"Laval d’Aurelle” © JLuc Meyssonnier 2010
L'ESPAL, théâtre du Mans 60-62 rue de l'Esterel 72058 Le Mans France
Voir l'Arbre
Je regarde l'arbre depuis toujours, mais l'arbre reste invisible. A. Hollan
Que nous dit l'arbre de notre propre rapport à l'existence ?
Tel est le questionnement que propose l’exposition en réunissant les oeuvres récentes du peintre Alexandre Hollan et celles du photographe Jean-Luc Meyssonnier. Le propos est de nous placer au coeur d'une philosophie du vivant et d'aborder l'une des sources profondes dans lesquelles les deux artistes puisent leur inspiration : l'arbre. Dans une scénographie épurée l'exposition mettra en lumière leurs visions singulières. Elle dévoilera aussi ce qu'elles ont en commun : une capacité à entrevoir, avec passion et simplicité une certaine intimité avec la terre.
En présentant l'oeuvre de Hollan, sera privilégié le dialogue entre la délicatesse et la puissance de son oeuvre graphique et picturale. Doté d'une grande exigence formelle, spirituelle et poétique, cet ensemble donnera à voir et à lire la rencontre essentielle de l'artiste avec l'arbre. En résonance, il
s'entrecroisera avec le travail photographique en noir et blanc de Jean-Luc Meyssonnier. Ce dernier nous confiera son attirance magnétique pour l’arbre, saisissant sa masse puissante, sa vaillance, sa fragilité. Pour l’exposition il présentera un ensemble de tirages panoramiques de grands formats dont la composition extrêmement rigoureuse, érige l'arbre en point de mire ou îlot. Ces photographies seront
accompagnées de séries présentées comme des « miniatures » au profit d'une composition plus intimiste et lyrique.
Riche de ces regards croisés, l'exposition mettra en évidence l'arbre comme gisement, au travers d’oeuvres qui intensifient notre relation au monde.
Hélène Ribot
« Soudain l’arbre sort de sa forme et de nouveau se retire en elle. Il sort pour reprendre tout ce que le regard lui a volé, il emporte avec lui le regard. »
A. Hollan - extrait de « Je suis ce que je vois », Le Temps qu'il fait
Commissariat associée de l'exposition : Hélène RIBOT
Alexandre HOLLAN – itinéraire
Alexandre HOLLAN est né en 1933 à Budapest en Hongrie. Il vit en France depuis 1956. Il travaille à Paris et à Gignac, dans son mazet situé dans l'Hérault. Il trouve cet équilibre absolument nécessaire pour sa recherche et sa création. Celles-ci se cristallisent sur « l'expérience de voir ».
Son travail est présenté de façon permanente à la galerie Vieille du Temple (Paris).
www.galerievieilledutemple.com
Le travail de Hollan s'accompagne de notes sur la peinture et le dessin.
"J'ai essayé de préciser comment le dessin ou la peinture sur le motif se mettent en marche. Bien-sûr, il y a une infinité de chemins du fait de « voir », et chaque chemin a ses techniques : fusain, peinture, gestes rapides, lents effacements, etc. L'arbre a en lui des mondes très différents, qui vont du bouillonnement sauvage à l'infinie légèreté. " A. H.
"La vie secrète apparaît parfois dans les formes. Elle les traverse, les habite, et vient vers nous. Voir, c'est sentir cette transformation de la réalité le plus simplement possible. Cette transformation apporte une énergie neuve, inconnue. Donner à ces forces invisibles une place, une fluidité, une résistance : le dessin, la peinture sont là pour cela, pour les rendre visibles.
Dans cette relation avec la part invisible de la réalité, je reconnais trois chemins : celui de la vitesse qui crée le mouvement, celui de la lenteur qui crée la profondeur, et celui du rythme, une alternance entre forme et espace. " A. H.
Jean-Luc MEYSSONNIER – itinéraire
Jean-Luc Meyssonnier est né en 1960 à Largentière où il vit et travaille. Pris de passion pour la photographie, il suit des études de photographie à Lyon, puis il développe très vite un travail personnel.
