
© Michèle Sylvander
Pavillon de Vendôme 13 rue de la Molle - 32, rue Célony 13100 Aix-en-Provence France
Le Pavillon de Vendôme, séduisante folie héritée du Grand siècle, idéalement situé au coeur de la cité d’Aix-en-Provence, propose une exposition d’art contemporain intitulée “Tisser des liens”.
Conçue en liaison et cohérence avec les grands thèmes des programmes de Marseille Provence 2013 et inscrite dans le vaste projet de territoire du FRAC Provence Alpes Côte d’Azur, sur le thème d’Ulysse, la sélection valorise et encourage la diversité. Les treize artistes retenus, d’origine et de pays différents riverains de la Méditerranée, proposent des approches expérimentales représentatives de la variété des processus créatifs actuels. Les oeuvres sélectionnées, évoquent les questions des expressions et/ou représentations du féminin à travers tous types de supports (dessins, installations, objets, photographies, vidéos). En liaison avec le mythe de Pénélope, un accent particulier est mis sur des productions liées au travail du textile, dans ses aspects traditionnels ou actuels, du passé au présent (le tissage, la tapisserie, la couture, les broderies, le travail sur tissu, ou à partir de fibres). L’utilisation du textile dans l’art contemporain est souvent l’apanage des femmes ; il est utilisé soit en rapport à l’intime, soit en rapport au lien social. Vaste corpus fictionnel, le thème de Penelope tisseuse, permet d’explorer un large spectre de questions métaphysiques, mais aussi d’interroger la place et l’histoire des femmes.
© Carolle Benitah
La particularité de cette exposition est de mettre en rapport la poétique Odysséenne avec la mythologie du tissage. “Autour de la toile de la Reine d’Ithaque se mêlent les thèmes du mariage, de la féminité, de la métis, et de la mémoire. Pénélope brouille les distinctions entre le tissage métaphorique et le tissage littéral” : l’activité de tissage est le noeud de passage d’un monde à l’autre, du réel au virtuel, du passé au présent.
L’exposition, montre comment, à partir du fil, matériau primaire et commun à toutes les civilisations, chaque artiste tisse un récit singulier en s’emparant de cet élément traditionnel pour l’inscrire au coeur de sa création. Qu’il soit souple, tendu, tissé, ou transformé, le fil est employé comme n’importe quel autre médium artistique. Autrefois associé au canevas de la toile, il devient aujourd’hui un vecteur de transgression, un moyen de repenser la peinture, l’espace, la matière, et la couleur. A la fois fragile et résistant, précieux et sensuel, il forme ici le support ou le sujet de l’oeuvre d’art... Toutes très différentes dans leur conception et leurs sujets, les diverses réalisations visibles filent toutes des métaphores avec le mythe de Pénélope, tisserande de l’utopie.
Caroline Clément
● L’exposition Tisser des Liens, se développe sur la totalité de l’année 2013, et s’échelonne en trois volets : deux expositions collectives, et une exposition personnelle.
Certaines des oeuvres présentées seront issues des collections publiques, mais la plupart des artistes invités ont le désir de jouer la carte de la création in situ. Ainsi chaque artiste réalisera dans un salon qui lui sera dévolu, des pièces originales créées pour le lieu et en relation avec la thématique de Pénélope.
● Du 15 mars au 16 juin : Tisser des liens - Au fil du temps. Vernissage le jeudi 14 mars à 18h30
Une première exposition collective évoquera les notions de temps, de mémoire et d’espace avec des oeuvres d’Isa Barbier, Carolle Bénitah, Pierrette Bloch, Marie Ducaté, Aïcha Hamu, Anne- Marie Pécheur, Michèle Sylvander.
