
© Aurelio Asiain
Instituto Cultural de México 119, rue Vieille du Temple 75003 Paris France
Aurelio Asiain, poète reconnu très jeune au Mexique et en Espagne, a été éditeur et traducteur, fondateur et directeur de la revue littéraire Parentesis. Il y a une dizaine d’années, il a décidé de vivre au Japon. Arrivé en tant que diplomate, il est désormais un photographe de renom, enseigne à l’université de Kyoto et réalise des traductions de poésie japonaise. Ancien collaborateur d’Octavio Paz à la rédaction de la revue Vuelta, on lui doit notamment República de viento, Luna en la Hierba (poèmes) et Caracteres de Imprenta (essais).
Cette exposition de photographies et de poèmes d’Aurelio Asiain invite le public de l’Instituto Cultural de México à découvrir le parcours original et l’univers créatif de cet artiste aux multiples cultures qui construit sa poésie indifféremment par les images et par les mots. Et réciproquement…
© Aurelio Asiain
Poème d’Aurelio Asiain
traduits de l’espagnol (Mexique) par Jean-Luc Lacarrière
CE QU’IL Y A
C’EST LA LUMIÈRE
Ce qu’il y a c’est la lumière.
Le reste est silence.
Ce qu’il y a c’est ta voix.
Y planter un arbre.
Y cultiver une pierre.
Et nous manger une figue.
Ce qu’il y a c’est une figue.
Nous lui avons donné le jour.
Regarde : c’est déjà une pierre.
Le silence lui pousse déjà.
Mousse ombre de l’arbre.
Branches feuilles ta voix.
Ta voix comme le vent.
D’une syllabe aussi : figue.
Un fruit qui donne un arbre.
Qui le plante à la lumière.
Ecoute-le en silence.
Je t’invite à être pierre.
Sois ma pierre en mon jardin.
Sois ce que tu es : une voix.
Sois ta voix en silence.
Sois aussi cette figue.
Toi tu m’as déjà donné le jour.
À toi je te donnerai un arbre.
Un mot : arbre.
Et dessous une pierre.
Un mot : lumière.
Pour un autre : ta voix.
Goûte-le il a goût à figue.
Mange, comme ça, en silence.
Et regarde, comme ça, en silence.
Entends la rumeur de l’arbre.
Pense le goût de la figue.
Regarde la mousse sur la pierre.
Retourne à ta voix.
Mets le tout dans ta lumière.
Il y a de la lumière dans le silence.
Il y a ta voix et il y a un arbre.
Et une pierre est une figue.