Galerie Test du Bailler 4 bis rue Teste du Bailler 38200 Vienne France
« Photographie et engagement »
Samedi 21 décembre 2013
Salle des fêtes de Vienne (38), 8h/18h
Expositions : Jean-Louis Courtinat, Solidarité Photo
Projections
Rencontres
En présence de Jean-Louis Courtinat
ENTREE LIBRE
Exposition "Vivre avec toit"
Photographies de Jean-Louis Courtinat
Galerie Test du Bailler, Vienne (38)
Du 26/12/2013 au 19/01/2014
L'association
Solidarité Photo est une association, composée de bénévoles photographes et non photographes. Son objectif est d’utiliser la photographie dans des actions de solidarité avec l’ambition de mettre la photo au service de l’humain. L'association a été créée en 2004; elle est basée en Isère Rhodanienne, cependant ses actions dépassent ce cadre géographique. Ses champs d’intervention sont divers et touchent aussi bien au social, au thérapeutique, à l’humanitaire... Bref une fois de plus, à l’humain.
L'association est toujours prestataire d’une autre association, d’une institution, d’une collectivité... Elle n'est jamais porteuse d’action. Elle propose ses services à des associations humanitaires et/ou caritatives, sociales ou médico-sociales, en France ou à l’étranger. Elle a bien sûr une vocation photographique mais l'association est aussi composée de ‘’non photographes’’ qui sont des gardes fous, qui ont une vision plus large, un autre regard et qui peuvent apporter d’autres compétences, comme l’écrit. Nous sommes, par exemple, très attachés à l’importance de l’écrit en tant que complément indissociable de l’image.Les membres travaillent souvent en binôme, un photographe est rarement seul. De plus il n’y a pas de règle établi définitivement. Un photographe peut intervenir comme non photographe sur une action, et inversement. Les regards sont complémentaires et toujours riches d’enseignement.
En aucun cas Solidarité Photo ne prend la place de photographes professionnels. Nous sommes très vigilants sur ce point et nous posons toujours la question ‘’Que pouvons nous apporter qu’un photographe professionnel ne pourrait pas ? Quelle est notre plus value ?’’. Nous n’acceptons aucune demande que pourrait traiter un professionnel.
Chaque action fait l’objet d’un travail d’élaboration en étroite collaboration avec les partenaires. Un projet écrit et une convention formalisent chaque action. Le financement de ces actions est assuré par les associations partenaires. Une péréquation entre les financements des différentes actions permet de répondre à des associations ayant très peu de moyens.
Des idéaux de solidarité et de justice président à l’éthique de Solidarité Photo. La transparence et la démocratie sont le pivot du fonctionnement de l’association; par ailleurs, un maximum de souplesse est recherché pour favoriser les initiatives de chacun et respecter la singularité de telle ou telle démarche.
Les rencontres très riches et très variées lors de chaque action, les expérience au sein de l'association apportent à chacun de ses membres beaucoup de satisfactions autant sur un plan photographique que sur un plan humain. Solidarité Photo semble pouvoir répondre utilement à des besoins spécifiques mettant une passion au service des exclus et des plus démunis de notre société
Site web : www.solidaritephoto.org
Les missions réalisées
Les missions réalisées par l'association depuis sa création ont touché beaucoup de structures et de publics différents, et ont pris des formes diverses. Aucune action n'est identique et chacune répond précisément à une demande; l'élaboration et sa mise en œuvre sont personnalisées. Ainsi nous avons pu travailler pour les Petits Frères des Pauvres, la Sauvegarde de l'enfance, un établissement hospitalier, des structures d'insertion... Nous sommes intervenus auprès de personnes âgées, de migrants, de demandeurs d'asile, d'adultes autistes...
Solidarité Photo est également engagé chaque année comme membre à part entière dans l'organisation de la Semaine de Solidarité Internationale (SSI) au sein du collectif de Vienne.
L'exposition présentée à la Salle des fêtes de Vienne lors de cette journée couvre l'ensemble de ces missions. Les photographies exposées respectent le droit à l'image conformément aux termes des conventions passées entre Solidarité Photo et les structures partenaires.
Solidarité Photo Paris
Au bout de cinq années d’expérience et une dizaine d’actions effectuées, il nous a paru pertinent de pouvoir proposer à d’autres personnes qui seraient intéressées par cette démarche de créer dans leur région ou dans leur ville, d’autres groupes de Solidarité Photo. Ainsi, en 2010 nous avons souhaité inviter des personnes d'autres régions, intéressées par le concept de Solidarité Photo, à former un groupe dans leur région et ainsi créer une association locale sous le label Solidarité Photo, qui serait à même d'offrir leur
service à des associations ou institutions locales.
Le magazine Réponses-Photo a été intéressé par notre démarche et Sylvie Hugues (rédactrice en chef) nous a proposé de relayer notre proposition et d'écrire la « tribune » du numéro d'avril 2011. Suite à sa parution, nous avons eu une trentaine de contacts dans différentes régions.
Nous avons opté pour un système d'essaimage souple sous forme de réseau. Chaque association locale est indépendante administrativement et financièrement, mais est liée solidairement par une charte commune qui est définie, ainsi bien sûr que par des partages d'expériences.
C'est ainsi que l'association Solidarité Photo Paris a vu le jour en novembre 2011. Les membres de cette association naissante ont depuis entamé un travail auprès des bénévoles des Petits Frères des Pauvres d'Ivry. Une partie de ce travail est présentée sous forme d'exposition et de projection lors de la journée.
