© Sylvie Tubiana
Musée Rimbaud Quai Arthur Rimbaud 08100 Charleville-Mezières France
« La lumière et le son jouent un rôle prédominant dans les installations de Sylvie Tubiana. Projections de corps, monologues en différentes langues, les propositions de l'artiste dévoilent en filigranes des problématiques liées aux différentes manière de vivre dans le monde, aux occupations sociales et culturelles des corps dans un espace de vie et ainsi questionnent en sus l'essence même des relations humaines. » Alexandra Aylmer
Le travail de Sylvie Tubiana, orienté principalement vers une réflexion sur l'intime et notre façon d'être au monde, se tourne depuis quelques années vers une rencontre avec des cultures et des civilisations différentes. Après le Japon (résidence d'artiste) et un travail avec des communautés turques, elle se tourne naturellement vers l'Éthiopie.
« L'Éthiopie, pays dans lequel j'ai vécu enfant puis où je suis retournée adolescente, pays dont mon père enseignait la langue à l'Ecole Nationale des Langues Orientales - Paris et enfin pays d'un grand-père adoptif, ce grand-père Abba Jérôme Gebre Muse, informateur de Michel Leiris dans l'Afrique fantôme. »
En 2007, après le décès de son père elle a réactivé cette mémoire éthiopienne en introduisant dans la bande son plurilingue (9 langues) de "Jardin secret" une traduction du poème de Sylvie Le Scouarnec en amharique (langue officielle éthiopienne) lu par un éthiopien, vieil ami de son père.
Puis, dans le même esprit que la série "estampes - 2008", elle envisage de réaliser un travail, à partir des peintures éthiopiennes accrochées aux murs de la maison de ses parents, aussi bien en couleur qu'en noir et blanc.
© Sylvie Tubiana
La réflexion sur ce projet intitulé "incarnations éthiopiennes" l'a conduite à entrer en relation avec les Musées de Charleville-Mézières (ville jumelée avec Harar en Éthiopie) et son conservateur Alain Tourneux. Cette rencontre fructueuse a posé les jalons d'une résidence de travail à Harar dans la Maison Rimbaud et dans d'autres lieux: une ferme, un haras, les bains de Fassilidas à Gondar en janvier 2012. Nouvelle étape de cette rencontre la programmation pour 4 mois de l'exposition "Incarnations Ethiopiennes" au Musée Rimbaud de Charleville- Mézières sur deux niveaux.
L'exposition est en grande partie axée sur Rimbaud et Harar avec des photographies couleur grand format et deux installations vidéos in situ, mais elle permettra aussi de découvrir la peinture ancienne éthiopienne ainsi que des objets anciens et contemporains liés à la vie quotidienne: manuscrits, croix, vanneries, tissus provenant d'Ethiopie... Et le travail d'un sculpteur contemporain d'origine éthiopienne Mickaël Bethe-Selassié.
« En scénographe de la mémoire, Sylvie Tubiana a donc refait à sa manière le voyage vers l’Éthiopie... Comme un théâtre d’ombres et de lumières, son travail s’affranchit ainsi des strates du temps, traverse le miroir des apparences, fait se réconcilier le passé et le présent. De "l’Afrique fantôme" au "poète fantôme" la plasticienne a jeté un pont aussi léger qu’une moustiquaire, aussi fragile qu’un souffle de vent » Bérénice Geoffroy-Schneiter
Ce projet de création pluridisciplinaire associe la mémoire, l'intimité et la civilisation éthiopienne, il est placé sous le signe de la filiation, du regard, de l'écoute et du respect de l'autre, en continuité avec la globalité de son travail de création depuis 1984.
© Sylvie Tubiana