Galerie du Château d'Eau Place Laganne, 1 31300 Toulouse France
Les objets, les choses de ce monde qui apparaissent dans les photographies de Corinne Mercadier semblent là par inadvertance. Ou plutôt, ils n'en constituent pas le sujet exclusif. Ils n'imposent pas leur présence à grand bruit, ils n'engloutissent pas notre regard. Ce qui vit en eux, ce qu'ils manifestent, c'est peut-être la part d'amour silencieuse et oubliée qui réside en chaque chose.(...) On ne saurait dire d'emblée si les photographies de Corinne Mercadier exposent une présence ou une absence. Elles montrent ce dont nous sommes à la fois très proches et infiniment séparés. Les eaux sombres d'un lac, la couleur d'un ciel, un pan de mur, une bonbonne de verre abandonnée sur une plage deviennent soudain plus chers à nos coeurs qu'un trésor possédé. Les ombres gagnent en densité, la lumière se fait plus intense, le grain du temps se diffuse dans la couleur, les détails se raréfient, la nudité s'accentue autour de l'âme des choses.(...) « L'amour est une exception du vide. Mais le vide se concentre autour de l'amour », écrivait Roberto Juarroz. C'est peut-être cela que tente de saisir Corinne Mercadier : non pas les choses mais l'espace entre les choses, cette béance où elles se tiennent et où elles découvrent comme l'écho d'une déchirure intérieure, ce vide consubstantiel qui menace de les engloutir mais qui peut aussi les porter comme il soutient le vol des oiseaux. Extrait d'un texte de Jean-Baptiste Para, 2000 © Corinne Mercadier, Une fois et pas plus n°31, 2000 Galerie Les filles du calvaire, Paris, Bruxelles.