© Saint-Loup de Varennes, France, 2008 - se?rie «View from the Laboratory» © Daido Moriyama Photo Foundation, courtesy Polka Galerie
Dans la suite du cycle d’expositions consacré à Daido Moriyama et pour nourrir la saison européenne dédiée à l’artiste, la galerie Polka est heureuse de présenter son dernier travail : « View from the Laboratory ». Plus qu’un hommage, cette exposition est une confession intime de l’artiste à l’inventeur de la photographie, Nicéphore Niépce, sous la forme inédite de tirages au platine en éditions limitées.
Membre du mouvement Provoke, auteur de près de 200 livres, Daido Moriyama travaille la mémoire. Deux siècles après la réalisation de la première photographie fixée par Nicéphore Niépce, à Saint- Loup-de-Varennes, l’artiste japonais est retourné dans l’atelier du maître. Connue sous le titre de « Point de vue du Gras », l’héliographie sur plaque a enregistré durant de nombreuses heures le paysage depuis la fenêtre donnant sur l’arrière de la maison. Sur les traces de cette photographie iconique, Daido Moriyama se poste à la même fenêtre pour un voyage dans le temps.
« Dès que je me suis retrouvé face à ce paysage, les images d’ombre et de lumière de la photographie iconique de Niépce ont commencé à se substituer au paysage réel devant mes yeux et, soudain, j’ai eu la sensation de voir à travers les yeux de Niépce. »
«View From the Laboratory» est une projection dans le temps, que l’artiste traduit dans ses tirages : pour la première fois, il réalise des épreuves au pla- tine en référence aux procédés anciens et à l’histoire de la photographie.
Saint-Loup de Varennes, France, 2008 - série «View from the Laboratory» © Daido Moriyama Photo Foundation, courtesy Polka Galerie
Daido Moriyama est un des photographes les plus importants du XXème siècle. Né à Osaka (Ikeda) au Japon en 1938, il vit et travaille essentiellement à Tokyo.
Après avoir étudié le graphisme, il apprend la photographie avec son premier maître Takeji Iwamiya, avant de s’installer à Tokyo en 1961 pour y assister le grand photographe Eikoh Hosoe sur sa fameuse série «Ordeal by Roses» (Barakei) avec l’écrivain Yukio Mishima. Il entame son oeuvre de photographe indépendant en 1964.
Sa première monographie « Japan A Photo Theater » (Nippon Gekijou Shashinchou), publiée en 1968, lui a valu une notoriété immédiate. Suivront des livres fondamentaux dans l’histoire de la photographie : « Fare- well Photography » (Shashinyo Sayounara, 1972), « Hunter » (Karioudo, 1972), « Mayfly » (Kagerou, 1972), « Another Country in New York » (autopublié en 1974), « Light and Shadow » (Hikari to kage, 1982), « A Journey to Nakaji » (Nakaji e no tabi, 1987) ou encore « Lettre à St Lou » (1990) ont été cruciaux. Daido Moriyama a publié à ce jour environ 200 livres.
Membre du mouvement Provoke qu’il a rejoint en 1968 pour la deuxième édition de la revue éponyme, Daido Moriyama a produit une œuvre riche, dense et protéiforme. Souvent décrites comme brutes, floues et troubles (« are, bure, boke »), et cadrées sans regarder à travers le viseur de l’appareil, ses photographies ont donné naissance à une nouvelle pratique de la photographie de rue où l’artiste, qui rôde sur la route, est en prise avec l’espace public. Le travail de Daido Moriyama embrasse également à la technique de la sérigraphie, qu’il utilise dès les années 1970 tant pour produire des livres que des œuvres à exposer.
Daido Moriyama conçoit également des événements participatifs et des installations totales, dans le souci d’adapter son langage à un lieu ou une temporalité. Il est également l’auteur de textes autobiographiques (« Memories of a Dog », 1984 et 1997) dans lesquels il explique l’ancrage de sa pratique artistique dans des références majeures tels William Klein, Andy Warhol, Shomei Tomatsu, Jack Kerouac, Eugène Atget ou encore Nicéphore Niépce.
Saint-Loup de Varennes, France, 2008 - série «View from the La- boratory» © Daido Moriyama Photo Foundation, courtesy Polka Galerie
Le travail de Daido Moriyama a eu un impact radical sur le monde artistique tant au Japon qu’en Occident. En 1974, le MoMA de New York présentait son travail dans le cadre de la première exposition collective consa- crée en Occident à la photographie japonaise, «New Japanese Photography» (commissariat: John Szarkows- ki). Depuis, son oeuvre a fait l’objet de nombreuses expositions institutionnelles majeures : à la Tate Modern («William Klein + Daido Moriyama», Londres, 2012), au San Francisco MoMA («Stray Dog», 1999, égale- ment présentée au Metropolitan Museum, New York), au National Museum of Art d’Osaka («On the Road», 2011), à la Fondation Cartier pour l’Art contemporain (Paris, 2003), à Foam (Amsterdam, 2006), au Fotomu- seum Winterthur (Winterthur, 2000) ou encore aux Rencontres d’Arles (« Labyrinth + Monochrome », 2013).
En 2012-2013, la galerie Polka a consacré un cycle de 3 expositions consécutives, présentant par série des travaux moins connus de Daido Moriyama : « Hokkaido-Northern », « Paris 88/89 » puis « Sérigraphies ». Ce cycle a été ponctué d’un atelier participatif de sérigraphies (« The Silkscreens Workshop »).
Photos et vignette © Daido Moriyama