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Les sans terres de l’Europe
Le rejet des Roms
En juillet 1999, peu de temps après le départ forcé de forces serbes du Kosovo, je pris des photos de maisons en feu à Pristina. C’était des maisons de Roms. Ils furent accusé de collaboration avec les Serbes. Peu de temps après, les forces de l’OTAN durent les protéger dans des camps de réfugiés.
Beaucoup de Roms quittèrent alors le Kosovo pour la Serbie. Comme personnes déplacées à l’intérieur d’un pays ( Internal displaced persons ), ils vivaient dans de terribles conditions, dans des maisons faites de cartons et de bois, sans électricité et eau courante. Ils vivent sous une gare à novo Belgrade ( nouveau Belgrade ) sous des échangeurs d’autoroute ou bien dans des bois à la limite de la ville, de manière à ne pas être vus de la population.
Dix ans après avoir fuit le Kosovo, la situation des Roms n’a pas changé. Souvent, les soins de santé leur sont refusés dans les hôpitaux car leur papiers d’identité ne sont plus valides, et ils ne peuvent pas les renouveller car ils n’ont pas d’adresses.
En république tchèque, les néos nazis manifestent violemment contre des quartiers où vivent des Roms. En Hongrie, des attaques ont eu lieu contre des villages Roms causant la mort de plusieurs d’entre eux. En Slovaquie, les enfants Roms sont souvent forcé d’aller dans des écoles pour enfants handicapés mentaux. Leurs chance de recevoir une vraie éducation sont ainsi réduites à zéro. Des villages traditionnels Roms sont programmés à la destruction par la volonté de politiciens locaux désireux de se débarrasser de cette population. Ils seront déplacés dans des bâtiments pas pensés pour leur manière de vivre. De nombreux quartiers Roms de villes slovaques ou tchèques ressemblent plus à des bidonvilles qu’à autre chose, sans eau courante si ce n’est un robinet pour tout le quartier.
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Une population de 10 à 12 millions d’habitants est victime aujourd’hui en Europe d’un ostracisme dans tous les pays où elle vit, ainsi que les pays où elle cherche à se réfugier. Nous sommes au début du 21 ème siècle et nous faisons l’Europe que nous voulons être un havre de paix, mais sans doute pas d’égalité.
Aujourd’hui les Roms sont la plus grande minorité transnationale en Europe. Avant la deuxième guerre mondiale, la plus grande minorité était constituée par les Juifs d’Europe. La haine, le racisme, ont mené à la plus grande catastrophe jamais connue dans le monde. La plupart des Juifs d’Europe furent exterminés avec, à leur côté un très grand nombre de Roms.
Avec la chute de l’Europe communiste et la désastreuse situation économique qui s’en suivit, les populations Roms furent les premières touchées par les licenciements. Le marché du travail se ferma inexorablement pour eux, et seules les aides sociales des gouvernements leur permit de subsister.
Photos et vignette © Alain Keler / M.Y.O.P