
© Odrelom
Le Hangar de Marcel 24 cour des petites écuries 75010 Paris France
La place de l’iphotographie dans le quotidien des femmes : ou l’art d’embellir le trivial
Pourquoi les femmes ressentent-elles le besoin de montrer leur proximité, leur famille et comment en arrivent-elles à sublimer le domestique (les enfants, la maison, le quotidien, les vacances...) ?
Les nouvelles fonctionnalités de la photographie mobile sont créatives, ludiques et récréatives : elles facilitent la libération de la créativité des femmes, elles s’expérimentent comme un terrain de jeu où la magie des filtres permet de créer des ambiances très personnelles. La photographie mobile offre une manière de mettre de la saveur dans un quotidien souvent lourd et pesant, de mettre sa vie en scène tout en vivant une expérience ludique (effets de surprise et d’amusement ressenti au moment de la publication). Il ne s’agit pas de faire de la photographie mais de partager un moment de vie réifié dans une image savoureuse, renforcée par les agents exhausteurs de goût que sont les filtres. L’iphotographie se vit comme une expérience récréative où les femmes expriment leurs goûts (vintage, polaroid, rétro, noir et blanc, lomographie...).
L’influence d’IG et du partage : comment s’organise la présence des femmes sur les réseaux sociaux, leurs interactions/pollenisation et leur co-création ?
© Agnès L.
L’usage principal que permet Instagram est la diffusion et le partage conversationnel.
Il offre la possibilité de livrer son humeur, de donner corps et rendre visible ce qui relie les gens entre eux. L’image instagramatique est une image fluide vouée à la circulation, bien éloignée du « ça a été » cher à Roland Barthes qui voyait la photographie comme un filet à papillon d’instantanés.
L’image sur Instagram n’est pas seulement montrée, elle est postée et s’insère dans un dispositif communicationnel qui prend la forme d’un flux dans lequel les femmes expriment leur sensibilité, leurs états d’âmes, leurs liens d’amitiés...
Les communautés créent ainsi une représentation du lien social, d’autant plus libérateur qu’il invite, voire provoque, au commentaire, à l’élaboration subjective, à l’adhésion amicale. Les femmes partagent leurs images dans un flux conversationnel, comme un geste convivial et s’en servent pour véhiculer leurs affects. Tel un cadeau, c’est le geste qui compte.
L’image instagramatique est une image fluide au goût doré, on l’envoie vite en conservant le fil de la discussion.
Conversationnelle, elle joue sur l’oralité, celle de la parole et de l’absorption. Les femmes mettent ainsi en jeu leurs rapports, leurs interactions par le biais de l’image commentée et likée. L’image postée joue sur les mêmes fonctionnalités que la carte postale, on signifie aux autres son attachement. On parle d’une archéologie de la conversation visuelle.
© Laura Prospero
Vignette © Odrelom
Photos © Agnè L. © Laura Prospero