
Vu du Lac Bai?kal, aou?t 1998, se?rie “Peuples” © Claudine Doury
Fnac des Ternes 26/30 Avenue des Terne 75017 Paris France
Mois de la photo 2012 Maison européenne de la Photographie 5/7 rue de Fourcy 75004 Paris France
Depuis l’invention de la photographie au xixe siècle la représentation de l’enfance, volontiers calquée sur la tradition picturale classique qui en a fait un thème privilégié, a séduit aussi bien les amateurs que les professionnels qui , au fil des ans, ont composé les albums de famille, orné les murs des salons, puis enrichi les magazines de ces images d’enfants, preuves émouvantes voire accablantes de l’inexorable fuite du temps.
Le tablier neuf, 1967 © Claude Batho
Assez curieusement, l’examen de la collection de la FNAC ne révèle pas une omniprésence de cette problématique, mais chaque œuvre y est riche d’enseignement quant à son époque, son style ou les circonstances de la prise de vue. On y retrouve les archétypes de la relation entre la mère et son enfant – enfant au sein de Tina Modotti, douce lumière qui unit pour Denise Colomb la mère, son enfant et le berceau, bras maternels protecteurs chez Edoudard Boubat, Michelle Vignes ou Yvette Troispoux. Toutefois on constate que si ces photographies évoquent avec poésie et tendresse la nostalgie d’un passé fragile, elles soulignent aussi que cet âge tendre peut subir les violences de la guerre, de la solitude ou de l’abandon. Pour un enfant au cerisier, combien de petites victimes en Afghanistan ou à Berlin, que de misère relevée par Paul Almasy en Colombie ou Sebastao Salgado en Amérique latine ; et même si ce dernier propose deux œuvres à la composition identique – portraits frontaux des communiantes brésiliennes et des petits équatoriens – les tonalités opposées, dominante blanche pour les-unes puis noire pour les autres, traduisent la même solitude empreinte de tristesse.
Temple du Saint- Esprit Berkele © Michelle Vignes
Les jeux simples des enfants narrés sous toutes les latitudes par Willy Ronis, Sabine Weiss, Claudine Doury ou Martine Voyeux, puis les farces d’écoliers présentés par Édouard Boubat, Marc Riboud et Jacques Lartigue annoncent bientôt la fin du temps de l’innocence et l’entrée bien trop rapide dans le monde adulte. Alors, les cours de récréation se transforment, selon Valérie Winckler, en champ de lutte, et tandis que Claude Batho met en exergue la trop grande sagesse de l’enfant au tablier, adulte avant l’âge, Jean-Philippe Charbonnier oppose volontiers les enfants sages au jeune cancre puis Josef Koudelka laisse deviner l’adolescent sous la tenue de l’ange.
Enfin, selon Lucien Hervé, le déchirement de la séparation puis l’émerveillement inquiet du voyage met bientôt un terme à cette période empreinte trop souvent de nostalgie.
Agnès de Gouvion Saint-Cyr