
Fantom III © Thomas Geffrier
Galerie Mazet 34 rue de Penthièvre 75008 Paris France
Fragile
Les drames qui ont secoué l’année 2011, ressentis par Alexandra Decraene comme le signe d’une accumulation d’excès boulimiques, l’ont renvoyée à sa propre vulnérabilité. Dans ce monde où l’homme persiste à fragiliser la nature, où une société clivante fait l’apologie de la réussite personnelle, de la force et de l’hypernarcissime, et où les défaillances et la fragilité sont raillées, il lui a semblé nécessaire de reconnaître, d’admettre et de défendre l’idée que la fragilité est notre part d’humanité la plus vraie.
Dans sa représentation de la Genèse, Laura Todoran nous rappelle que la fragilité a longtemps été associée à la notion de péché. En ce sens, elle a longtemps été synonyme de faillibilité alors qu’elle n’est ni un défaut, ni le signe de vulnérabilité ou de faiblesse. Assumée, elle ouvre la voie à de nombreuses opportunités. Qui mieux que Dan Miller, enfermé dans un autisme profond, peut démontrer que la fragilité est un processus de recomposition où les opportunités naissent de l’acceptation de nos propres faiblesses. Une fois nos craintes reconnues, maitrisées, apprivoisées, nous osons aller de l’avant, créer et partager. Et si en fait la fragilité était donc en réalité notre plus grande ressource ?
La fragilité incorpore alors une dimension positive d’introspection et autorise une réflexion, un examen et un mouvement, pour une meilleure connaissance de soi-même tel que nous le montre Julien Isoré dans sa cartographie de la fragilité. Au-delà de cet attribut, et c’est là que réside l’atout principal de la fragilité, elle devient source de créativité et agit comme un lien social. Accepter notre part de fragilité c’est s’autoriser de s’ouvrir à l’autre en se livrant et en acceptant l’aide de l’autre, concomitant à notre bonheur. La fragilité comme attribut, n’est ni un défaut ni une qualité, mais conduit à une meilleure expérience du vécu dans notre quête vers cette absolue vérité, nourrie de beauté, de joie et d’expériences partagées.
Fantom I © Thomas Geffrier
La Galerie Mazet
Espace d’expression et de dialogues de la création contemporaine.
La Galerie Mazet vous acceuil entre cours et jardins à deux pas de l’Hôtel Bristol et de la rue du Faubourg Saint Honoré, au 34 rue de Penthièvre dans les anciens bureaux de Jacques Tati. Ouvert par Nicolas Mazet en 2009, la Gallerie Mazet est un espace dédié à la création contemporaine ou vous découvrirez le travail d’artistes de talents, ainsi que des éditons et séries limités produites avec la Galerie.
Ce lieu a pour vocation de promouvoir l’art comme langage universel, permettant d’interpréter le réel pour susciter un mouvement de l’esprit vers l’imaginaire, l’expérience intime, la mise en perspective critique. L’art est alors source de dialogues, de conseils et de réconfort. A l’occasion des expositions, Nicolas Mazet invite des artistes à rencontrer des sociologues, des enseignants, des philosophes, des curateurs, des écrivains, des entreprises, des collectionneurs pour parler de leur travail et de l’environnement culturel dont se nourrit leur création.
Fantom II © Thomas Geffrier
Fragile
« La faiblesse de la force est de ne croire qu’à la force. » - Paul Valery
Dans un monde où les excès de l’homme ont fragilisé la nature et où une société clivante fait l’apologie de la réussite personnelle, de la force et de l’hypernarcissime, où les défaillances et la fragilité sont brocardées et raillées, il nous a semblé bon de nous rappeler l’immense nécessité de reconnaître, d’admettre et de défendre comme notre part d’humanité la plus vraie, notre fragilité.
Mais que savons-nous de la fragilité ?
La fragilité a longtemps été associé à la notion de péché comme nous le rappelle Laura Todoran dans sa représentation de la Genèse. En ce sens elle a été longtemps synonyme de faillibilité. Hors, cette fragilité est par essence et par gendre féminine… Il existe de fait une dimension esthétique du mot « fragilité », lié à la beauté, à l’évanescence, à l’éphémère, à la rareté, comme l’illustre parfaitement la Rosée du Crépuscule de Julien Salaud ou la série Fantom de Thomas Geffrier.
Aujourd’hui, on identifie quatre approches de la fragilité : ce qui se brise facilement à l’instar de l’œuvre d’Emilie Schalck, ce qui est précaire, vulnérable et instable à l’aune des abris de Charlotte Cochelin, ce qui manque de robustesse et enfin la fragilité désigne aussi un matériau dont la rupture est atteinte sous une très faible déformation. C’est la résilience, du matériel ou de l’être qui mesure le degré de fragilité comme nous le fait comprendre Samon au travers des ses installations inspirées du mythe d’Icare.
Ce qui nous a incité à réfléchir la fragilité autour d’une exposition, c’est que celle-ci n’est pas un défaut, n’est pas la vulnérabilité ou la faiblesse. Assumée, la fragilité s’appuie sur ou est à l’origine d’opportunités. Qui mieux que Dan Miller, enfermé dans un autisme profond, pour nous montrer que la fragilité, désigne un processus de recomposition où les opportunités naissent de l’acceptation de nos propres faiblesses. Une fois nos craintes reconnues, maitrisées, apprivoisées nous osons aller de l’avant, créer et partager. Et si en fait la fragilité était donc en réalité notre plus grande ressource ?
La fragilité incorpore alors une dimension positive d’introspection et autorise une réflexion, un examen et un mouvement, pour une meilleure connaissance de soi-même tel que nous le montre Julien Isoré dans sa carte de la fragilité. Au-delà de cet attribut, et c’est là que réside l’atout principal de la fragilité, elle devient source de créativité et agit comme un lien social. La malle d’Ali Belkacem nous rappelle que la fragilité est émouvante et regorge de tendresse et d’amour. La fragilité appelle à l’action, l’engagement de l’autre, l’échange, pour pallier cette fragilité, pour préserver ou accompagner.
Enfin, la fragilité, qui se mesure en terme de résilience, nécessite un comparatif, et intègre donc la notion d’environnement ou d’autre. La fragilité peut être intériorisée, mais elle dépend de fait d’un danger -perçu ou avéré- ou à une force plus importante que la nôtre, et donc une menace. Elle existe donc bien par son environnement et c’est d’ailleurs le regard de l’autre qui va conférer sa réalité à la fragilité comme nous le font prendre conscience les Chillin’ ou Hoodies de Little KOr, accepter notre part de fragilité c’est s’autoriser de s’ouvrir à l’autre en se livrant et en acceptant l’aide de l’autre, concomitant à notre bonheur.
Comme par fonctionnement concentrique, la fragilité permet une meilleure connaissance de soi, de ses propres limites, elle nous permet de sonder les contours de notre personnalité tel que le raconte Claudia Squitieri, mais aussi de l’autre qu’elle attire et fascine ou qui souhaite en tirer profit. Et enfin, la fragilité entraîne une compréhension de notre environnement en ce que notre caractère de résilience face aux tensions, menaces, etc… sera fort ou non.
Hors la fragilité suscite l’attirance, car la nature de l’Homme le pousse à marquer son passage, et la fragilité de l’autre lui donne un excellent alibi. La fragilité de l’autre nous permet d’être significatif et donc de marquer notre temps. La fragilité comme attribut, n’est ni un défaut ni une qualité, mais conduit à une meilleure expérience du vécu dans notre quête vers cette absolue vérité, nourrit de beauté, de joie et d’expériences partagées.
Vignette et photos © Thomas Geffrier