© ADOLPHUS OPARA
Musée du quai Branly 27, 37, 51 quai Branly 206, 218 rue de l'Université 75007 Paris France
Préface
Depuis plus de six ans, le musée du quai Branly propose au public de découvrir des œuvres de photographes contemporains méconnus en Europe grâce à PHOTOQUAI, biennale des images du monde. Longeant les berges de la Seine et se prolongeant dans le jardin du musée, la biennale PHOTOQUAI emmène le visiteur à la découverte de la photographie extra- occidentale.
La direction artistique de cette quatrième édition a été confiée à l’artiste Frank Kalero, globe-trotter et grand passionné de photographie. Placé sous le thème « Regarde-moi », l’ensemble de la sélection photographique de cette quatrième édition met à l’honneur la figure humaine.
Pour cette édition, Frank Kalero s’est entouré de huit commissaires qui sont des figures incontournables de la photographie dans les régions du monde qu’ils représentent. Ces commissaires sont John Fleetwood pour l’Afrique, Hester Keijser pour le Proche et Moyen-Orient, Shahidul Alam pour l’Asie, Bohnchang Koo pour la Chine et l’Extrême-Orient,Liza Faktor pour l’Ex-URSS,Claudi Carreras Guillén pour l’Amérique Latine, Alexander Supartono pour l’Asie du Sud-Est et Anne Noble pour l’Océanie. Par ailleurs, 40 photographes du monde entier ont été sélectionnés pour le regard original et sensible qu’ils portent sur les autres et leur environnement. Je tiens à adresser toute ma reconnaissance au Directeur artistique ainsi qu’aux commissaires associés pour leur travail et la grande qualité de cette sélection.
Je remercie également chaleureusement les partenaires de la biennale PHOTOQUAI et notamment GOBELINS l’école de l’image, mais également la Maison de l’Amérique latine, la Fondation Cartier pour l’art contemporain, les galeries Baudoin Lebon et Clémentine de la Féronnière, Polka Galerie et Albert-Kahn, musée et jardin.
Enfin, en marge de PHOTOQUAI 2013, le musée du quai Branly présentera l’exposition NocturNes de colombie, images contemporaines, qui donnera l’occasion au public de découvrir la perception qu’ont trois artistes colombiens sur la guerre civile dans ce pays. L’installation LES RéSIdENCES dE PHOTOQUAI exposera, quant à elle, le travail des artistes lauréats du programme de résidence d’aide à la création photographique contemporaine du musée du quai Branly.
En espérant que PHOTOQUAI, 4ème biennale des images du monde révèlera de nouveaux échanges et croisements de regards sur le monde.
Stéphane Martin, Président du musée du quai Branly
© ALEJANDRO CARTAGENA
Frank Kalero
«Quand je me sais photographié, je me transforme en image» écrivait Roland Barthes. Ces mots m’évoquent l’échange riche et furtif qu’engendrent des regards croisés,celui d’un être humain,perçu dans son environnement,celui d’un photographe qui en fixe l’instant, mais aussi celui de l’observateur qui, extérieur et inconnu, viendra à leur rencontre.
J’ai donc souhaité placer la figure humaine au cœur de cette 4eme édition de PHOTOQUAI, comme un fil conducteur plutôt qu’une thématique. J’ai demandé à 8 commissaires originaires d’Asie, d’Amérique latine, d’Australie ou d’Afrique en s’appuyant sur leur connaissance de ces régions de débusquer des photographes inconnus en Europe.
Ils ont retenu près de 200 artistes dont 40 reportages ont été sélectionnés. Chacun d’entre eux est un écho du monde, le reflet de vies traversées, captées comme autant d’instants partageables à l’envi. Tous expriment une même attente, globale et personnelle, lancée comme un appel : « Regarde-moi », révélant une diversité de points de vue sur ceux et par ceux qui se trouvent ailleurs, une mise en regard de réalités dépourvues d’exotisme et de préjugés, sans classification ethnographique.
Aujourd’hui, les frontières entre vie personnelle et vie publique s’érodent, comme fondent les distances entre les hommes. L’image numérique que favorisent et véhiculent les nouveaux médias - notamment les réseaux sociaux - s’échange et se partage en temps réel, à une vitesse fulgurante. Mais, si ce don d’ubiquité la rend omniprésente et souvent anecdotique, elle demeure une représentation narrative de vies, de contextes, d’environnements, qu’il nous est aujourd’hui plus facile d’appréhender, renforçant ainsi une communication planétaire et immédiate. Alors, traduire cette réalité contemporaine au fil d’une promenade, parmi des murs d’images, le long de la Seine, adossée au musée et au jardin du quai Branly, c’est poser les yeux sur une multitude d’identités. C’est demander au visiteur - promeneur, curieux ou amateur - de s’arrêter, d’observer. De lire la planète à travers ceux qui s’y laissent regarder. Et c’est peut- être aussi s’ouvrir à une conscience commune au photographe qui capte une image et à celui qui offre la sienne à l’inconnu. Cette vision multiple détient la force d’une conversation où empathie et esthétique sont sources de compréhension.
