Expositions du 04/02/2006 au 25/03/2006 Terminé
Galerie Baudoin Lebon 8 rue Charles-François Dupuis 75003 Paris France
Pour faire suite à l'exposition de la 51ème Biennale internationale d'art contemporain de Venise au Palais Fortuny, la galerie Baudoin Lebon exposera pour la première fois les œuvres photographiques et vidéos de Henri Foucault.
Les œuvres présentées sont récentes et certaines inédites : les photographies de la série Satori (photogrammes et épingles en inox), la grande installation photographique Sosein (photogrammes percés), le film vidéo Macula. En parallèle à cette exposition, le Musée Gustave Moreau à Paris exposera une grande pièce photographique intitulée Sisters/sœurs.
« Habituellement, ce que l'on cherche à retrouver optiquement et sensoriellement dans la représentation photographique des corps et des choses, c'est la masse plutôt que les contours, la pesanteur plutôt que l'évanescence, la modulation volumétrique plutôt que l'étirement diaphane des surfaces. Or, Henri Foucault sait depuis longtemps que la photographie a aussi pour indéniable qualité de pouvoir magnifier la matière, de pouvoir enfin affronter, autrement que par la sculpture, ce problème d'espace, de mise en forme et de redéploiement sans fin des re-présentations. De cet affrontement difficilement dépassable entre deux pratiques, entre le lent façonnage d'un volume et la fulgurance de l'acte photographique, surgit la possibilité de fusionner les concepts de sculpter et de photographier. Sosein et Satori, les deux séries présentées, sont l'aboutissement temporaire de cette rencontre et de ce dépassement radical.
Photographier puis sculpter, c'est désormais dans cet ordre que s'exécutent les opérations. En premier, le modèle, le corps, que l'artiste allonge, dispose puis couche sur le papier sensible après une exposition de quelques secondes. Le recours à cette technique supprime les détails au bénéfice d'un champ luminescent, privilégie le halo aux contours tranchants. Cette technique n'est pas gratuite. De cette représentation spectrale du réel, de ce fantôme de corps pourtant déjà si présent, Henri Foucault va lui donner une nouvelle dimension en la sculptant. Avec Sosein (débuté en 2000), l'action ultérieure consiste à entamer la surface du papier photographique, à le trouer selon un effet de trame d'imprimerie répétitive et agrandie, entreprise soustractive de la matière à l'instar de l'acte de sculpter. Ici donc, pas de ciseau, ni de burin, encore moins de stylet, mais un outil qui troue et enlève de la matière.
Les planches photographiques, superposées, décalées les unes aux autres présentent un effet de moirage, un chatoiement entre un fond noir et le blanc des impressions corporelles. Henri Foucault ne cherche pas à retrouver l'illusion des corps, mais au sens propre et au sens figuré, il crée une illusion de sculpture depuis cette taille dans le papier. Le corps reste ici mystère puisqu'il échappe à la matière, à la pesanteur, puisqu'il refuse de s'incarner clairement dans un dess(e)in. Sosein ne peut il pas être traduit pas «être ainsi» ?
L'action principale des Satori, la deuxième série débutée en 2002, ne relève pas cette fois de l'enlèvement mais tout au contraire du rajout et de l'accumulation. Les photogrammes de corps sont envahis par des milliers de minuscules épingles aux têtes scintillantes. Ce sont elles qui reconquièrent le modelé à la faveur de ces frémissements lumineux qui ondoient à la surface de cet épiderme métalliquement miroitant. Le titre choisi, Satori, provient d'un emprunt fait autrefois par Roland Barthes à la culture zen et désignant une illumination de la conscience, un frisson de la lucidité.
Illumination, ébranlement, frisson, c'est ce à quoi se met à l'épreuve la matière photographique quand elle se met au risque de la sculpture. Héritière de l'histoire des arts, elle expose des conflits raisonnés entre l'épaisseur des choses et la surface illusionniste de la représentation.
Œuvre physiquement inquiétée par le monde réel, elle conjugue la stabilité et l'apesanteur. Souverainement réfléchie, elle alterne le labeur et la rêverie. »
Dominique PaïniGalerie Baudoin Lebon 8 rue Charles-François Dupuis 75003 Paris France