
Tokyo, 1962 © Martin Karplus BnF, Estampes et photographie
BNF Bibliothèque Nationale de France - François Mitterrand quai François Mauriac 75013 Paris France
Scientifique américain de renommée internationale, Martin Karplus a parcouru le monde avec son Leica dans les années 1950 et produit des milliers de photographies en couleurs avec les premières diapositives Kodachrome. Une centaine d’entre elles, retirées d’après les films originaux, sont exposées à la BnF. Elles témoignent du regard curieux et profondément humaniste de leur auteur.
Grand Canyon, Arizona, 1956 © Martin Karplus BnF, Estampes et photographie
Chimiste mondialement connu, Martin Karplus a été le premier à développer une théorie fondamentale (l’équation de Karplus) utile pour la résonance magnétique nucléaire (RMN), une spectroscopie devenue l’outil universel pour déterminer les structures des molécules organiques et biologiques. Professeur à Harvard, il a également travaillé avec Jean-Marie Lehn et Jean-Pierre Changeux au Collège de France et il dirige un laboratoire à l’Université Louis-Pasteur de Strasbourg. Mais Martin Karplus est encore étudiant lorsqu’il réalise, au début des années 1950, les 95 photographies présentées dans l’exposition.
Cusco, Pérou, 1960 © Martin Karplus BnF, Estampes et photographie
Né à Vienne, en Autriche, en 1930, il est arrivé comme réfugié aux Etats-Unis avec sa famille en 1938. A 23 ans, diplômé de Harvard et tandis qu’il termine son doctorat à l’université Cal tech (California Institute of Technology), ses parents lui transmettent le Leica IIIC que son oncle Alex avait réussi à emporter de Vienne en fuyant le nazisme. Martin Karplus reçoit en 1953 une bourse de la National Science Foundation et continue sa formation à Oxford au Mathematical Institute.
Près de Metkovic, Croatie, 1955 © Martin Karplus BnF, Estampes et photographie
Entre les sessions de cours à Oxford, s’évadant du huis-clos des campus et des laboratoires, le jeune savant part à la découverte de l’Europe. Il visite la France, les Pays Bas, le Danemark, la Grèce, l’Italie, l’Allemagne, la Yougoslavie, etc. Avec son Leica, il enregistre les lieux, les visages, les rencontres. Il utilise les toutes nouvelles diapositives Kodachrome 35 mm, films de très haute qualité qui mettent la photographie en couleur à la disposition des photographes amateurs. A la fin des années 1950, alors qu’il débute sa carrière scientifique aux Etats-Unis, il voyage en Amérique Latine, en Chine et au Japon, sans jamais se désaisir de son Leica. Martin Karplus réalise en dix ans plus de 4000 diapositives en couleur. Il utilise une focale longue Hector pour photographier des scènes de rue. Cette optique permet de viser sans être en face pour obtenir des portraits très naturels. C’est ce même procédé que Paul Strand et Walker Evans, les pionniers américains de la Street Photography, utilisaient dans les années 1920. Les diapositives sont ensuite demeurées dans leurs boîtes pendant quarante ans, Martin Karplus s’étant totalement consacré à ses découvertes scientifiques. A la fin des années 1990, il rencontre un remarquable technicien de la photographie, Paul Sims, qui scanne pour lui une sélection de ses diapositives, mettant à jour des images aux couleurs et à la fraîcheur intactes.
Londres, 1954 © Martin Karplus BnF, Estampes et photographie
Ces œuvres témoignent du regard curieux d’un jeune savant attentif au spectacle de la rue, aux visages croisés au hasard de ses déambulations. Au-delà de la veine de la photographie humaniste qui l’a sans doute influencé, on remarque chez Martin Karplus une compréhension instinctive du langage propre de la couleur qui structure et anime ses images.
Les images exposées sont des tirages modernes à partir des diapositives originales, réalisés par le laboratoire Picto.