Nomade avec son aigle, Kirghisie soviétique, 1932 © Fonds Ella Maillart/Musée de l’Elysée
Théâtre La Passerelle 137, Bd Georges Pompidou 05010 GAP France
Douée d’une énergie extraordinaire et d’une inépuisable curiosité, Ella Maillart (1903-1997) a su donner des réponses humaines et personnelles à ses révoltes face aux préjugés et à l’exclusion. Après des rêves de mer, elle entreprend un premier voyage terrestre à Moscou en 1930, qui la met définitivement sur la longue route de l’Orient et décide de sa carrière d’écrivain et de photographe.
Lorsqu’on jette un regard rétrospectif sur la vie d’Ella Maillart, rien ne semble être dû au hasard. Son premier voyage est financé par la veuve de Jack London, rencontrée à Berlin. Elle fait ses premières photographies avec des déchets de pellicule donnés par le grand cinéaste soviétique Vsevolod Poudovkine, qui lui prodigua conseils et encouragements. Son premier Leica lui est offert par le Dr Leitz en personne, impressionné par les photographies qu’elle ramenait, en toute modestie, du Turkestan russe.
Temple de Hanuman, Bénarès, Uttar Pradesc, Inde, 1961© Fonds Ella Maillart/Musée de l’Elysée
Elle pratiqua une photographie libre et mobile, caractérisée par une esthétique sobre, immédiate, qui laisse à l’esprit sa liberté et au regard son acuité. Si ses photographies ont souvent un caractère ethnologique, elles ne donnent jamais l’impression d’avoir été volées. Elles témoignent avant toute chose d’une certaine forme d’échange et d’un sentiment de respect, qui constituent une grande part de leur beauté.
Ella Maillart a vécu selon son goût de la différence. Évitant le reportage rapide ou superficiel, elle s’est immédiatement tournée vers le livre, apte à rendre substantielle l’expérience toujours approfondie de ses rencontres. Elle incarne cette nouvelle génération de femmes indépendantes qui deviennent dans les années trente photographes, écrivains et journalistes, telles Marianne Breslauer, Gerta Taro ou son amie Annemarie Schwarzenbach.
Ses photographies montrent la qualité de regard et l’originalité qui illustrent sa personnalité. Au-delà de la
nostalgie obligée des sujets, ses photographies touchent à l’essence de l’être humain et illustrent l’intérêt incontournable qu’elle a toujours eu pour les autres.
Durban square, porte de Hanuman, Katmandou, 1951© Fonds Ella Maillart/Musée de l’Elysée
Photos et vignette © Ella Maillart
DANIEL GIRARDIN, Conservateur du Musée de l’Elysée