© Abdelghani Bibt
Complexe culturel les Grands Arbres Quartier administratif, Rue Beyrouth, près de la chambre de commerce Beni Mellal, Maroc Maroc
L'imagination n'est pas, comme le suggère l'étymologie, la faculté de former des images de la réalité ; elle est la faculté de former des images qui dépassent la réalité, qui chantent la réalité. » Bachelard, l'Eau et les Rêves.
Dans l’exposition du photographe marocain Abdelghani Bibt à la galerie du complexe culturel « Les grands arbres », à Beni Mellal du 8 au 22 juin 2013, s'érigent des espaces accueillant le tumulte des sentiments, des passions et des émotions des ombres. Le photographe y émet ses rêves et ses hallucinations.
Il conquiert ces espaces par le flot de son imaginaire, les remodèle, les investit de sentiments et en jouit à l'étendue de sa créativité. Dans ses constructions et photographies, il donne à voir un monde en même temps que sa propre image. Portrait des lieux visités ou images multiples de soi-même ? Espace de l'émotion pure, les ombres de la lumière est le support d'une tendresse absolue, spectacle de la vie évoquant, certes, notre réalité mais une réalité revisitée par la créativité des photographies de l’artiste. Comme le disait Philippe Sollers :"Je sais d'emblée que je vais passer ma vie à tenter de coïncider avec cet espace ouvert" .
© Abdelghani Bibt
L’exposition du photographe Abdelghani Bibt « Les ombres de la lumière » prolonge l'approche du devenir de(s) la mémoire(s) appréhendée(s) à travers le prisme des relations pouvant se tisser entre celle(s)-ci et les « lieux » dont la texture relève d'une substance désormais éminemment hybride puisque faite d’ombres... C'est ainsi qu’il revisite des lieux existants déjà, de même que ceux pouvant être qualifiés de « nouveaux » ou tout simplement de « mal vus » ou de « pas assez vus ».
Certains de ces lieux se présentent comme des espaces insulaires et incantatoires en ce sens qu'ils provoquent un effet cathartique et qui est de nature à nous faire prendre conscience de tout le chemin parcouru dans l'accaparement de l'espace que nous finissons par investir en un lieu qui devient nôtre, c'est-à-dire en lui donnant une identité.
© Abdelghani Bibt
Quel type de liens sentimentaux s'établit donc avec ces lieux ? D'où vient que l'homme éprouve le besoin de se rendre sur ces lieux de commémoration et quels effets produisent-ils en lui ? Enfin, ces lieux tiennent-ils de nos jours la même place et ont-ils la même importance qu'autrefois ?
Des questions que les photographies de l’artiste suscitent, revendiquant la nécessité et l’urgence de préserver notre « mémoire », afin de se prémunir contre le risque d'amnésie, voire « d'effacement » irréversible.
Photographies et vignette © Abdelghani Bibt