Photos et vignette © Pierre Cambon
L’expression artistique de Pierre Cambon est multiple. Ses questionnements sont à la croisée des chemins et leurs matérialisations empruntent des chemins de traverses où photographie, gravure, dessin et chorégraphie multiplient les combinaisons pour se retrouver sur un même territoire : celui de l’équilibre. Il recherche un point de basculement entre intime et ostensible, une balance entre lumière interne et lueur externe, et devient le maître d’une danse entre grains d’argent et pigments. Au final, une émanation matérielle de l’intériorité
L’exposition « Jeter l’encre » est composée de plusieurs séries qui mélangent toutes les techniques et les outils. Les images sont retravaillées sur un film transparent, transcrites par procédé photographique sur une plaque pour en faire une matrice en taille douce, puis tirées sous presse.
© Pierre Cambon
Le lien est au cœur des séries « Du couple » et « Humanum est, dialogue avec l’ombre ». Il est question d’étreintes, d’empreintes, dans un dialogue entre féminin et masculin, entre corps et dessin.
Il s’agit de photographier un dessin dans un espace, et non de dessiner sur une photographie. Dès la prise de vue, le dessin se mêle à la réalité du modèle, à moins que ce ne soit l’inverse, brouillant les pistes, tel des miroirs se superposant l’un l’autre, comme un jeu entre réalités et fantasmes.
La matrice prend forme, le résultat s’éloigne de la réalité photographique comme de celle du dessin. L’image acquiert une « tessiture » qui témoigne d’une nouvelle réalité onirique et que l’impression en taille douce enrichie de cette plastique propre à l’estampe.
C’est la phase ultime d’une danse qui nous est offerte dans cette série. L’enlacement final du corps et de l’oeuvre picturale. Un rêve impossible se matérialise.
Dans « Le vaste et l’interne », Pierre Cambon interroge notre humanité, notre intériorité à travers une série de photogravures héliographiques. De prime abord hétéroclites, ensemble ces images nous invitent à un voyage intérieur et sonore. Les bruissements des forêts, le son des vagues sur les plages, semblent résonner à l’intérieur des corps et les guider dans leurs déplacements, dans leur recherche de l’équilibre.
© Pierre Cambon
Un mouvement de va et vient s’instaure alors entre l’homme et les éléments. L’immensité de l’esprit, ses chemins tortueux et noueux s’incarnent dans ces paysages.C’est une certaine intimité qui s’exprime dans la somme de ces propositions.
La dernière série, « De l’effacement » nous entraîne vers la dématérialisation du corps, vers sa sublimation, au sens chimique du terme. Dans ces images, issues de poses très lentes sur fond blanc, ne subsiste que ce qui pourrait être « l’âme » du corps. Sa trame.
Le corps devient éther et cherche à exprimer l’autre nature de cette enveloppe terrestre par laquelle nous habitons ce monde. Peut-on exprimer par l’esprit ce corps fait d’os et de chair mais qu’une autre dimension anime ?
Pour Pierre Cambon, cette série est la quête d’un blanc, d’une lumière ténue, d’une lueur. L’essence même de l’être.
© Pierre Cambon
Dans le cadre de l’exposition «Jeter l’encre»
3 workshops de 2 jours sont organisés par Pierre Cambon et le Centre Iris, 7 & 8 juin, 10 & 11 juin, 14 & 15 juin 2013