De 1980 à 1985, il devient l’assistant du sculpteur et photographe Michel Sima (1912-1987) installé en Ardèche. Cette rencontre déterminante va l’accompagner dans sa carrière. Meyssonnier aura le privilège de devenir le tireur de son fonds photographique. En 2008, il lui rend hommage en collaborant à la monographie « Michel Sima, ateliers d’artiste », co-éditée par Benteli à Bern (Suisse) et Snoeck à Gand (Belgique). Depuis une vingtaine d’années, plusieurs expositions personnelles lui sont consacrées, en particulier dans les galeries Eterso, à Paris, Vrais Rêves à Lyon, L’Ours à Bourges et à l’Espace Saint-François en Suisse. En 2010, Dominique Thibaud (Galerie Mirabilia à Lagorce, Ardèche) lui a consacré une rétrospective. Meyssonnier participe également à de nombreuses expositions collectives : Paris (Photo4), Lausanne, Bienne, Annecy, Lyon, Royan, Le Mans. En parallèle, il est régulièrement invité à collaborer à des livres d’art (François Burland, Jules Desbois, Gérard Lattier, Michel Sima).
Son travail est présenté de façon permanente à la galerie Mirabilia, à Lagorce (Ardèche).
www.galeriemirabilia.fr
Depuis plusieurs années, Jean-Luc Meyssonnier explore le paysage. Avec une présence singulière au monde, et une passion inchangée pour le noir et blanc, son souffle de photographe tente de relier la Terre, l'Homme et le Ciel. Ce paysage qui l'habite et qu'il habite comme une musique est celui de sa
terre natale, l'Ardèche. Il l'aborde par ses sommets, accostant au Pays d'en-haut, comme on croit y saisir l'aurore d'une vie nouvelle.
Aimanté par ce paysage mouvant, Meyssonnier nous parle aussi de ses veines, les sources de la Loire et de l’Ardèche, lignes tremblantes au ras des ombres, flux de l'impermanence qui reçoit le poids d'une nuit de cendres ou qui, à d'autres heures, se change en un visage translucide enveloppé de gazes légères. C'est précisément dans le vertige même, dans la tourmente ou l'éblouissement que s'ancre son travail photographique, travail qui célèbre la vibration des présences et qui, à la lumière des saisons, évoque les haïkus japonais.
En allant à la rencontre de sa Terre, Meyssonnier retrace en quelque sorte une généalogie de ce paysage. Mû par le désir de révéler ce qu'il voit, comprend et ressent de sa complexité, il aborde sa matière explorée sous l'angle d'une intimité empreinte de force, de gravité, de silence et d'une beauté certaine.
Procédant toujours par séries et usant du noir et blanc, son oeuvre photographique cristallise un travail graphique - fleurs et paysages, natures mortes, recherche de compositions abstraites, sujets intimes, visages – qui parfois, à travers la saturation de l’image, cache tant de choses et en révèle tant d’autres.
Son inventaire se nourrit également de quelques éléments simples d’un paysage toujours repris : la montagne, la neige, la pierre, les arbres, l’eau.
De son travail sur le minéral et le végétal, la question n’est pas celle de la beauté d’un paysage. Il s’oriente vers un contenu qui concerne la vision, ses vérités, ses illusions, ses prodiges. Son oeil absorbe ce que l’on tait, failles, ruptures, oublis, blancs… zones inattendues. Il reconnaît en eux certains secrets pressentis qui murmurent le langage du désir, l’étrangeté, les empreintes du corps ou un univers peuplé d’âmes vagabondes là où les lumières et les ombres basculent ensemble.
Helena Kovacs
"De cette expérience physique, le photographe ne tait rien des nuances. Au contraire, sa recherche sur les variations de la lumière l’amène à extraire du paysage ses moindres détails. En explorant les épaisseurs des noirs charbonneux et le voile poudreux d’ombres blanches, ce dialogue ranime les fêlures, ouvre les plaies et avive les petits miracles que chaque saison déroule."
Hélène RIBOT, Avant-propos, extrait « Le Pays d’en Haut », Éditions du Chassel, octobre 2011