« Barrière de sécurité » pour les Israéliens, « mur de l’apartheid » pour les Palestiniens ou « barrière de séparation » pour le Human Rights Watch, au-delà du débat politique Josef Koudelka montre le mur comme une cicatrice tracée par l’homme dans le paysage naturel. Wall rassemble ces photographies de paysages panoramiques en noir et blanc prises entre 2008 et 2012.
Une vision du mur à portée universelle
Josef Koudelka s’est rendu à plusieurs reprises le long du mur qui sépare Israël de la Palestine à Jérusalem-Est, Hébron, Ramallah, Bethlehem et dans les différentes colonies israéliennes. Ses images montrent un panorama couvert d’ensembles bétonnés et rythmé de barbelés, fossés, check-points et barrages parfois investis par des artistes mais aussi d’autres moments où la nature résiste. On observe notamment des oliviers déracinés – ressource vitale pour les uns, dommage collatéral dans la revendication du territoire pour les autres.
De la même façon que dans l’un de ses projets précédents, The Black Triangle (sur les contreforts des monts Métallifères en Bohème, au début des années 1990), Joseph Koudelka a voulu montrer la tension qui se dégage des relations entre l’homme et la nature.
Mise en contexte de ces photographies
Une chronologie de l’érection du mur, les légendes et un glossaire offrent des clefs de compréhension et replacent ces images dans leur contexte. Les textes originaux ont été écrits en anglais par Ray Dolphin, auteur de nombreux rapports sur le mur pour les Nations unies, et adaptés en français par René Backmann, journaliste au Nouvel Observateur, ayant couvert de nombreux conflits dont celui du Proche-Orient, et auteur de Un mur en Palestine.
Wall s’inscrit dans un projet plus vaste dont l’initiative revient au photographe Frédéric Brenner. Ce projet, dénommé This Place, a pour ambition d’explorer Israël sous l’angle du territoire et de la métaphore à travers le regard de douze photographes internationalement reconnus, invités à passer huit mois sur place en résidence, avec pour mission de dépasser le récit politique dominant pour examiner la complexité du site ainsi que ses résonances à travers le monde – ne pas porter de jugement, mais soulever des questions et donner à voir.
Josef Koudelka
Né en Moravie en 1938, il est d’abord ingénieur aéronautique et se lance à plein temps dans la photographie à la fin des années 60. En 1968, il photographie l’invasion soviétique de la Tchécoslovaquie. Il publie ses clichés sous le pseudonyme P.P. (Prague Photographer) et se voit décerner anonymement le prix Robert Capa pour ses images. Josef Koudelka quitte la Tchécoslovaquie en 1970. Il devient apatride, avant d’obtenir l’asile politique en Angleterre. Peu après, il rejoint Magnum Photos. En 1975 est publiée la première édition de son livre Gitans (une édition revue et augmentée est sortie en 2011). Exils est publié en 1988. Avant Wall, Koudelka a publié dix recueils de photographies qui s’intéressent à la relation entre l’homme contemporain et le paysage. Notamment The Black Triangle (1994), Chaos (1999) et Lime (2012). Son travail a été présenté dans de nombreuses expositions à travers le monde notamment au MoMA et au Centre International de la Photographie à New York, à la Hayward Gallery de Londres, au Stedelijk Museum d’Amsterdam et au Palais de Tokyo à Paris. Il a reçu le prix Nadar (1978), le Grand Prix national de la photographie (1989), le Grand Prix Cartier-Bresson (1991), et le Prix international de la photographie de la fondation Hasselblad (1992). En 2012, il a été nommé commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres par le ministère de la Culture. Il vit à Paris et à Prague.