Mash © Mauren Brodbeck.
Série de portraits réalisés par l'artiste-photographe Mauren Brodbeck où les sujets photographiés - dont une partie d'adolescents, se trouvant à des moments à la fois forts et fragiles de leur existence - se dérobent à l'objectif, cachant leur visage, ou se dissimulant derrière leur tee-shirt... Réinterprétées visuellement au travers d'un kaléidoscope de couleurs acidulées et à la géométrie variable, les oeuvres, initialement profondément ancrées dans le réel, semblent peu à peu s'en détacher et créent une atmosphère particulière.
Visages cachés et couleurs acidulées : quand le portrait déjoue les codes
... C'est sûr : tirer le portrait d'un visage caché, ça n'est pas attendu... Et pourtant, les sujets s'y reconnaissent. Une douzaine d'oeuvres - dont ces portraits d'adolescents - retracent l'émoi fragile de moments de vie où l'on se cherche encore. Entre gêne et pudeur, ce qui est donné à voir dans la posture, ou qui se dérobe à l'objectif : les photographies mettent en relation passé et présent, mondes personnels intérieurs et monde extérieur, force et vulnérabilité, au travers d'un traitement visuel oscillant entre géométrie et couelurs vives.
"Il existe une part résolument hyperréaliste dans les portraits de Mauren Brodbeck; mais l'ajout des aplats de couleur apporte un certain degré d'abstration, inventant ainsi une sorte de nouvelle figuration où le spectateur est simultenément confronté au réel et à l'irréel. Alors que cherche-t-elle ? A retranscrire une émotion intime ? Une attitude ? Elle tente sans cesse de répondre à la question suivante : à travers la photographie, cet instantané du réel, comment parvenir à l'immatérialité du sentiment ? La langage des formes et des couleurs qu'interprète l'artiste à même le négatif, permet d'explorer les méandres de l'esprit ainsi photographié et doit être considéré comme l'expression juste de la nature, de notre nature humaine".
Peter Blue © Mauren Brodbeck
C'est ainsi que la responsable de la galerie Tafkaj, Emilie Salvaridis Thion, souligne la façon dont Mauren Brodbeck "contourne habilement certaines des grandes problématiques de l'art contemporain, à savoir, le fait de s'échapper du figuratif pour aller vers l'abstraction (d'une part), où, pour parler de distanciation; à force de s'éloigner du réel, on ne le reconnaît plus ... Sans compter que la photographie (NDLR : qui plus est numérique) reste un outil récent du point de vue de l'histoire de l'Art".
A propos d'histoire, mauren Brodbeck fait écho aux propos d'Emilie Salvaridis Thion : " Il en est question dans les deux sens du terme. Je voulais d'une part mettre en avant la quête, l'épopée - une découverte de soi qui peut également être un moment de réalisation personnelle - mais il s'agit aussi de ma propre histoire, celle du processus créatif, dans le sens où mon choix s'est porté simultanément sur des oeuvres à peines finies et d'autres, commencées des années plus tôt : elles faisaient partie de cette même démarche, mais en les parachevant elles ont pris tout leur sens. Je voulais véritablement recréer un discours, entre ces oeuvres - dans un cadre et un temps donné".
Micky © Mauren Brodbeck.