
Chen Dahzi
Galerie Xinhua 85-85 bis rue du Faubourg Saint-Honoré 75 008 Paris France
Hommage du photographe à la peinture
Les œuvres réunies dans cette exposition incarnent un rapprochement de la photographie avec la peinture chinoise traditionnelle. Chen Dahzi transpose, à l’aide des techniques photographiques qui s’offrent à lui aujourd’hui, un certain nombre d’effets visuels que les peintres d’autrefois obtenaient en travaillant l’encre et le lavis. Il rend ainsi un hommage appuyé à cet inestimable patrimoine artistique. Mais la contemplation de ses images nous renvoie également au grand photographe pictorialiste chinois Lang Jingshan, dont une part importante de l’œuvre était elle-même inspirée par les motifs traditionnels de la peinture de son pays. À commencer par ceux qui composent et rythment les paysages : la montagne, les arbres, les nuages, l’eau, la neige ... Cependant, c’est au-delà de la technique ou de la soumission au motif que résident les enjeux de la démarche de Chen Dazhi. Le photographe s’emploie à restituer un état d’esprit, ou mieux encore un état d’âme, celui-là même qui animait le travail des peintres. Ce n’est pas la perfection de la représentation du sujet qui lui importe — la ressemblance avec le réel —, ni même la portée symbolique de l’image — comme ce peut être le cas dans la peinture occidentale — ; ce n’est pas non plus la beauté en soi de la nature, mais l’émotion qui naît de son spectacle, ce que les peintres cherchaient précisément à exprimer à travers le mouvement du pinceau. Chen Dazhi traduit une vibration, un souffle qui parcourt les différents paysages qu’il photographie. L’art est abordé par lui comme une incantation.
Gabriel BAURET
Chen Dahzi et sa photographie
Beaucoup de photographes chinois espèrent ajouter dans leurs œuvres quelques touches de la peinture classique chinoise afin de refléter quelques éléments de la culture chinoise. Serait-il possible de s’inspirer de la peinture classique chinoise pour enrichir la photographie – un art qui trouve son origine en occident? C’est une question qui intéresse beaucoup de photographes chinois.
La peinture classique chinoise se distingue par le fait qu’elle ne cherche pas la ressemblance parfaite aux sujets décrits. L’apparence extérieure n’est qu’un moyen utilisé pour refléter l’esprit intérieur, et ce dernier a pour but d’exprimer des émotions. La peinture classique chinoise est typiquement monochromatique et éparse, avec de larges vus et un ciel haut pour représenter des paysages profonds et sereins. La peinture classique chinoise se réalise avec des pinceaux et de l’encre sur papier “Xuan”, et se connait sous le nom “peinture à l’encre et l’eau” (il y a bien sûr d’autres types de peintures chinoises). Les deux techniques les plus importantes dans la réalisation de la peinture classique chinoise sont celles liées aux pinceaux et à l’encre.
On utilise des pinceaux pour réaliser des points et des lignes afin de décrire les grains, la texture, les côtés obscures et brillants, les reliefs, la rugosité, ainsi que les formes et les structures des sujets. L’encre est appliquée avec de différentes nuances pour représenter les strates, l’ombre, les tons, ainsi que les distances et les perceptions des sujets. Les expressions artistiques se sont traduites par le mélange de l’encre et de l’eau, appliquée en différente concentration et densité, sur papier “Xuan” (une sorte de papier dont la texture est douce et fine, particulièrement adaptée à la peinture et à la calligraphie chinoises), lequel absorbe l’eau et l’encre d’une manière si spéciale que des effets mouillés et pénétrés sont créés, soulignant les caractères distinctifs des sujets sans reproduisant leurs apparences exactes. La peinture chinoise à l’encre et l’eau est réputée pour ses effets artistiques et pour l’harmonie complète qu’elle incarne.
© Chen Dahzi
Les techniques traditionnelles de photographie n’arrivant pas à exprimer d’une manière satisfaisante ce qu’il voit avec son camera, Monsieur Chen a créé de nouvelles techniques, en transférant aux photographies les contrastes rendus par les différentes concentrations de l’eau et de l’encre, ainsi que les effets calligraphiques rendus par les mouvements de pinceaux sur papier ‘Xuan’. Ainsi, ses œuvres photographiques sont revêtues des caractères de la peinture classique chinoise: les perspectives de l’art photographique et les mouvements de pinceaux de la peinture chinoise y sont intégrés d’une manière homogène, élégante et délicate.
Monsieur Lang Jingshan a été le premier photographe chinois à marier la photographie occidentale avec la peinture chinoise à l’encre et l’eau. Il combine différentes parties de plusieurs négatifs pour créer une seule photographie, ou il apporte quelques touches directement aux négatifs. Ce faisant, il introduit dans ses photographies quelques éléments de la peinture classique chinoise à l’encre et l’eau, d’où le nom ‘photographie raffinée’. Toutefois, dans les œuvres du grand maître Lang, les sujets majeurs à représenter restent toujours “l’apparence réelle” des sujets pris dans son camera. En d’autres termes, malgré les fortes touches de la peinture chinoise à l’encre et l’eau, tous les objets de ses photos gardent toujours les apparences qu’ils sont “nés avec”. Comme a remarqué Zhuang Ling, président de l’Académie Culturelle du Musée Photographique de Taiwan, “Les œuvres photographiques de Monsieur Chen Dazhi, dans le style peinture classique chinoise à l’encre et l’eau, représentent un grand pas en avant, puisqu’il a réussi à associer, d’une part, des techniques telles que des lignes de pinceaux, des méthodes de pli, des coups de pinceaux décoratifs avec de différentes densité d’encre, et d’autre part la conception artistique inspirée par la peinture traditionnelle chinoise. Il nous a donné une surprise agréable en poussant en avant les frontières des technologies traditionnelles d’imagerie. C’est une percée importante pour la photographie illustrée.”
A propos de Chen Dazhi
Chen Dazhi est né en 1966 dans la province de Shandong, Chine. Il a obtenu le diplômé de master II en journalisme à l’Université du Peuple à Pékin. Passionné par la philosophie traditionnelle chinoise et le Taiji (une sorte d’art martial chinois), Monsieur Chen pense que les philosophies, cultures, arts, médecines et sports de l’ouest et de l’est devraient être combinés et intégrés pour être complets et dynamiques.
Monsieur Chen est membre de l’Association Chinoise des Photographes et de l’Association des Beaux-Arts Photographiques de Pékin. En juin 2013, l’exposition de ses œuvres photographiques à Taipei, Chine, intitulé “Le Monde en Encre et Ombre: Photographies Style Peinture Classique Chinoise à l’Encre et l’Eau” a connu un grand succès. Grace à ses techniques photographiques créatives avec des touches de la peinture classique chinoise à l’encre et l’eau, il a été considéré le photographe chinois qui, après Monsieur Lang Jingshan, a poussé les frontières de la photographie illustrée en Chine. Ses œuvres “Montagnes au-delà des montagnes” et “Montagnes derrière les nuages” ont été achetés par des visiteurs durant l’exposition même.