© ADRIANA DUQUE
Des femmes saoudiennes masquant à Londres leur visage ou des offices catholiques philippins conduits dans des centres commerciaux... relatent autant d’histoires, étrangères les unes aux autres. Pourtant, chacune met en lumière des personnes dans leur milieu immédiat portant en elles leurs attentes, leurs paradoxes, leur douleur ou leur sagesse. Sans geste, sans frontière tangible, ces images participent d’une géographie humaine, en offrant à l’autre l’intimité de leur quotidien dans une narration qui montre plus qu’elle ne démontre, et qui dit sans pour autant revendiquer. La photographie suspend la course des nuages. Métaphore du temps, elle en offre une pause. D’un simple détail - un papier jeté au sol, un chien errant elle peut transformer un témoignage en symbole. D’un portrait, d’une silhouette, elle révélera un univers, campera une société, où l’homme est la mesure du monde et la figure humaine l’échelle universelle. Tel est le sens de cette édition que chacun peut lire, intérioriser ou partager.
Je ne suis pas un théoricien mais plutôt un homme-orchestre avide d’échanges. Pour m’affranchir des frontières, aux sens propre et figuré, je démultiplie ma pratique spontanée, mondialisée et mondialiste de l’image - à travers les revues documentaires que j’ai fondées - OjodePez à Madrid, The world according to à Berlin, Punctum à New Delhi - ou les festivals dont j’ai assumé la direction artistique. La photographie est pour moi une plateforme de dialogue qui appelle un engagement constant vers l’autre, n’ayant d’autre but qu’une célébration de la vie.
Frank Kalero, Directeur artistique de PHOTOQUAI 2013
© AMIT MADHESHIYA
Présentation de Photoquai
Depuis sa création en 2007 à l’initiative du musée du quai Branly, la biennale de photographie PHOTOQUAI met en valeur la photographie non-occidentale et présente au grand public international des artistes dont l’œuvre est inédite en France.
Les trois premières éditions ont fait découvrir 162 photographes venus chaque année d’une trentaine de pays différents. Saluée dès sa première édition pour son originalité et sa pertinence, PHOTOQUAI poursuit sa mission fondamentale : mettre en valeur et faire connaître des artistes inédits sur la scène internationale, susciter des échanges, des croisements de regards sur le monde.
Sa méthode originale consiste à confier les commissariats artistiques à des professionnels étrangers, et à créer un ensemble de réseaux autour des expositions, en associant des institutions parisiennes partenaires - au premier rang desquelles les galeries d’art dédiées à la photographie contemporaine. Les expositions se déroulent en majeure partie à l’extérieur du musée, sur les quais de Seine, mais aussi depuis 2009 dans le jardin du musée. Elles sont accessibles gratuitement.
© FILIPE BRANQUINHO
* La sélection artistique
Pour chaque édition de la biennale, le musée du quai Branly nomme un directeur artistique chargé d’insuffler des axes de programmation souhaités pour l’événement, et d’animer un réseau de relais français et étrangers (commissaires, instituts français, photographes, « amis » de PHOTOQUAI...) pour différentes zones géographiques prédéfinies. Pour chacune de ces zones, des collaborateurs artistiques sont chargés, sur le terrain, de prospecter et de découvrir des talents photographiques inconnus en Europe, pour constituer ainsi une présélection d’artistes et d’œuvres.
La sélection 2013, rassemblée sous le slogan « Regarde-moi », a un dénominateur commun : toutes les séries photographiques ont à voir avec la figure humaine. Paysages, objets, mode ou architecture y apparaissent comme des éléments d’accompagnement de la personne. dans toutes les séries, c’est le corps qui est l’unité de mesure de notre univers.
* Photographes présentés
PHOTOQUAI présente les œuvres de photographes contemporains du monde entier, talents inédits ou peu vus en Europe et provenant des grandes zones géographiques représentées au sein des collections du musée du quai Branly : Amérique du Sud et centrale, Asie, Océanie, Afrique, Proche et Moyen-Orient, Russie.
La sélection rend compte de la diversité des manières de percevoir le monde non-européen aujourd’hui, de l’intérieur, par les artistes qui y vivent, loin des clichés que véhicule souvent une certaine photographie touristique. Il ne s’agit pas d’avoir une illustration systématique de la photographie d’un large panel de pays, mais de mettre en valeur des artistes et des œuvres sans exhaustivité géographique.