© Tadashi ONO
Galerie VivoEquidem 113, rue du Cherche-Midi F-75006 Paris France
La galerie VivoEquidem présente les photographies de Tadashi Ono prises entre le 247ème et le 341ème jour le long du littoral japonais ravagé par le tsunami du 11 mars 2011. Ce travail photographique effectué à l’origine pour la revue suisse d’architecture Tracés est apparu en fin de compte comme un regard capable de mesurer la distance de l’homme par rapport au monde.
Le 11 mars 2011, à 14 h 46, un grand séisme de magnitude s’est produit à Tohoku, région du nord-est du Japon. L’épicentre se trouvait au large de la côte de Sanriku, où se succèdent des baies complexes et de ports de pêche. Le tsunami qui a suivi a détruit la quasi-totalité des côtes habitées et créé des scènes apocalyptiques, emportant près de 20 000 âmes.
Le gouvernement et les médias ne cessent de souligner qu’un tsunami de cette envergure ne se produit qu’une fois tous les mille ans pour insinuer que l’accident de la cen- trale nucléaire de Fukushima était imprévisible. Alors qu’en réalité, c’est le quatrième grand tsunami de l’ère moderne, après celui de 1896, 1933 et 1960.
© Tadashi ONO
En novembre 2011, huit mois après le désastre, Tadashi Ono a commencé à voyager le long du littoral dévasté, étendu sur les trois préfectures : Iwate, Miyagi et Fukushima.
Les décombres ont été nettoyés et entassés comme des montagnes. Diverses espèces d’herbes ont repris possession des terrains vagues. Les oiseaux reviennent dans le centre-ville, vidé de ses habitants. En marchant sur le bord de la zone inondée, il a photographié ces paysages suspen- dus, en transition. Dans ces images, divers artefacts régis par le principe de priorité économique sont transfigurés par la mer. Leurs limites deviennent floues. Épaves de voitures, quintessence de produits industriels semblent mimer la forme de vagues ou de montagnes.
Sous le vent qui balaye les terrains vagues, Tadashi Ono dit qu’il a souvent eu l’illusion d’être un photographe du 19e siècle, en Égypte ou au Mexique. Digues détruites, routes coupées, fondations exposées... Ces constructions de notre civilisation moderne sont devenues les ruines d’un site archéologique. Comme si le tsunami nous avait tout d’un coup projetés vers le futur...
Tadashi Ono
© Tadashi ONO
Né à Tokyo, vit et travaille à Kyoto et à Paris. Il est diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles et dirige, depuis 2011, la nouvelle section de photographie-art contemporain au sein de la Kyoto University of Art and Design.
Son travail photographique se veut un questionnement sur l’architecture, l’environ- nement et l’histoire. L’artificialité des paysages façonnés par l’homme ou encore les rapports de force entre la périphérie urbaine et le centre sont quelques-uns des sujets qui traversent ses séries. Ses travaux photographiques sont exposés notamment à la Bibliothèque nationale de France et au Museum of Modern Art de Tokyo. Il a également réalisé en 2006 l’archive photographique du Cyclop, l’œuvre majeure de Jean Tinguely, pour le centre national des Arts plastiques.
Depuis 2007, il mène divers projets de recherche photographique en Asie du Sud-Est et participe à Photoquai 2009, la biennale du musée du quai Branly, en tant que commis- saire d’exposition sur cette région.
Photos et vignette © Tadashi Ono