© Quentin Caffier
Galerie Edition Photo 21, rue Notre Dame de Nazareth 75003 Paris France
Après des études en sciences humaines (hypokhâgne et khâgne), j’ai intégré l’ENS Louis Lumière dont je suis sorti diplômé en juin 2008. Aussitôt, je participe à quelques concours et remporte notamment le prix Broncolor en 2008 et le prix SFR Jeunes Talents en 2009. Après plusieurs expositions à Paris (Artcurial, Galerie 13 Sévigné, Glaz’art, Salon des Miroirs...), je commence à travailler comme photographe de Mode et de Publi- cité, tout en continuant à réaliser des séries personnelles (CaCoPhonie, Constellation, Digital Heroes...). Je cherche également à mêler Mode et Art Contemporain en invitant des artistes plasticiens dans des séries transversales : Origaming (Stefania di Paolo), Danse Macabre (Jim Skull).
En septembre 2011, je m’installe avec 4 associés aux portes de Paris pour créer un studio de création : le studio Five Monkeys. Ce dernier est un lieu d’expérimentation technique et de création artistique. Nous y pratiquons la photographie, la vidéo, le scan 3D (Solide Xpress), l’illustration et le design textile (Rozfluo).
Depuis Juin 2012, je fais également partie du programme Canon Ambassador au rang d’Explorer.
Parmi mes influences on compte les photographes Erwin Olaf, Desiree Dolron et Guy Bourdin, les cinéastes David Cronenberg, Wes Anderson et Darren Aronovfsky, les musiciens David Bowie, Bob Dylan et Trent Reznor...
La série «Onnagata», est la plus récente (2012). S’inscrivant dans une esthétique très proche de la mode, elle présente 3 éphèbes transgenres en kimono tradition- nels, rejouant ainsi les «onnagatas» : des comédiens travestis du kabuki traditionnel
(XVIe siècle). Je cherche de cette manière à explorer la question du genre et de sa représentation. Relayée par le magazine Lash, la série s’est propagée sur des nom- breux blogs français, américains, chinois et japonais.
© Quentin Caffier
© Quentin Caffier
Avec «Philoctète» (2006-2008), j’explore la question de la représentation de la douleur en photographiant des performances corporelles connues sous le nom de «suspensions». La question est moins ici de prendre parti sur le bien-fondé de cette pratique tribale ancestrale réintroduite en occident par le mouvement des «modern primitives» dans les années 60 que de s’interroger sur la psychologie du spectateur. En tant que photographe, quelle marge de manoeuvre ai-je pour montrer l’immontrable : la souffrance auto-infligée.
JEAN-PAUL BATH
Il fût un temps où luxe rimait avec calme et volupté, ordre et beauté. Dans notre époque schizophrénique, les glossy magazines extrapolent souvent luxe en luxure, trash et porno chic, où s’exhibent des éphèbes adolescent exprimant un vide existentiel.
Jeune talent prometteur, courtisé par ces mêmes magazines, Quentin Caffier prend ses distances ou marque sa différence, par sa palette personnelle. A l’instar d’un Hel- mut Newton qu’il cite volontiers, dénonçant des diktats esthétiques, Quentin, lorsqu’il shoote pour la mode, apporte un nuage de fumée pour suggérer une odeur de soufre à ses modèles aux plastiques idéales. A une lumière ultra léchée et sophistiquée qui aurait pu le faire glisser dans un Pierre & Gilles de bon aloi, il ajoute une explosion, une poussière d’étoiles, les flammes de l’enfer. Pour enfoncer le clou, lorsqu’il a la liberté de son sujet, il choisit avec quelque esprit de provocation un sujet à proprement parler douloureux. Mais paradoxalement, c’est alors que Quentin approche un certain mysticisme, une pause extatique. Pendus par des crochets ou par la corde, ces sujets semblent vouloir transcender dans leur souf- france les travers d’une civilisation décadente.
Philoctète masochiste et Onnagata transgenre, tels Thanatos et Eros, présentent deux approches bien différentes que Quentin souligne avec art dans deux traités opposés. Noir et blanc, style réaliste, matières brutes, plans serrés, proche d’un photo repor- tage clinique, dans la première série, évoquent la rigueur du retable d’Issenheim de Matthias Grünewald. Eclairages soignés, mise en scène soyeuse et acidulée, cadrage classique, dans l’autre, où seule la rugosité de la corde rappelle le supplice sous-jacent et un sadisme à la subtilité toute japonaise de Nobuyoshi Araki.
Comme Richard Avedon dans sa série testament Mr &Mrs Comfort, Quentin prolonge ainsi le tango serré des photographes, entre mode et art conceptuel, détournant les riches mises en scène de studio pour résister à la tentation du confort esthétique, et chercher une âme dans un univers de Dolce Vita.
Jean-Paul Bath
directeur général d’Art Actuel
Vignette & photos © Quentin Caffier