
© Olivier Voisin
Le photographe Olivier Voisin est décédé le 24 février 2013 à Antakya, en Turquie.
Deux jours plus tôt, il a été touché par un éclat d’obus à Idlib, en Syrie.
Humaniste révolté au parcours atypique, il fut entraîneur de rugby, séminariste, ingénieur et photojournaliste.
Olivier Voisin reprend la photo à trente-six ans pour se rapprocher de ce qu’il jugeait essentiel. Il a accepté de risquer sa vie pour témoigner et interroger la condition humaine.
Il s'était notamment rendu au Liban, en Israël, au Maroc, en Egypte, en Libye, en Pologne, en Argentine, au Brésil, aux Etats-Unis, en Haïti, en Sicile, en Somalie, au Kenya, en Turquie et dans son pays d'origine, la Corée du Sud.
Formé spontanément, un collectif d'amis proches d'Olivier Voisin a souhaité lui rendre hommage à travers une exposition rétrospective de son œuvre. Une trentaine de clichés sont exposés du 8 avril au 14 juillet 2013 dans les locaux de la Scam (5, avenue Vélasquez 75008 Paris). Le vernissage est prévu le lundi 8 avril, à 19 heures.
Le parcours de l'exposition s'ouvre avec une salle consacrée à son travail réalisé en Syrie depuis août 2012, avec notamment trois clichés pris le 21 février dernier, quelques minutes avant qu'il soit mortellement blessé. Une seconde séquence s'organise autour de photographies issues de ses reportages en Libye, en Somalie, en Haïti ou au Brésil.
En écho aux images, le fil de l'exposition donne aussi à lire des extraits des écrits d’Olivier Voisin, dans lesquels il s'interroge sur son métier, sur « ce qui pousse une personne à aller voir la guerre et la rapporter », et sur le sens qu'il donnait à « la rencontre de l'autre, chez lui, dans son contexte de ruptures multiples ».
Le public est invité à découvrir un regard posé avec justesse et humilité sur des hommes et des lieux, sur la profondeur de « l’infini humain ». « Parfois, c’est très moche. Parfois c’est très beau », écrivait le photographe. Dans ses clichés, la beauté se cogne au réel. A travers ces documents rares sur les peuples et la guerre, sur l'intime et l’universel, l'exposition met en lumière le témoignage unique laissé par Olivier Voisin.
Un film réalisé à partir des dernières photos retrouvées dans son appareil sera projeté le soir du vernissage à l'auditorium de la Scam. A travers une mise en séquence brute des clichés qu’il a pris les 20 et 21 février, juste avant d’être blessé, la vidéo témoigne des conditions extrêmes de son travail de photographe.
Exposition réalisée avec le soutien de la Scam, France 24 et Paris Match.
Biographie
Olivier Voisin est né à Séoul en mars 1974, puis a été adopté à l'âge de trois ans par une famille de Givry (Saône-et-Loire). Il a toujours été passionné par l’image - d’abord le dessin, puis la photo. À l'âge de 20 ans, il s'est mis à sillonner la planète avec son appareil en rêvant de pouvoir en faire son métier. Mais il a finalement abandonné ce rêve pour une vie plus rangée et un métier d'ingénieur informatique. À 36 ans, il a décidé de retourner à Séoul avec un numéro de dossier sous le bras et le nom de l'agence qui s'est occupé de son adoption. Il souhaitait retrouver sa famille biologique ou, du moins, retourner dans l'orphelinat qui l'avait recueilli avant son départ pour la France. Ce voyage qu'il avait si longtemps désiré, redouté et repoussé a finalement bouleversé sa vie. Il a retrouvé sa mère avec qui il a renoué un contact très fort. Mais il a également eu le sentiment de découvrir les dessous de l'adoption internationale. Après ce voyage, il était animé par l'envie irrépressible de renouer avec la passion de ses 20 ans. Le sentiment d'avoir été victime d'un trafic d'État a titillé sa fibre journalistique et son envie d'interroger la condition humaine à travers le monde. Il a repris son appareil photo. En janvier 2011, il est allé en Haïti alors qu'une épidémie de choléra sévissait sur l'île. Puis il est allé en Libye, en Somalie, au Brésil, il aimait travailler à Paris... En janvier 2012, il a commencé à envisager de partir en reportage en Syrie. Il a mûri ce projet pendant six mois avant de finalement franchir le pas et rejoindre Alep au mois d'août dernier. Il s'est alors totalement investi dans un projet de reportage au long cours. Il y est retourné début janvier 2013, puis au mois de février dernier quand il a été touché par un éclat d'obus.