© Christian Tagliavini,
Galerie Esther Woerdehoff 36 rue Falguière 75015 Paris France
Christian Tagliavini - Carte
Reines, valets, jokers et as, pour sa nouvelle série de photographies l’artiste suisse Christian Tagliavini joue aux cartes mais transforme les figures habituelles en tableaux immenses, riches de symboles et d’effets plastiques. Les titres de Carte, cette série de onze photographies inspirée par les caprices de la fortune, gardent tout le mystère de leur appellation en italien : Regina di Fiori, La Matta Rossa, L’Amante ou Lo Speziale.
La réalisation de Carte a demandé plusieurs années de réflexion et de travail à Christian Tagliavini, comme ses séries précédentes depuis que cet artiste, à l’origine architecte et graphiste, se consacre pleinement à la photographie. L’artiste envisage la fabrication de chacune de ses œuvres comme un processus lent et complexe, un travail artisanal d’où surgit une photographie sophistiquée d’une élégance sans pareille.
Après l’immense succès critique et commercial de 1503, série de portraits inspirés par la peinture de la Renaissance, le photographe change résolument de sujet mais garde la même exigence de perfection et le soin extrême qu’il apporte au moindre détail. Christian Tagliavini élabore méticuleusement chaque étape de fabrication de ses images, comme un ouvrier d’art, dans la conception du projet, le choix des modèles, la réalisation de chacun des costumes et accessoires, le maquillage et les longues séances de pose requises pour obtenir une image unique et résolument originale.
© Christian Tagliavini, La Matta Rossa, 2012
Comme pour sa série Dame di Cartone, Tagliavini habille ses personnages de costumes de papier et de carton minutieusement découpés au laser, jouant sur les nuances de couleurs, les épaisseurs et les textures dans une volonté de contraste entre le corps du modèle en trois dimensions et les vêtements en deux dimensions. L’artiste fait appel à des références multiples issues de l’histoire de l’art ou de la symbolique du jeu de carte et de tarot. Chaque photographie de la série a son style, défini par son modèle et l’on retrouve dans les détails des traces de l’Art nouveau, du Cubisme, de l’art populaire du papier découpé ou de la mythologie.
Par sa pose, chacune des figures se place d’un geste dans une relation singulière avec les autres cartes et le spectateur et nous transporte dans un théâtre sans parole. Les modèles imposent leur présence d’un regard intense et leurs mains qui s’extraient du papier appellent, proposent, désignent, implorent ou interrogent, sans livrer la clé du mystère, laissant au spectateur toute liberté d’interprétation.
Égarant le regard entre deux et trois dimensions, Christian Tagliavini offre au spectateur une nouvelle perception de la réalité, une porte ouverte sur l’imaginaire et l’illusion que permet l’art et la photographie. Dans un jeu d’échelle et de trompe-l’œil, le photographe se fait magicien et ses cartes à jouer agrandies deviennent des fenêtres, des portraits, des tableaux de personnages mi-chair mi-papier, intemporels et irréels.
© Christian Tagliavini, Regina di Fiori, 2012
Vignette et Photographies © Christian Tagliavini,