Attirée par la trace urbaine de l'Homme, par les images de la ville, Anne-Laure Maison nous offre dans cette exposition le butin constitué au gré de ses errances nocturnes... De la photographie au collage, elle nous raconte la maison des autres, son unique obsession, et notamment sa fameuse série des «Tableaux d'intimités», constituée d’assemblages de fenêtres de différentes villes.
La jeune artiste a passé un an en résidence au « Pavillon », laboratoire de création du Palais de Tokyo, où elle a participé à plusieurs expositions collectives. Sélectionnée « Jeune Talent » par le Centre Georges Pompidou, elle a exposé à la fondation d’entreprise Paul Ricard ainsi qu’au 53e Salon d’art contemporain de Montrouge.
www.annelauremaison.com
© Anne-Laure Maison
« La “maison”. La “maison” des autres.
C’est une obsession ancienne chez moi.
Un lieu physique, concret. Avec ses murs et son toit. Une forme.
“S’il te plait, dessine-moi une maison” : on obtient un cube, un parallélépipède
universel.
Ce qu’on y met dedans pourtant est singulier.
La “maison” est un lieu de vie. Une vie que l’on imagine à la fois banale et étrange.
Un lieu intime aussi. Un lieu de l’invisible souvent.
Un lieu d’histoires, de souvenirs dont il faut franchir la porte.
La première chose que je fais lorsque je suis invitée chez quelqu’un, c’est visiter. Je fais le tour du propriétaire.
Je fais aussi le tour de “l’appropriétaire”.
En traversant les pièces, je m’imprègne de leur manière de vivre.
J’aime découvrir la “maison” des autres, la façon dont ils en occupent l’espace, la façon dont ils se sont appropriés le lieu.
Je photographie l’intérieur de ces “maisons” quand j’en ai l’autorisation. Ou le privilège.
Une fenêtre sur le quotidien des autres. Le mystère de leur banalité.
Parfois, je dois rester à l’extérieur. Je photographie des fenêtres, des portes, des ouvertures.
La banalité du mystère.
Maison, c’est mon nom aussi.
Un nom que je dois remplir pour combler le vide. Celui de mon père, qui me l’a transmis.
Ma Maison à moi, vide et pleine à la fois. »
"A la nuit tombée, les fenêtres illuminées prennent le dessus sur l’architecture qui les encadre.
Elles deviennent de vrais tableaux vivants.
L’intérieur s’affirme par rapport à l’extérieur et des visions fugitives de l’intimité des habitants nous sont offertes.
Ce n’est pas leur intimité directe qui m’intéresse mais celle de l’espace…
La chaleur d’une lumière, le scintillement d’une guirlande ou de la télévision, le coin d’un tableau…
Tous ces éléments sollicitent mon imaginaire.
En regardant ces fenêtres, je me raconte des histoires sur les gens qui vivent derrière elles, je fantasme sur leurs espaces, leur intimité.
Je capture ces moments et reconstruit mes propres architectures.
J’empile ces éléments, je les imbrique pour créer mes tableaux d’intimités.
Transparence vers la « maison » des autres.
Espace du dedans.
Visions de l’intime."