Sense of space, 2000 © Gao Brothers
Galerie Libre Cours 100 rue de Stassart 1050 Bruxelles Belgique
Les Gao Brothers, deux frères nés à Jinan (Gao Qiang en 1962 et Gao Zhen en 1956), explorent cette même conscience publique utilisant des références que beaucoup d'artistes n'osent pas encore évoquer. Comme beaucoup d’autres, ils ont souffert de la révolution culturelle : d’un père emprisonné, par la suite assassiné et d’une vie recluse dans un chambre partagé avec quatre autres frères et leur mère. La série ‘Sense of Space’ dépeint les deux frères et d’autres modèles, nus et contorsionnés, enfermés dans des boîtes trop petites pour eux. Métaphore de la “camisole sociale” chinoise, leur travail peut avoir une signification universelle. Toute organisation sociale force l’individu à se conformer à des règles, qui, prises individuellement, deviennent gênantes. Dans ces termes, les messages véhiculés par l’art des Frères Gao franchissent les frontières et peuvent être interprétés en Occident et en Orient comme le cloisonnement et la dénonciation infligée aux victimes de la Révolution Culturelle. Certaine images montrent les corps d’hommes nus de même taille, les rendant encore plus anonyme. Les dernières images de la série donnent l’impression, que le même individu a été dupliqué, se retrouvant d’un bout à l’autre de la composition.
Lying Child © Gao Brothers
Li Rui, est née en 1985 et diplômée de l’académie des Arts de Hangzhou et de l’Universität der Künst de Berlin en 2011. Il peint ses personnages à l’intérieur d’un objet en verre utilisant la technique du miroir, faisant référence à la naïveté du réalisme Chinois des peintures miniaturisées sur verre. Avec son jeune esprit, Li Rui a une approche sociale et anthropologique en tirant les ‘masques’ de personnes, dévoilant leurs contraintes sociologiques et révélant ce qui est caché derrière leurs besoins idéaux et superficiels dans la transparence du verre.
Changing Faces, 2011 © Liu Rui
Fan Jiupeng, né en 1981 à Tangshan, a été largement exposé en Chine. Ses peintures à double-faces rappellent l’esthétique de la pratique de la broderie à double-faces datant de plus de quatre cents ans. Il observe les nuances des portraits en situation, en se plaçant souvent lui-même dans la scène, alors que ses sujets restent complètement préoccupés par leurs activités. Indifférents aux spectateurs, ils continuent leurs routines quotidiennes avec une certaine naïveté, permettant aux spectateurs d’avoir un aperçu furtif de cette mise en scène ordinaire. L’expressionnisme est représenté d’un côté de la grande surface de papier calque transparent, tandis que la perspective devient surréaliste sur l’autre coté. Le spectateur voyage de la réalité d’une scène vers l’imagination d’une même scène en regardant d’un côté puis de l’autre de la peinture, qui sont tous deux sur la même feuille de papier.
A big boy and a fan © Fan Jiupeng
Zane Mellupe est une artiste Lettonne, vivant en Chine. Son enfance et adolescence en Lettonie l'aident à mieux comprendre la Chine et ses valeurs dans un environnement socialiste. Elle a consacré ses dernières années à réaliser des œuvres en son nom et sous celui d'artistes fictifs qu’elle a créés. Son travail est basé sur la recherche. Le plus souvent, elle utilise un environnement, ou d'autres personnes, pour représenter son enquête sur elle-même. Dans beaucoup de ses œuvres, elle se dépersonnalise pour afin que le spectateur puisse s’identifier. Elle a capté le sens de la dislocation, de la discordance et de l’insurrection, qui sont les vérités vivantes de l’Asie, prise dans un torrent de commercialisation, d’individualisme et de ré-identification. Son travail est une affirmation de l’évolution du travail documentaire comme étant une composante de l’expérience humaine et peut-être, inséparable de l’avènement d’une atrophie générale des sens. Zane Mellupe se considère comme une artiste conceptuelle utilisant la photographie. Elle affirme que la propagande et la dictature de l’Union Soviètique vécue pendant son enfance l’ont rendu sceptique à propos de l’autorité; et ceci est ressenti dans son art. Son expérience dans la mise en scène l’a amenée à contempler la relation entre la photographie et les nouveaux médias.
Mao Tongyan, (alias Zane Mellupe), enquête sur deux crimes liés à des projets de promoteurs immobiliers. Des familles, résistant à l’ordre d’expulsion des maisons où elles ont toujours vécu, sont tuées lors d’une tentative d’intimidation par des brutes mandatées.
Depuis, les sites sont restés en l’état, stigmatisés par la mort. Mao Tongyan a réalisé un travail photographique sur ces sites à partir d’une mise en scène d’enquête faite par une fille de joie qui a été payée, comme la police l’avait été, pour fausser la réelle enquête. Ses photographies ont été tirées sur les parpaings des maisons respectives.
Friends, 2012 © Zane Mellupe
Yang Xun est originaire de la ville montagneuse de Chongqing, dans la province du Sichuan; une ville ou règne une mélancolie ambiante dûe aux rares jours d’ensoleillement, seulement 100 par an. Il est conscient de l’influence de cet environnement sur son œuvre, où les couleurs sont comme complémentaires au noir et blanc.
Dans « La Prière de la Jeune Fille », il réinterprète l’histoire, l’enfance. Il voyage à travers les images et les redécouvre en laissant la pupille de ses yeux focaliser sur un point. Parfois, le choix de cette image est entièrement accidentel; ainsi, Il tombe sur la photo de cette jeune fille sur internet et il lui semble qu’il l’avait déjà vue par le passé, il y a peut-être 10 ans ou 20 ans, ou peut-être jamais, Sa peinture apparait couche après couche révélant la tentative de retrouver une netteté dans une image qui semble absorbée dans le brouillard de Chongqing.
The pray of a young girl © Yang Xun
Dai Guangyu, né en 1955 à Chengdu, fut un des chefs de file du mouvement d’avant-garde dans le sud ouest de la Chine dans les années 1980 et a depuis été exposé à travers l’Asie, l’Europe et les Etats-Unis. La manière que Dai Guangyu a de retravailler ses matériaux ainsi que sa technique pour dessiner et détruire, reconstruire et redessiner forment une nouvelle approche à la peinture sur papier de riz. Il recréé son autoportrait pièce par pièce comme un décryptage. Alors qu’il fait face au public, il regarde le spectateur droit dans les yeux, en approchant d’une manière perçante son intimité et sa conscience. Cette série porte sur la destruction dans le passé et le reassemblage dans le temps présent, qui altère une image particulière d’une réalité distincte. En travaillant avec des modèles et des méthodes de peinture traditionnelle, Dai Guangyu étend sa reconstruction de l’art du portrait et de l’autoportrait, en codifiant les traits et expressions faciales.
Unprogrammed Code, 2011 © Dai Guangyu