© Marie Bovo
American Gallery 10 bis rue des Flots Bleus 13007 Marseille France
« [...] Marie Bovo n’a pas d’atelier. Son atelier est sa maison et son jardin. Elle a filmé des tourterelles en train de picorer des grappes de raisin à côté de la véranda. Elle travaille dans un bureau carré dont la surface n’est guère plus grande qu’une de ses photos : cours intérieures, plafonds blancs des entrées d’immeubles, toits de Bab-el-Louk au Caire, lieux nocturnes. Il y a chez elle une permanence de la ville, de ses bâtiments et de la nuit. Mais avant tout peut-être, le format de ses grandes photographies proches du carré donne un sentiment d’unité : un carré dans un carré pour les cours intérieures, par exemple, mais aussi, parfois, pour les plafonds blancs aux motifs en stuc maculés par des ballons de foot. [...]
La pratique est ancrée dans le quotidien et le reportage mais elle ne rappelle ni l’un ni l’autre. Les cours intérieures et les plafonds sont monumentalisés par leur symétrie. Ce sont des fragments d’architecture et même leur épure. Rien donc de familier, mais au contraire une recherche de la beauté dans ce qu’elle a de solide. Le lent morphing vidéo sur un bouquet de lys qui se fane est une vanité voluptueuse. Dans ses vidéos proches de la nature morte, Bovo montre l’écoulement de la vie dans ce qu’elle a de sensuel. Mûrissement de kaki.
Là non plus, nous ne parlons pas d’écoulement de temps mais de vie parce que nous sentons dans la fleur la mutation organique. Dans une autre vidéo, des tourterelles becquettent des grappes de raisins. Bovo s’est souvenue d’une légende du peintre Zeuxis. Cette vidéo cherche la chair. Rien n’est moins illusoire ni illusionniste que ces grappes ni le manège des oiseaux. Il y a une tentative d’incarnation, et ce avec une technique réputée inconsistante en matière, la vidéo. Même en HD, c’est léger en comparaison de l’empreinte argentique. Plus c’est vide et plus on va chercher dans l’image l’impossible pari de l’incarnation. [...]»
Extrait de La Planque, 13 ateliers d’artistes à Marseille, Editions Parenthèses, texte de Frédéric Valabrègue, 2011
Le vernissage de l'exposition aura lieu le dimanche 10 mars à 14h30