ENTREE LIBRE
© Jean-Louis Courtinat
Biographie
Jean-Louis Courtinat est photographe depuis 1981.
Assistant de Robert Doisneau pendant plusieurs années, il a été membre de l’agence Rapho.
Lauréat du prix Niepce en 1991.
Jean-Louis Courtinat a publié de nombreux ouvrages : Hôpital, Hôpital (Glaxo / Baz, 1988) ; Vivre encore (Editions Contrejour, 1990) ; Paris au petit bonheur (Editions du Perron, 1992) ; Fait & Cause (Idéodis / Delpire, 1993) ; Les Damnés de Nanterre (Collection Photo Notes, 1995) ; La vie jusqu’au bout (Idéodis / Delpire, 1996) ; Du temps pour les autres (Idéodis / Delpire, 2000) ; Les enfants du diable (Editions Nathan – collection Photo Poche Société, 2002) ; Solidaires ( Caisse d’Epargne Ile- de-France, 2002) ; La raison du plus faible... (Idéodis / Delpire, 2006) ; Vivre en maison de retraite (Editions Assistance Publique, 2010).
Une partie de son travail a été exposé cet été aux Rencontres Internationales de la Photo d'Arles et fera l'objet d'un Photo Poche à la fin de l'année.
La projection visible au sein de cette exposition est celle présentée lors de notre évènement; elle reprend les photos qui seront dans l'ouvrage.
Site web : www.jeanlouiscourtinat.fr/
Exposition ''Vivre avec toit''
Par Jean-Louis Courtinat
'' Pendant deux années, j’ai vécu auprès d’hommes et de femmes qui venaient de retrouver un toit après avoir vécu très longtemps dans la rue.
Comment appréhendaient-ils leur nouvelle vie ?
Comment se reconstruisaient-ils ? Quel était leur quotidien ? C’est ce que je voulais savoir.
Je me suis vite aperçu des limites de la photographie. Tous exprimaient leur soulagement d’avoir un logement, la difficulté de réapprendre à vivre dans un espace réduit, leur incapacité à se prendre en charge au quotidien. Ces sentiments étaient intraduisibles en photographie. J’ai donc pris un petit carnet dans lequel j’ai inscrit méticuleusement leurs propos. J’ai respecté leur style, leur façon de s’exprimer, leurs non-dits, leurs erreurs et leurs contradictions. Pas d’interview brutale, mais une succession de petites réflexions intimes qu’ils m’ont confiées au fil du temps.
Toutes les personnes que j’ai suivies ont plus de cinquante ans. Elles ont toutes connu une enfance difficile. La plupart ont rejeté leur famille ou été rejetées par elle. Beaucoup sont fatiguées, malades, dépressives, en cours de soins ou sous dépendance chimique. La plupart se sentent inutiles au monde, se replient sur elles ou se retirent de la vie sociale. Certaines expriment leur solitude, leur souffrance, leur impossibilité d’échanger, de discuter, de partager leurs émotions. Beaucoup ont un sentiment de culpabilité et se sentent responsables de leur exclusion. Toutes vivent des minima sociaux. Plusieurs ont de toutes petites retraites. Nombre d’entre elles ont de graves problèmes de dépendance à l’alcool.
Avoir un toit même si ce n’est qu’un taudis est primordial pour elles. Toutes m’ont parlé du désir de se poser, d’avoir une adresse, un lit, des clefs, une boîte aux lettres, bref d’être reconnues malgré leur pauvreté.
Le plus difficile pour moi fut de suivre plusieurs personnes en même temps. Il m’a fallu une organisation très précise pour conserver une pression sur elles sans jamais les gêner dans leur quotidien. J’ai dû composer avec les rendez-vous manqués, les changements d’adresse, les hospitalisations, les retours à la rue et les ruses pour éviter les marchands de sommeil ulcérés par ma présence.
J’avais élu mon quartier général à « l’Etape », lieu de vie des petits frères des Pauvres qui accueillent des personnes dans la précarité. J’arrivais pour le petit-déjeuner, je discutais avec les gens, je leur parlais de mon projet. Beaucoup ont refusé. Peur de se montrer, de parler ou d’être reconnu par leur famille. Il m’a fallu énormément de temps, d’écoute et de proximité pour gagner leur confiance. Au début je leur donnais des photographies. J’ai vite renoncé car je leur offrais une image d’eux qu’ils refusaient de voir. Finalement j’ai fait peu de photos. On se rencontrait régulièrement. On prenait un café, on discutait. Je me sentais plus bénévole que photographe et cela me plaisait.
Aujourd’hui et comme à chaque fois que je termine un long travail, je me demande si ce que j’ai enregistré est aussi riche que ce que j’ai vécu. Ai-je été à la hauteur de la confiance qu’ils m’ont donnée ? Ai-je saisi l’essentiel ? Le cœur du propos se trouve-t-il d’ailleurs dans ce qui est montré ou dans ce qui ne l’est pas ? Je sais qu’il faut beaucoup plus que des photos pour que ces êtres fragiles ne portent plus le fardeau des préjugés et des tabous qui les livrent à l’oubli de tous. Makou, Ginette, Daniel, Max, Patrick et vous tous avec qui j’ai passé ces moments forts, ce travail est aussi le vôtre. Puissent vos textes et mes images provoquer chez ceux qui les verront de la compassion et le simple désir de mieux vous connaître. C’est mon vœu le plus cher. ''