
© FREDERIC BOURRET
New heArt citY GALLERY 10 rue de Picardie 75003 Paris France
« BEHIND WAITING »
Des sentiments d’incertitude, d’impatience, d’ennui ou de crainte, des émotions de colère, de désir ou de peur face au temps qui s’échappe... Autant d’états qui se succèdent, se mêlent et se cachent derrière l’attente.
A travers l’exposition « Behind Waiting », qui présente une série de photographies prises dans plusieurs capitales mondiales, Frédéric Bourret propose une exploration de ce moment de suspension et d’arrêt avec lequel chaque être humain entretient un rapport spécifique et qui constitue l’attente.
Sous un abri de bus, sur le quai d’une gare, nous avons tous partagé un temps sans heure. Les photographies de Frédéric Bourret incarnent avec force cet état passif, voire contemplatif dénué d’action, où laisser filer le temps devient l’objectif essentiel. Un temps vide et plein, aléatoire et élastique dont découle inévitablement l’ennui qui ralentit la fluidité de l’existence, parfois jusqu’à l’insoutenable.
Avec ses photographies, l’artiste nous projette dans ce que produisent chez l’individu l’attente et l’ennui, indissociables compères qui, lorsque les individus se croisent, les conduisent presque à se confondre. Ces Êtres désincarnés sont réduits, le temps d’un arrêt, à des silhouettes quasi identiques.
A l’encontre de l’attitude contemporaine, qui de manière générale voue une hostilité farouche à la perte de temps, où tout répit est à proscrire, où tout temps mort devient Mort, Frédéric Bourret prend une pause. L’artiste saisit les attitudes des individus à l’insu de leur conscience propre, lorsque la passivité devient un abandon de soi-même, emprisonnés dans un moment suspendu. Les œuvres font émerger un temps d’un autre espace, sans repère, et entrainent le spectateur malgré lui dans une promenade figée. L’action et l’inertie se confondent et conduisent le spectateur au fantasme, celui d’imaginer les pensées qui se heurtent dans l’esprit des individus mis en scène.
Les couleurs et les lumières alternent éclat et pâleur, intensité et densité. Avec ce jeu chromatique, « Behind Waiting » dépeint cette expérience de l’attente, de la langueur qui s’installe juste avant l’action, l’activité, voire la vie.
Frédéric Bourret cherche à livrer des pistes, un "fil rouge". Les affiches, les bannières, sont là pour suggérer des univers, des villes, des cultures. Paris, Bucarest, Tokyo, Valence, Dublin deviennent protagonistes de sa quête, de son monde. A travers ces métropoles, il partage son regard sur la société contemporaine, autant dans son universalité que dans ses différences. Le contraste-couleur efface les expressions, les regards. L'individu devient sans visage, anonyme, presque un symbole. Frédéric Bourret réussit à arrêter le temps, ses protagonistes semblent sans passé ni futur, il les fige dans un moment capturé qui devient éternel.
© FREDERIC BOURRET
FREDERIC BOURRET
Photographe français, né en 1973, l’artiste commence à développer sa recherche sur l’attente au fils des nombreux voyages. Il travaille d’abord à New-York, à partir de 2002, pendant cinq ans, où il entreprend une période d’expérimentation par laquelle il se familiarise avec les cadrages, les reflets et la composition. Pendant son séjour, il côtoie de grands professionnels de la photographie. De cette riche expérience naissent ses deux premières séries :
Tout d'abord ‘New York’, une collection qui, par ses miroitements et ses géométries, rappelle l’imagerie traditionnelle, assimilée, de la ville.
Vient ensuite ‘A découvert’, une belle galerie de nus en noir et blanc, à travers laquelle l’artiste porte un regard devenu bien plus intimiste, soigne la composition et sublime l’objet photographié sans artifices.
De retour en France, Frédéric Bourret décide de se concentrer sur le thème de l’attente qui l'attire tout particulièrement. Le désir d’approfondir cette dimension commune à tous les êtres humains, universelle, se réalise dans l’idée de photographier des abris de bus et des scènes d’attente, quels que soient le pays ou la ville. L’artiste est intéressé plus par la posture que par l’expression même des personnages. L’utilisation du négatif-couleur devient un moteur d’universalité.