● Durant l’été, du 29 juin au 29 septembre : Carte blanche à Aïcha Hamu Vernissage le vendredi 28 juin à 18h30
Entre les deux expositions collectives, Aïcha Hamu investit l’ensemble du lieu, et donne à voir plusieurs propositions plastiques étonnantes, en résonnance avec l’Histoire de ce Pavillon d’amour, et les collections du musée. Tisser des liens, au sens propre comme au sens figuré... entre la mythologie et l’imaginaire contemporain.
● Du 12 octobre au 31 décembre : Tisser des liens - A fleur de peau. Vernissage le vendredi 11 octobre à 18h00
La deuxième exposition collective s’articulera autour de la présence du corps, voilé/dévoilé, celle de l’identité et de l’intime, avec des oeuvres de Ghada Amer, Sophie Menuet, Valérie Belin, Ymane Fakhir, Michèle Sylvander, Julie Legrand, Chiharu Shiota.
● Artistes, liste pouvant subir d’éventuelles modifications :
Ghada Amer – (Égypte, vit et travaille à New-York)
Isa Barbier - (vit et travaille à Marseille)
Valérie Belin - (vit et travaille à Paris)
Carolle Benitah - (vit et travaille à Marseille)
Pierrette Bloch – (Paris)
Marie Ducaté - (vit et travaille à Marseille)
Ymane Fakhir – (vit et travaille à Marseille)
Aïcha Hamu - (vit et travaille à Nice)
Julie Legrand - (vit et travaille à Paris)
Sophie Menuet - (vit et travaille à La Seyne-sur-Mer)
Anne-Marie Pécheur - (vit et travaille à Marseille)
Chiharu Shiota – (Japon, vit et travaille à Berlin)
Michèle Sylvander - (vit et travaille à Marseille)
Durant l’été, du 29 juin au 29 septembre : Carte blanche à Aïcha Hamu
C’est en puisant dans les archives et dans l’Histoire du Pavillon Vendôme à Aix en Provence où elle est invitée à intervenir dans le cadre de Marseille 2013 que Aïcha Hamu conçoit son exposition. Le lieu n’est pas neutre et l’artiste a bien l’intention d’en faire son affaire.
Depuis la jeune femme cousant à l’arrière-plan du portrait présumé de « Gabrielle d’Estrées et de sa sœur la Duchesse de Villars ou la Maréchale de Balagny » (la grand-mère du Duc de Vendôme trônant au Louvre) en passant par la chambre d’apparat, les hors-champs supposés des tunnels souterrains jusqu’au magnifique jardin à la française du site, l’artiste s’empare de la substantifique moelle pour donner corps à un parcours mental que le visiteur s’appropriera.
Aïcha Hamu a pour habitude de planter son décor dans le décor pour provoquer des interactions.
Citons un exemple :
Sans titre (Dreams that money can buy) » est une réalisation de 2008 qui a été montrée à l’exposition « Ère de repos » au château d’Avignon en Camargue. Sur le baldaquin d’un lit, dont les drapés en satin rouge se répandent sur le sol comme une grosse flaque de sang et vont jusqu’à dégouliner à travers la fenêtre, en se répandant sur la façade, Hamu a dessiné par usure, selon le procédé dont elle est virtuose, un photogramme issu d’un petit film de Max Ernst, qui faisait partie du film collectif surréaliste « Dreams That Money Can Buy » dirigé par Hans Richter. À forte teneur onirique, érotique et morbide (une belle endormie se fait approcher par un vampire), le film est ici cité par Hamu dans un contexte idoine (un lit), mais l’installation prend tout son intérêt si on l’interprète comme l’épanchement dans le réel et sur les objets des rêveries surréalistes et des images cinématographiques. Thomas Golsenne.
Aïcha Hamu présentera notamment l’installation « Dystopia » sorte de Babylone décrépite faite de jardins à la française tissés en cheveux africains et érigés sur des socles blancs faisant office de maquettes architecturales. Dystopia est une œuvre in progress démarrée en 2010 et présentée pour la première fois pour l’exposition « METOPIA » à la galerie Catherine Issert.