«Labyrinth», How to create a beautiful picture 6 : Tights in Shimotokaido, 1986/2012 © Daido Moriyama Photo Foundation, courtesy Akio Nagasawa Publishing and Polka Galerie
Après un cycle de trois expositions l’hiver dernier – «Northern», «Paris» et «Sérigraphie» –, Polka poursuit l’explo- ration du travail de Daido Moriyama en association avec le Méjan-Actes Sud. L’exposition arlésienne «LABYRINTH + MONOCHROME» réalise la synthèse de l’œuvre riche, dense et protéiforme de l’artiste japonais en liant trois séries ré- centes dans une installation photogra- phique totale.
La série « MONOCHROME » propose une plongée dans les rues de Tokyo de 2008 à 2012. Avec «LABYRINTH», Daido Moriyama assemble des mil- liers d’images pour recréer de fausses planches-contacts, se jouant des lieux, des années, des sujets.
Pour faire le lien entre les deux travaux présentés, les murs du lieu d’exposition, le Magasin électrique au Parc des Ate- liers, sont recouverts d’un grand papier peint, fait d’une composition cinétique d’images de bas résille.
Ces «Mesh» (filets), sous-titrés «How To Create a Beautiful Picture» (1986), avaient été publiés dans un livre hom- mage à l’inventeur de la photographie, Nicéphore Niépce, intitulé «Lettre à St. Lou.». Daido Moriyama y travaille les canons de la beauté en s’adressant fictivement à son maître, comme le présente, au même moment à Paris, l’exposition «Daido Moriyama: View from the Laboratory (Platinum Prints)» de la galerie Polka.
Avec «LABYRINTH + MONOCHROME», Daido Moriyama s’empare d’un espace et abolit la notion de l’image unique comme chef-d’œuvre. Son travail, plutôt qu’une suite d’instantanés, est un flux d’images généré par une attitude envers la rue, l’espace public, le monde.
Les Rencontres d’Arles 2013, Magasin électrique, Parc des Ateliers
Papier peint «Mesh» (détail) (1986/2013) © Daido Moriyama Photo Foundation, courtesy Polka Galerie
BIOGRAPHIE
Daido Moriyama est un des photographes les plus importants du XXème siècle. Né à Osaka (Ikeda) au Japon en 1938, il vit et travaille essentiellement à Tokyo.
Après avoir étudié le graphisme, il apprend la photographie avec son premier maître Takeji Iwamiya, avant de s’installer à Tokyo en 1961 pour y assister le grand photographe Eikoh Hosoe sur sa fameuse série «Ordeal by Roses» (Barakei) avec l’écrivain Yukio Mishima. Il entame son oeuvre de photographe indépendant en 1964.
Sa première monographie « Japan A Photo Theater » (Nippon Gekijou Shashinchou), publiée en 1968, lui a valu une notoriété immédiate. Suivront des livres fondamentaux dans l’histoire de la photographie : « Fare- well Photography » (Shashinyo Sayounara, 1972), « Hunter » (Karioudo, 1972), « Mayfly » (Kagerou, 1972), « Another Country in New York » (autopublié en 1974), « Light and Shadow » (Hikari to kage, 1982), « A Journey to Nakaji » (Nakaji e no tabi, 1987) ou encore « Lettre à St Lou » (1990) ont été cruciaux. Daido Moriyama a publié à ce jour environ 200 livres.
Membre du mouvement Provoke qu’il a rejoint en 1968 pour la deuxième édition de la revue éponyme, Daido Moriyama a produit une œuvre riche, dense et protéiforme. Souvent décrites comme brutes, floues et troubles (« are, bure, boke »), et cadrées sans regarder à travers le viseur de l’appareil, ses photographies ont donné naissance à une nouvelle pratique de la photographie de rue où l’artiste, qui rôde sur la route, est en prise avec l’espace public. Le travail de Daido Moriyama embrasse également à la technique de la sérigraphie, qu’il utilise dès les années 1970 tant pour produire des livres que des œuvres à exposer.
Daido Moriyama conçoit également des événements participatifs et des installations totales, dans le souci d’adapter son langage à un lieu ou une temporalité. Il est également l’auteur de textes autobiographiques (« Memories of a Dog », 1984 et 1997) dans lesquels il explique l’ancrage de sa pratique artistique dans des références majeures tels William Klein, Andy Warhol, Shomei Tomatsu, Jack Kerouac, Eugène Atget ou encore Nicéphore Niépce.
Le travail de Daido Moriyama a eu un impact radical sur le monde artistique tant au Japon qu’en Occident. En 1974, le MoMA de New York présentait son travail dans le cadre de la première exposition collective consa- crée en Occident à la photographie japonaise, «New Japanese Photography» (commissariat: John Szarkows- ki). Depuis, son oeuvre a fait l’objet de nombreuses expositions institutionnelles majeures : à la Tate Modern («William Klein + Daido Moriyama», Londres, 2012), au San Francisco MoMA («Stray Dog», 1999, égale- ment présentée au Metropolitan Museum, New York), au National Museum of Art d’Osaka («On the Road», 2011), à la Fondation Cartier pour l’Art contemporain (Paris, 2003), à Foam (Amsterdam, 2006), au Fotomu- seum Winterthur (Winterthur, 2000) ou encore aux Rencontres d’Arles (« Labyrinth + Monochrome », 2013).
En 2012-2013, la galerie Polka a consacré un cycle de 3 expositions consécutives, présentant par série des travaux moins connus de Daido Moriyama : « Hokkaido-Northern », « Paris 88/89 » puis « Sérigraphies ». Ce cycle a été ponctué d’un atelier participatif de sérigraphies (« The Silkscreens Workshop »).