© Anne Even
NEGPOS 1, cours Némausus B 103 Avenue Général Leclerc 300000 Nîmes France
L’œuvre polymorphe d’Anne Even garde malgré la pluralité de ses propositions, une préoccupation constante : le corps. Corps mis en scène, corps questionnés dans leur essence physique, temporelle mais aussi sociale.
Alors que nombres d’artistes ont pu mettre le/leur corps au cœur de situations paroxysmiques voire dramatiques : Gina Pane, les Actionnistes Viennois, Chris Burden, Nan Goldin, etc. Les œuvres d’Anne Even seraient à rapprocher d’une logique plus ludique et/ou conceptuelle.
A l’instar d’un Arno Rafael Minkkinen ou d’un John Coplans par exemple, le corps devient l’élément d’un échange où la photographie fait œuvre, revêtant une importance centrale et conservant la trace d’un moment en équilibre, isolant le corps de son espace/temps documentaire. Le corps devient LE sujet/support d’un dispositif plastique.
Avec beaucoup de précautions et de sensibilité, l’artiste égrène les dispositifs et les statuts de ce corps sujet à de multiples interrogations.
© Anne Even
Au demeurant froides et conceptuelles, les formes plastiques qui représentent ces corps en situation, sont souvent traversées d’humour, de tendresse ou de discours critiques. Comment en effet ne pas être amusé par ses corps « tronqués » photographiés de dos, comment ne pas être intrigué par l’apparente lévitation de corps « ectoplasmes » sans assises terrestres, comment ne pas penser à son propre corps et à ceux de nos proches à la vision de la photographie mettant en scène plusieurs générations dans une même image ?
Sans l’affirmer directement, toute l’intelligence de l’artiste est là, dans cette mise en tension de nos corps avec ceux représentés. Alors jouons avec nos corps comme semble le préconiser Anne Even, soyons son observateur privilégié mais aussi peut-être le créateur de nouveaux enjeux…? Patrice Loubon
« Mon travail est pour beaucoup lié à la pratique de la photographie. Attirée par les visages qui dénotent, la gestuelle des silhouettes, j’ai fait du corps ma matière photographique. Les influences théoriques guident souvent l’idée. L’aspect formel des pièces est d’avantage nourrit par mon parcours scientifique et par l’univers rural de mon enfance, par ses machines, les hangars bardés de foin, les élevages hors-sol et les champs transformés en openfield. C’est aussi je crois ce qui configure le point d’ancrage de mes recherches : l’interstice, la mesure, le rapport de l’homme au paysage. » Anne Even
Photos et vignette © Anne Even