© Alain Longeaud
Mois de la photo 2012 Maison européenne de la Photographie 5/7 rue de Fourcy 75004 Paris France
Galerie les singuliers 138 boulevard Haussmann 75008 Paris France
Montrer quelque chose, c’est déjà montrer autre chose. Les images quelles qu’elles soient, ne saisissent jamais complètement la réalité ni ne la représentent vraiment. Elles sont seulement destinées à travailler notre rapport symbolique au réel pour le remettre sans cesse en question, lui qui s’oppose à l’imaginaire source de tous les enchantements.
Dire le réel par l’émotion est le fil conducteur de cette exposition. L’étrangeté qui s’en dégage, contournant le sujet dans une atmosphère de temps suspendu, bouscule les repères et irrigue des images rêves de réalités.
« Car c’est bien le rêve qu’il impose au regard. Ce rêve qui pénètre ce regard. Ce rêve qui emporte loin, très loin, au-delà du réel. Ce réel il le détourne, le manipule, à la manière d’un peintre, par petites touches, invisibles, intimes. Touches, gestes qui sont autant d’aveux, d’émotions. C’est cela la photographie d’Alain Longeaud, une mise en abîme de la réalité avec à chaque fois une couleur qui nous happe. L’orange. Cet orange qui est comme un soleil trompeur.»
L’originalité de sa photographie c’est l’absence de thèmes, de séries. Chez lui, on découvre une dérive des sentiments qui le mène aussi bien vers un paysage du désert, une gare, une bâtisse délabrée.
“Je vais là où l’émotion me provoque, dit-il, il me faut une rencontre intense avec un lieu ou même un objet pour que la prise de vue prenne vie. Je veux offrir à celui qui regarde mes photographies des atmosphères dans lesquelles il puisse se perdre. Je le laisse libre de voir ce qu’il veut. Je n’impose rien. Chaque image est unique. Elle doit se révéler d’elle- même.”
Et elle s’impose quel que soit le genre.
© Alain Longeaud
Prenez cette usine dans la nuit aux fenêtres lumineuses orange, si ce n’était le ciel sombre et nuageux on pourrait penser à un jouet posé là. Comme semble posé dans la nature cette sorte de bunker strié, là aussi de bandes oranges. Le réel a déserté la vie, mais cette vie résiste, elle prend d’autres couleurs, douces et sauvages en même temps.
Ce qui est étonnant dans toutes ces photos c’est l’absence de personnages, comme si Alain Longeaud s’était créé sa propre planète. C’est bien ce sentiment là qui prévaut. Un univers à découvrir qui n’appartient qu’à lui, univers qu’il nous offre pour toujours plus alimenter nos rêves ».
Jean-Louis Pinte
© Alain Longeaud