Assemblée de grévistes dans le groupe d'Auchel-Bruay, 23 mars 1963 © Collection Mémoires et cultures, Lens 3 - Manifestation des femmes de mineurs à Lille © Collection Mémoires et cultures, Lens
Centre Historique Minier Fosse Delloye -BP 39 59287 Lewarde France
Le Centre Historique Minier, le plus grand musée de la mine en France, propose au public une nouvelle exposition temporaire intitulée Tous en grève !
Consacrée à la grande grève des mineurs de 1963 dans le bassin minier du Nord-Pas de Calais, qui fête son cinquantième anniversaire, l’exposition réunit une quarantaine de photographies et de documents retraçant tous les aspects de cette grève : événements, manifestations, entraide…
L’année 1963 est celle de la dernière grande grève des mineurs du Nord-Pas de Calais mais aussi celle d’une grève nationale d’union de toute la corporation minière. Elle répond à une remise en cause de l’exploitation houillère en France et à la baisse des salaires. C’est en juin 1960 que le plan Jeanneney prévoit le repli du charbon comme source d’énergie avec la fermeture progressive des mines. En 1958 déjà, les salaires des mineurs n’ont pas été indexés sur le coût de la vie et en 1962 des augmentations leur sont refusées contrairement aux autres ouvriers des entreprises nationalisées. Les prémices du mouvement sont lancées par la CGT et FO en janvier 1963 sous forme d’une grève du rendement : l’idée est de réduire de 10 à 20% la production. Mais cette forme de grève pose des difficultés sur le plan de la légalité.
C’est le 1er mars que le mot d’ordre de grève générale de 48 heures est lancé par toutes les organisations syndicales. Mais c’est le décret du 2 mars qui met le feu aux poudres : ce décret prévoit la réquisition des mineurs dès le 4 mars. Durant trente-cinq jours, la mobilisation est massive et montre une véritable union de tous les mineurs (des ouvriers aux ingénieurs) et de l’ensemble des syndicats. D’immenses manifestations se déroulent dans les grandes villes des bassins miniers. Dans le Nord-Pas de Calais, 30 000 manifestants défilent à Lens le 4 mars, 25 000 à Valenciennes et 10 000 à Douai le 9. Le 29 mars, ils seront 80 000 à Lens.
Tout au long de ce mois de mars, la corporation minière reçoit le soutien de la population ; des dons en nature, en argent, sont adressés aux syndicats ; les enfants de mineurs sont accueillis par des familles un peu partout en France. D’autres corporations cessent le travail en soutien aux mineurs. Pendant ce temps, les négociations s’enchaînent et le gouvernement Pompidou finit par céder le 3 avril en accordant des augmentations de salaires, mais aussi une table ronde sur la quatrième semaine de congés payés, la durée du travail et sur l’avenir du charbon et de la profession minière.
Manifestation des femmes de mineurs à Lille © Collection Mémoires et cultures, Lens
Le Centre Historique Minier a choisi de célébrer ce cinquantième anniversaire de la grève de 1963 en proposant, en partenariat avec l’association Mémoires et cultures, une exposition de photographies et d’archives retraçant tous les aspects de cette grève dans le bassin minier du Nord-Pas de Calais.
Enfin, pour enrichir l’exposition, le Centre Historique Minier poursuit son recueil de témoignages auprès des habitants du Nord-Pas de Calais qui ont des souvenirs liés à cette grève, ou des familles d’autres régions qui auraient accueilli des enfants de mineurs pendant cette période.
Accueil des enfants de mineurs à Lens, avril 1963 © Collection Mémoires et cultures, Lens