
© Jérôme Ferrière
DS Souchon la galerie 4 rue de la Source 17200 Royan France
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Odyssée photographique avec les êtres d’exception qui peuplent Ibiza.
A l’aube des années 1980, La Movida espagnole imprègne durablement le jeune Jérôme Ferrière, originaire du Sud-Ouest de la France. A vingt ans, il court la planète, fait escale sous les tropiques et s’initie à la photographie au Brésil. Ses pères sont spirituels et anticonformistes : Helmut Newton, Charles Baudelaire, Serge Gainsbourg, Keith Richards...
Attiré par des délices du corps et de l’esprit interdits ailleurs, le jeune homme atterrit à Ibiza au début des années 1990. L’île est le refuge de tous les « misfit » de la terre, ces personnalités en marge de la société qui refusent le confort facile. Il sont artistes, libres, déterminés et épanouis. Ici, chacun invente ses propres modèles, respecte les codes de l’autre et va jusqu’au bout de tout y compris de l’extrême. Les précurseurs et les créateurs sont à chaque coin de rue et dans la rue. Tout est spontané et responsable : Ibiza est fabuleusement anti-bourgeois.
© Jérôme Ferrière
Entre 2000 et 2010, Jérôme Ferrière constitue une collection unique de visages en photographiant celles et ceux qui font et qui sont Ibiza toute l’année. L’auteur compose cette bibliothèque fabuleuse alors que le tourisme de masse dévore déjà l’esprit pionnier de l’île.
Dans ce catalogue de portraits, un troubadour des temps modernes, spécialiste mondial des show reptiliens, croise une dominatrice officiant dans son donjon en mangeant les hommes par groupe de trois. Un grand sachem du « no go » dialogue avec un ancien DJ de Goa devenu précurseur de la transe psychédélique et maître de la lounge groovy. Parfois, une idole planétaire de la musique électronique leur rend visite.
Patrie des sans-patrie, Ibiza est une nation sans confusion sociale où la lutte des classes est abolie. Les individus, parfois dingues, sont exigeants, libéraux, respectueux et ambitieux : ils se croisent, se côtoient, se frôlent, se caressent, se donnent et ils partagent les mêmes tables et les mêmes levers de soleil.
© Jérôme Ferrière
Les personnages de Jérôme Ferrière sont remarquablement expressifs. Fantasques ou discrets, ils témoignent de la profondeur et de la subtilité de parcours forcement denses et complexes. Les visages sont rarement jeunes et lisses ; ils sont marqués et sculptés par l’effort constant qu’impose une inaliénable volonté de rester créatif, indépendant et autonome. Chaque regard trahit alors que si Ibiza peut tout donner, Ibiza peut tout prendre, tout confisquer, tout saisir jusqu’à la raison, jusqu’à la vie.
La mondialisation globalisée, l’Europe et sa mécanique administrative, l’industrialisation du festif et la phobie du terrorisme sans frontière ont fini par endommager sensiblement l’esprit de liberté et de créativité d’Ibiza. Pourtant, il est encore des bohémiens, des artistes, des marginaux, des excentriques qui se tiennent loin des megaparty et des supermarchés du vice. Le photographe nous parle alors d’une Ibiza enclave où levée des inhibitions ne signifie pas pornographie et où le mot argent n’a toujours pas sa place sur les agendas.
Les photographies de Jérôme Ferrière racontent ainsi une Ibiza refuge et désirable. Une île qui demeure unique au monde.
Benjamin Caillaud - Galerie DS Souchon
Photographies et vignette © Jérôme Ferrière