© ?Jean-Claude Bélégou
Galerie Pierre Brullé 25 rue de Tournon 75006 Paris France
Sans doute la vie et l’œuvre sont un cercle de cercles que l’on sillonne et on finit par revenir là où on a commencé. Pour moi ce fut le portrait et il y a sans doute quelque chose dans Humanités qui renoue avec la procession des modèles du mercredi après-midi, dans les studios aux projecteurs équipés de lentilles Fresnel et plan-convexe, de ma découverte fascinée de la photographie à seize ans, de ces images que j’ai appelées Primitives.
Mais si c’est retour aux origines, ça l’est aussi sans doute à la source de la photographie, aux premiers daguerréotypes, aux nus de Gustave Legray, aux portraits nus de Bellocq…
Et peut-être même aux origines du dessin que rapporte Pline l’Ancien. Aux études de dessin. Car c’est bien d’études dont il s’agit.
Et encore s’il s’agit d’un cercle c’est sans doute un retour à cette langueur caverneuse de mes premières photographies, de celles d’Empreintes par exemple.
Cette teinte mélancolique rompt avec les couleurs vives et ensoleillées, avec cette espèce de jouissance dionysiaco-tragique et parfois lyrique des séries couleurs précédentes, celles de La revanche de la chair ou de Éloge de l’amour.
Ici la couleur se fait économique, presque monochrome, la lumière sorte de clair-obscur de journées grises et pluvieuses.
Ici lumière du nord, dépouillement, traces et marques du temps, les poses récurrentes et la mise en scène sommaire, les modèles que je ne cherche pas à choisir, que je prends comme elles ou ils viennent, guère trop de sentiment.
Pourquoi ? Je serais bien en peine de l’expliquer, l’air du temps peut-être, le parcours accompli de l’image et de la vie sans doute. Une certaine tristesse.
Toujours cette obsessionnelle quête de la vérité des corps et des visages, des peaux, des êtres. Vérité impénétrable et revêche, qui se défile sans cesse comme elles se dérobent, et qui pourtant affleure de courts moments privilégiés.
Les plaquer là contre un mur gris, une chaise, un lit, le parquet et attendre, espérer la splendeur de la chair.
© Jean-Claude Bélégou
© Jean-Claude Bélégou