© Fabrice Monteiro. A la diffe?rence des autres femmes mourides, les Yaye Fall (de Yaye, « me?re » en wolof) font aussi alle?geance au marabout, au me?me titre que les hommes.
Institut des Cultures d’Islam 19/23, rue Léon, 75018 Paris France
Après les Tandems Paris-Buenos Aires en 2011 et Paris-Berlin en 2012, la scène dakaroise est invitée dans la capitale de septembre à décembre pour le Tandem Dakar-Paris organisé par l’Institut français, la Ville de Paris, la Ville de Dakar et l’Institut français du Sénégal. A travers une programmation ambitieuse de plus de 50 événements, les Parisiens ont l’occasion de découvrir la diversité et la vitalité de la création dakaroise dans des domaines aussi éclectiques que la photographie, le cinéma, la musique, la mode, les cultures numériques, le cirque ou encore la danse...
Dans le cadre du Tandem Dakar-Paris, l’Institut des Cultures d’Islam présente l’exposition La voie du Baye Fall, du photographe Fabrice Monteiro, artiste dakarois qui s’est immergé pendant de longs mois dans la communauté Baye Fall à Dakar, et en a produit un travail inédit, mêlant foi, mode, rites et transes dans une galerie de portraits et de scènes de vie foisonnante.
Montrées en exclusivité à l’Institut des Cultures d’Islam, les images de Fabrice Monteiro sont le fruit d’une immersion dans cette communauté dont le photographe a partagé le quotidien pendant deux ans. Il a été ainsi le témoin privilégié des moments forts qui rythment la vie de ces hommes et de ces femmes (nommées les Yaye Fall) comme le grand Magal de Touba : pèlerinage qui célèbre l’exil au Gabon du fondateur le Cheikh Ahmadou Bamba, et qui donne lieu à une immense prière collective sur la plage, ou encore le Gamou : célébration de la naissance du prophète. Ces photographies permettent une découverte des grands principes qui règnent sur les membres de la communauté : le devoir d’offrande lié à la pratique du «madial» et surtout le «jebellou» : soumission totale au marabout.
L’exposition se compose de trois temps forts : au rez-de-chaussée, le hall d’entrée accueille un diaporama qui retrace le voyage initiatique du photographe au sein de la communauté, puis un espace consacré aux scènes collectives. Le parcours de l’exposition se poursuit à l’étage sur une galerie de portraits à l’esthétique en clair-obscur proche de la tradition picturale classique.
L’exposition, coproduite avec la galerie Le Manège, de l’Institut français de Dakar, y sera pré- sentée en février 2014.
© Fabrice Monteriro
L’habit de haillons fait partie intégrante de l’imaginaire soufi dont les mourides se revendiquent. Il illustre toutefois chez les Baye Fall le paradoxe de l’apparence : tout en revendiquant un détachement total vis-à-vis des préoccupations matérielles, ces mystiques entretiennent une grande considération par leur image.
© Fabrice Monteiro
Seydina Ousmane est un Sofiyanké, un ascète du mouridisme. « Vivant dieu en permanence », il ne mange pas de viande contrairement aux Baye Fall et vit en ermite dans la nature. Il quitte sa retraite à l’occasion de grands rassemblements.
© Fabrice Monteiro
Les Baye Fall se singularisent par leurs dreadlocks (njeñ) et leur tenue vestimentaire, composée d’un patchwork de tissus (njakhass). Ils pratiquent le dhikr, répétition incessante du nom de Dieu, le jëbbelu, la soumission au marabout, et le jël, l’élévation spirituelle par le travail, base de leur organisation communautaire.
Photographies et vignette © Fabrice Monteiro