la Nanogalerie, Emmanuel Perrotin - Paris,
2001 Sous- Vides - Espace Kiron, Paris
Bourses
Bourses
2001 Dotation Professionnelle KODAK - Festival de Cannes
2000 Bourse du Talent KODAK pour la série Prothèses - Paris.
Prix
2012 Lauréate du prix SFR Jeunes talents , Exposi- tion au Grand Palais Paris Photo novembre 2012 stand Sfr
2006 Nomination au prix altadis
© Valerie Archeno, les défenseurs, 2011
Les défenseurs
2011
Le récent travail de Valérie Archeno se divise en deux mondes, l’un est mystérieux, nocturne, peuplés de jeunes gens occupés à des rituels qui les éloignent du quotidien. L’autre est la représentation d’un peuple en marche, les Défenseurs surgissent en un flot continu, leur destin semble ici marqué par l’activité de la ville moderne que tous partagent. Ces deux mondes relèvent de traitement distinct, le premier procède d’une esthétique de la pose et de la composition, des allégories et de l’artifice, c’est un monde mental, un univers de projections. Les Défenseurs en revanche est une série qui s’inscrit dans la tradition croisée de la street photography revue par Beat Streuli et Philip-Lorca diCorcia. Ces deux facettes où l’humain vient à nous ou bien s’éloigne dans l’imaginaire traduisent l’ambivalence de tout rapport social.
Valérie Archeno compose avec soin des mises en scènes où les modèles peuvent apparaître sous un jour familier mais occupés à des activités singulières et étranges. Univers de rêve, à la fois paisible et tendu, d’un grand raffinement dans l’exécution de l’image, ces photographies associent le charme (au sens où on l’entend d’un pouvoir surnaturel) et le trivial (un environnement ou des tenues quotidiennes); l’ensemble s’inscrit dans une atmosphère nocturne, où l’observateur a le sentiment d’assister à des rituels, comme si, la nuit venue, les êtres croisés dans la journée venaient à révéler leurs pouvoirs magiques. Ces êtres là, souvent jeunes et beaux, comme le sont les figures mythologiques, pourraient venir d’Ailleurs. Mais ce ne sont pas des extra-terrestres, ils sont bien issus de notre monde, de nos contes enfantins et de nos rêves, ce sont des intra-terrestres.
Michel Poivert
© Valerie Archeno, les défenseurs, 2011