© Ilan Weiss, de la série Inland, 2010-2013
Espace Photographique Contretype Contretype - 4A, Cité Fontainas - B-1060 Bruxelles Belgique
Les dieux l’avaient condamné à rouler sans cesse un rocher jusqu’au sommet
d’une montagne d’où la pierre retombait par son propre poids [...] Son
mépris des dieux, sa haine de la mort et sa passion pour la vie, lui ont valu ce
supplice indicible où tout l’être s’emploie à ne rien achever. C’était le prix à
payer pour les passions de cette terre.
Albert Camus, Le mythe de Sisyphe, 1942
Cet homme qui fixe l'horizon, complètement absorbé par ses pensées, représente la condition du Sisyphe moderne. Il aime passionnément cette vie qui lui est pourtant tragique et d'une routine insensée.
Méprisant la religion, il trouve le sacré dans la nature – paysages, mises en scènes et images glanées sélectionnées parmi diverses séries des trois dernières années – il y puise une force mystique palpable qui, tout comme les dieux, prodigue la vie et la dévore.
Tels les méandres de l'esprit, ces paysages sont à la fois mystérieux, infinis, tourmentés et tranquilles. Dans ces décors oniriques, le corps humain transite de la vie vers la mort. C’est une représentation lyrique de l'inéluctable disparition de tous ceux qui nous entourent, ainsi que de notre propre anéantissement ressenti comme un apaisement, proche de l’image enfantine du paradis.
L’esprit s’étend au-delà de la plaine. Infini terrifiant, calme et sublime. Vaste mystère.
© Ilan Weiss, de la série Inland, 2010-2013
ENGLISH VERSION – ILAN WEISS - «INLAND» - CONTRETYPE
“The gods condemned him to endlessly roll a rock up to the top of a
mountain, from where it rolled back down again under its own momentum
(...) His contempt for the gods, his hatred of death and his passion for life
made him endure this unspeakable torture, where his entire being worked to
achieve nothing. It was the price to pay for earthly passions.”
Albert Camus, The Myth of Sisyphus, 1942
This man who stares at the horizon, completely absorbed by his thoughts, represents a modern version of Sisyphus. He passionately loves life, even if, for him, it is tragic and filled with senseless routine.
His contempt for religion leads him to find the sacred in nature – landscapes, staged and scavenged images, chosen from among various series of the last three years – he derives a palpable mystical strength from them which, like the gods, generates life and then devours it.
Like spiritual wanderings, these landscapes are simultaneously mysterious, infinite, tormented and tranquil. In these dreamlike surroundings, the human body transits from life towards death. It’s a lyrical representation of the inevitable disappearance of all those around us, as well as of our own reduction to nothingness, experienced as a relief, close to a child’s view of
paradise.
The spirit extends itself beyond the plain. A terrifyingly calm and sublime infinity. A vast mystery.
Translation: Chris Bourne
© Ilan Weiss, de la série Inland, 2010-2013
Photographies et vignette © Ilan Weiss