Prohibido Cantar / No Singing, 2012 © Jordi Colomer
Galerie Michel Rein 42, rue de Turenne 75003 Paris France
JORDI COLOMER, DEFENSE DE CHANTER
La galerie Michel Rein est heureuse de présenter « Défense de chanter » la troisième exposition personnelle de Jordi Colomer à la galerie après « Arabian Stars » en 2005 et « Le Dortoir » en 2002. La fondation d’une cité n’est pas forcément un acte héroïque. Chaque jour, de nouvelles villes s’érigent, faites d’eau, de béton, de sueur et d’argent. Certaines sont – quasiment – une idée pure. Il est des cités de verre qui poussent dans le terreau des bureaux d’études, et d’autres à partir de tôle et de carton qui dansent au rythme de leurs propres habitants. Un jour, alors que la police les poursuivait, le camion d’un groupe de hors-la-loi tomba en panne au beau milieu du désert. Ils ne pouvaient ni continuer ni faire demi-tour. Ils finirent alors par fonder une ville paradisiaque, la cité d’or, où le pire des crimes était de ne pas avoir d’argent. Cette ville fut appelée Mahagonny, et Bertold Brecht l’imagina au moment même où Las Vegas commençait à modeler l’image de la cité telle que nous la connaissons aujourd’hui.
Dans Prohibido Cantar / No Singing (Défense de chanter) (2012) des personnages créent un tripot où ils proposent de l’argent, des tours de passe-passe, de l’amour et de la nourriture à bas prix. L’action se déroule au bord d’une route poussiéreuse, au moment précis et sur la même parcelle de terrain où a été planifiée la construction d’une grande ville privée dans le quasi-desert des Monegros, près de Saragosse en Espagne. Avec trente-deux casinos, Gran Escala, qui devait attirer 25 millions de visiteurs, ne verra jamais le jour, mais en même temps le projet d'Euro-Vegas, près de Madrid, en a pris le relais. Ces images montrent comment prospère la ville d’Eurofarlete, sous un soleil écrasant et de fortes rafales de vent. Des fragments de ce qui s’y est passé durant deux jours permettent peut-être de comprendre l’organisation nécessaire à la survie dans un lieu où tout est en vente à prix réduit, mais aussi à n’importe quel prix.
L’exposition présente également une œuvre inédite de Jordi Colomer, Poble Nou (2013). Le parking de Poble Nou, un ancien quartier industriel de Barcelone en constante évolution, est l'une de ces zones "hors la loi" que l'on trouve souvent dans les travaux de Colomer : les déserts, mais aussi des zones urbaines comme les toits abandonnés, investis et réactivés dans Istanbul map (2010) ou Crier sur les toits (2011), ou encore les friches où marche le personnage d'Anarchitekton, indiquant les limites de Barcelone, Brasilia ou Bucarest. Il s'agit, comme dans Prohibido Cantar / No Singing (Défense de chanter), d'un espace en «suspension», où était planifié un macro-projet qui n'a jamais eu lieu, et que les personnages utilisent de façon imprévue. Les voitures qui s'y trouvent garées temporairement – le temps par exemple d'aller à la plage – ou le groupe de personnes en deuil qui le traverse avec un cercueil, échappent à la planification officielle. On parle de ce qui simplement "a lieu" et nous avons le privilège d'assister à une rencontre fortuite, un moment où plusieurs choses doivent correspondre. Un couple de jeunes russes en vacances qui vient d'arriver dans la ville et le passage accidenté et éphémère des voisins. Comme toute rencontre fortuite, celle-ci prend un air absurde à la Buñuel, et est médiatisée par les commentaires improvisés de Yulia et Andrei qui, dans l'installation, sont traduits en plusieurs langues.
Prohibido Cantar / No Singing, 2012 © Jordi Colomer
JIMMIE DURHAM, WORKS ON PAPER: THE SACHÉ SERIES
La galerie Michel Rein a le plaisir de présenter « Works on Paper: the Saché Series » du 6 avril au 1er juin 2013. La galerie représente Jimmie Durham depuis dix ans. Cette collaboration a donné lieu à trois expositions personnelles à la galerie : « Une pierre presque volante » (2004), « Labyrinth » (2007) et « Regarde » (2011). Jimmie Durham vit et travaille en Europe depuis 1994. Egalement essayiste et poète, il est l'un des artistes contemporains les plus influents. Son art et sa pensée sont d'une importance cruciale pour de nombreux artistes, commissaires d'expositions et théoriciens, notamment de la jeune génération.
Son œuvre appelle toutes les pratiques artistiques, de la sculpture au sens le plus large du terme, une apparition matérielle dans l'espace, à la performance, la peinture, la vidéo, l’écriture et très souvent le dessin. Sa démarche s’inscrit dans une forme d’archéologie, de découverte mais aussi de classification de ces traces laissées par nos prédécesseurs. Il s’agit alors de comprendre le geste, de le répéter, de se le réapproprier pour mieux discerner les étapes à l’origine de l’invention, les gestes du début de l’acte artistique.
Sans titre17 ("atelier calder series"), 2007, 70 x 49, 5 cm © Jimmie Durham