© Brigitte Palaggi, 2012.
Médiathèque Louis-Aragon Château de Morsang-sur-Orge, Place des Trois-Martyrs F-91390 Morsang-sur-Orge France
Hôtel de Ville de Martigues Avenue Louis Sammut BP 60161 13692 Martigues France
Exposition double : Salle de l’Aigalier du 8 novembre au 8 décembre 2012 et Médiathèque Louis Aragon du 2 novembre au 1er décembre 2012.
Depuis Cézanne, la Sainte-Victoire est un « passage obligé » (artistique, touristique, familial, mondain). Lieu et motif unique, devenu en un siècle quasi mythique ou mythologique. Pour les uns, c’est une icône, un totem, un porte-bonheur, une marotte ! Pour les autres, un site classé, un point de vue remarquable, un lieu de prière et de pèlerinage ; sans oublier, un parc naturel (?), un lieu d’escalade, de randonnée ou d’escapade, de consommation culturelle et de loisirs sportifs !...
Cette montagne, entrée de plain-pied dans l’histoire de l’art, attire d’innombrables artistes, écrivains et philosophes, de toute nationalité, qui, sur les traces du peintre aixois, et sans doute obnubilés par son œuvre et sa personnalité, tentent à leur tour d’y voir clair, d’en « saisir le secret », d’en
« percer le mystère » et autres fariboles.
Nous partageons, avec Jean-Marie-Gleize, l’idée que la Sainte-Victoire n’existe pas. Qu’elle est devenue un « cliché », à très fort pouvoir d’attraction et d’aimantation, certes, mais un cliché ! Et, en ce sens, producteur de leurres, faussetés, erreurs de jugement, points d’aveuglement.
Nous affirmons, qui pis est, qu’elle n’est plus vue qu’à travers sa charge symbolique et historique (puissance et obsession du peintre, ondes en retour de l’histoire de l’art) et sa dégradation ou dénégation marchande (offres de séjours culturels, visites plus ou moins documentées, propagande touristique, etc.). Il est donc urgent de réinterroger et de réinvestir ce motif, non plus sous le mode de la redite ou de la copie, encore moins sous celui de l’admiration écrasante, mais sur celui d’une « désacralisation joyeuse et active ».
AUTRES ET PAREILS a lancé, depuis six ans, une réflexion et un travail artistique pluridisciplinaire sur le motif de Sainte-Victoire vu de Martigues, de l’étang de Berre et de tout autre lieu inhabituel où il peut être vu.
Dans cette idée, des artistes, poètes et écrivains ont été sollicités pour adopter un point de vue différent ou divergent sur ce motif, en proposer pour le moins une reconsidération ou relecture, voire, une réinvention.
Il s’agit de regarder la Sainte-Victoire telle qu’elle est, indéniablement réelle et présente, dans l’axe de Martigues notamment, qu’on la voie de l’Île, Ferrières ou Jonquières, ou bien de Mimet, de Gardanne ou d’ailleurs, ou encore, qu’on l’examine de très près, d’aussi près qu’on le peut, en ayant presque le nez dessus. Il s’agit de la regarder pour ce qu’elle est et en ce qu’elle est. Mais, également, de revenir sur la question de la représentation et de ses dérives (artistiques, fantasmatiques ou consuméristes).
© Brigitte Palaggi, 2012.
Auteurs et artistes participants à la manifestation
Laure Ballester (lectrice), Denis Bernard (photographe), Samuel Bester (vidéaste), Éric Bourret (photographe), Michel Collot (écrivain, critique et universitaire), Olivier Domerg (poète), Bernard Fauconnier (écrivain et critique), Jean-Marie Gleize (poète, critique et universitaire), Sarah Kéryna (poète), Hubert Lucot (poète), Michèle Métail (poète, photographe et performeuse), Brigitte Palaggi (photographe), Pierre Parlant (philosophe et poète), Nicolas Pesquès (poète, critique et traducteur), Christophe Roque (lecteur), Chris Quanta (vidéaste), Patrick Sainton (plasticien), Véronique Vassiliou (poète).
Les photographes
Éric Bourret
Né en 1964 à Paris, il vit et travaille à la Ciotat, Marseille et dans la chaîne himalayenne. Photographe marcheur, à l’instar de ses aînés, les « promeneurs » anglais, il arpente sans bruit depuis 25 ans les espaces dits « naturels » afin d’enregistrer les flux et le transitoire qui animent le paysage. Ses déambulations l’amènent à s’immerger régulièrement, lors de longues traversées, sur les hauts plateaux himalayens et dans les Alpes. Parallèlement à cela, il a abordé les territoires côtiers de France et d’Europe, les sites antiques du Proche-Orient et d’Asie du Sud-est. Il a participé à de nombreuses expositions muséales en Afrique du Sud, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Portugal… Son œuvre s’inscrit dans de multiples collections privées et institutionnelles en Europe, États-Unis et Afrique du Sud.
Brigitte Palaggi
Née à Aubenas, Brigitte Palaggi pratique la photographie depuis 1973 et a réalisé de nombreuses expositions. Elle s’attache généralement à des séries thématiques qui peuvent s’étaler sur plusieurs années. Indépendamment de cela, elle a longtemps travaillé, seule ou en collaboration, sur les paysages des Bouches-du-Rhône (notamment, ceux de Marseille, Martigues, Fos-sur-Mer et Port-St Louis du Rhône) et d’ailleurs. Elle poursuit depuis 2005 un travail sur le paysage italien, et, depuis 2006, sur le paysage des Hautes-Alpes.
Denis Bernard
Avant tout photographe et artiste, Denis Bernard est aussi professeur, chercheur et historien de la photographie. Il a enseigné la photographie à l'École Estienne (de 1996 à 2009) et à Paris III, Sorbonne nouvelle. Il a réalisé l’iconographie de nombreux livres et catalogues d’exposition et a été photographe au Musée Rodin. Il vient de publier ÉCARTS, ÉCLAIRS ET CORPS, nouvelle étreinte photographique, Autres & Pareils, La Revue n° 33-34, co-éditions Autres et Pareils & Fage (192 pages en quadri, format 20 x 25 cm).
Se plaçant résolument sur le terrain de l’écart et du corps, c’est-à-dire d’une expérience quasi physique et littérale de la photographie, Denis Bernard reconsidère l’ensemble de ce qui la fonde et l’oriente, et notamment, ses invariants techniques. Standards, normalisations, dispositifs et dispositions, en s’imposant, ont figé peu à peu les choses. L’aventure, dès lors, consiste à regarder, ressentir ou penser différemment le « fait technique ». On visera ainsi à préparer des « pièges à lumière perdue », à scruter « l’à côté de la plaque » ou inventer des « machines à voir ». Nouvelle donne : il s’agit de photographier autrement. De « voir encore, dedans et au-delà ». De privilégier les « brouillons acharnés » d’une « nouvelle étreinte ».
Photos et Vignette © Brigitte Palaggi.