© Eric Bouvet
DS Souchon la galerie 4 rue de la Source 17200 Royan France
Epuisé des violences du monde qu’il photographie depuis plus de trente ans, Eric Bouvet décide en 2012 de s'accorder une pause. Au programme des prochains mois sur son calendrier de reporter, de l'Inde aux Etats-Unis et du Brésil à Paris : joie et paix ! En août, il rejoint les dizaines de milliers d'êtres extravagants qui convergent chaque année dans le désert du Nevada pour un festival joyeux et déjanté de créations artistiques éphémères. A bord d'un van, le photographe rallie le lieu de cette fête incroyable en participant depuis San Francisco à un exode de voitures, de camping-cars et de caravanes aux toits surchargés de valises, vélos, canapés ou glacières. Dés son arrivée, ce rassemblement unique avale notre homme pris « dans un mélange de liberté, de fête, de délires collectif, de béatitude devant tant de sens artistique développé, d'énergie et de folie ».
Dans la poussière du Nevada, toutes les audaces et toutes les performances deviennent possibles. Les créations incongrues et expérimentales sont le spectacle ordinaire d'une semaine radicale de partage et de bonne humeur. Le photographe s'adapte aux conditions climatiques exceptionnelles et s’organise pour opérer aux heures des lumières les plus subtiles et les plus délicates de la journée.
© Eric Bouvet
Ici, le travail créatif se pratique en commun, les lois du marché sont abolies et l'argent proscrit : tout est échange. Alors le photographe partage, reçoit et donne. Sur ces hectares de rien devenus théâtre d'une utopie temporaire, chacun tente d’abattre les digues sociales et ses propres barrières intérieures dans le respect d'autrui. Et sur son vélo, Eric Bouvet pédale au milieu du désert en souriant. Dans cette démesure, participer au délire est la règle. Le reporter est alors autant témoin qu'acteur de cette formidable expérience hors du temps. En 35 ou 50 millimètres, ses objectifs dansent parmi les corps nus ou parés de panoplies sophistiquées sous la lune ou sous le soleil. Les nuits sont plus démentes encore que les jours. Éclairés de toute part, les camions mutants illuminent le désert et leurs larges enceintes font se trémousser des individus dingues, masqués et excentriques. Pour se repérer dans cette cité merveilleuse et immense, les oreilles du photographe deviennent son meilleur GPS, captant au grè du vent le son du reggae, du disco, du rock ou de l'électro.
Avant que le désert ne soit débarrassé du toute trace de passage et qu'il ne soit rendu au silence, les œuvres périssent par le feu au cours de grandes cérémonies tribales et païennes qui brillent intensément au fond des yeux du reporter. Photojournaliste multiprimé, Eric Bouvet exprime depuis cette expérience sensorielle et physique rare un amour encore plus fort pour son métier. Cette exposition exceptionnelle de créativité, d'extravagances, de joie, de couleurs et de paix nous livre les journées magnifiques d'un photographe plein d'envie.
© Eric Bouvet