© Myriam Richard.
Galerie le Lieu, Maison de la mer Galerie Le Lieu Hôtel Gabriel - Aile Est Enclos du Port 56100 Lorient France
Photographies et vidéo réalisés par Myriam Richard autour des comédiens de l'Atelier Catalyse, formés d'adultes handicapés mentaux. Ils seront mis en scène par Madeleine Louarn et se produiront du 7 au 11 novembre au Théâtre de Lorient-CDDB, 11 rue Claire Droneau, dans la pièce "Les oiseaux" d'Aristophane.
Myriam Richard, à son tour, a mis en scène ces comédiens et a collaboré avec l'Atelier Fresson afin de produire un rendu très pictural.
Vernissage : jeudi 25 octobre à 18h30.
Myriam Richard rencontre l'Atelier Catalyse en 2007, lorsque la compagnie lui commande des photographies pour le programme de la saison suivante. Madeleine Louarn, metteur en scène et responsable de la troupe, a en effet remarqué le travail de l'artiste lors de sa résidence au Lycée Tristan Corbière de Morlaix.
De là, s'ensuit une commande de la compagnie autour de la pièce alors en préparation, au CDN d'Orléans, "l'Empereur de Chine" de georges Ribemont-Dessaignes (1884-1974), et enfin autour de la pièce "Les oiseaux" d'Aristophane (411 avant JC). Cette fois c'est un travail au long cours que mène la photographe. Sur une période d'un an, elle réalise régulièrement des portraits des comédiens, les amenants dans des paysages choisis pour leur profondeur et leur constance. La baie de Morlaix, de Saint-Brieux, le jardin exotique de Roscoff, le domaine du Dourven, deviennent les décors de ces mises en scène et elle utilise parfois des costumes de la compagnie. L'art du portrait classique, le goût du détail, l'attachement aux acteurs la fascine. Il s'installe alors une proximité entre l'artiste, les protagonistes, les paysages.
Pour la réalisation de cette série, la photographe a largement été inspirée par le début du mouvement pictorialiste (1889-1914), première école de potographie artistique, utilisant de nombreuses techniques comme le procédé à la gomme bichromatée. L'un de ses représentants est le breton Constant Puyo (1857-1933), dont Myriam Richard admire l'art de la composition, l'utilisation des drapés et des déguisements, qui produisent des images hors temps. Aussi, Fernand Bignon (1888-1969) qui développait une dimension très intimiste dans ses images, des gestes simples entourés d'objets du quotidien. Les autochromes d'Heinrich Kühn (1866-1944), aux composiitons très rigoureuses, baignées par la lumière du soleil, ont également contribué au rendu plastique recherché par l'artiste des "oiseaux". Ces photographes ont en effet produit des oeuvres, cherchant à rivaliser avec la peinture et révélant l'influence des peintres impressionnistes (Monet, Bonnard, Renoir, ...). Il faut dire que Myriam Richard est attaché à la porosité qu'il peut exister entre les pratiques artistiques. Notons à cet égard que le peintre Bonnard (1867-1947), en marge des grands mouvements de son temps, décrivant l'oeuvre d'art comme "un arrêt du temps", et adoptant un rythme lent, fait aussi partie des références qui nourrissent sa réflexion.
© Myriam Richard.
Avec ce travail, un grand écart temporel a lieu. Les prises de vue réalisées entre 2011 et 2012 avec un appareil 24x36 cm, sur diapositive, sont ensuite aggrandies et reproduites avec un procédé datant de 1899, et toujours utilisé de nos jours. Ce procédé, pour le moins marginal, a déjà adopté pour les tirages couleurs de photographes contemporains tels que Dolorès Marat, Bernard Plossu, Bernard Faucon...
Il s'agit du procédé Fresson. Avec ce rendi, le visiteur est devant un objet dont la technique n'est pas immédiatement identifiable. Peinture ? Photographie ? On semble se situer dans le champs de l'estampe. Les repères sont brouillés. C'est ce qui séduit Myriam Richard.
D'une image lisse, on tire une épreuve qui esthétiquement s'écarte de la photographie, qui présente une imperfection objective, dû à des débordements et à la texture du papier utilisé (papier à dessin). Mais cette épreuve contient cependant une qualité plastique indéniable. Loin des perfections techniques actuelles produisant parfois des images glaçantes, les portraits des comédiens de l'Atelier Catalyse offrent, à celles et ceux qui s'en laissent le temps, une expérience visuelle subtile, qui les déplace dans l'histoire.
Des projections ponctuent l'exposition. Là aussi, la courbe du temps forme un noeud, lorsqu'un carrousel au son typique projette des diapositives, pendant qu'un projecteur dernière génération diffuse une vidéo-photographique composée d'une succession de plans fixes : "portraits vivants" des sujets.
© Myriam Richard.
Un fil d'Ariane est une nouvelle fois déroulé ici, afin de suivre un itinéraire qui débute au commencemment de la photographie, jusqu'à notre époque, tout en nous faisant traverser, pendant un instant, des parcours de vies qui se rencontrent et trouvent leurs figurations dans des gestes, des postures, des trajectoires corporelles.
Emmanuel Madec, pour la Galerie Le lieu.
Photos et Vignette © Myriam Richard.