©Bernard Plossu
Galerie Camera Obscura 268 Boulevard Raspail 75014 Paris France
Mois de la photo 2012 Maison européenne de la Photographie 5/7 rue de Fourcy 75004 Paris France
MOIS DE LA PHOTO 2012
Sarah Moon, Bernard Plossu, Masao Yasasoto : trois Poètes de la Miniature.
Dès les origines de la photographie, le petit format fut une de ses formes privilégiées. Ainsi le daguerréotype : raccourci parfait, écriture de lumière dans le plein sens du terme, restituait l’image sous forme d’une miniature, magique de finesse et de présence. Pour les photographes d’aujourd’hui, la miniature reste une forme d’autant plus intéressante qu’elle est minoritaire : elle se singularise dans la pratique artistique par rapport à la photographie de grand format qui domine la création contemporaine depuis un quart de siècle, mais aussi par son coté intime et précieux, bien loin de la profusion, de la rapidité de notre consommation ordinaire d’images. Cette intimité avec l’image, c’est le choix des trois photographes que nous avons choisi de rassembler pour la première fois dans cette exposition : Sarah Moon, Bernard Plossu et Masao Yamamoto.
Sarah Moon photographie essentiellement avec un appareil polaroïd : son travail est donc, à la base, une miniature. Cependant, cet état de l’oeuvre est rarement montré car le tirage est réalisé à partir du négatif, avec ses défauts et effets de bords caractéristiques du procédé. En couleur également, l’original de petit format est reproduit pour être publié ou tiré. Pourtant, les positifs originaux, objets photographiques uniques, produits directs de la lumière comme l’étaient les daguerréotypes, ont une présence et un charme inédits. Cette exposition sera l’occasion de le découvrir avec un ensemble jamais montré de polaroïds originaux, mais aussi de tirages par contact, mêlant des images de mode, des paysages, des portraits, dans cet univers singulier, poétique, que Sarah Moon a construit au fil du temps.
©Sarah Moon, Nina
Pour Bernard Plossu, la miniature a pris son sens dans les immenses espaces de l’ouest des États-Unis : en travaillant à la publication de son livre LeJardin de poussière, il s’est rendu compte de la force que prenaient ces paysages en petit format. L’appel de leur horizon, ramené à l’intime d’un tirage de 8 x 12 centimètres, fonctionne parfaitement. La magie de la petite image opère, sans doute par un effet de contraste avec l’immensité de l’espace. Plossu a ensuite expérimenté la miniature dans d’autres domaines : images familiales des enfants et de Françoise, natures mortes et architectures « cubistes ». À l’évidence, certaines images sonnent extrêmement juste dans un format réduit : le rapport des volumes, des valeurs de gris, crée le sentiment d’une harmonie quasi abstraite, dans lequel se dilue l’anecdote. Dans les miniatures de Plossu, la forme prend généralement le pas sur l’émotion, le sentiment, l’existentiel : toutes choses par ailleurs si importantes dans sa photographie.
©Bernard Plossu, Françoise et les enfants
Masao Yamamoto a longtemps pratiqué exclusivement la miniature. Dans les années 1980, il a débuté une série intitulée Box of Ku (« Une boite de vide »), prolongée sous le titre Nakazora et achevée vers 2008. Les 1500 photographies qui composent ce cycle, non titrées et non datées (simplement numérotées de 1 à 1500), sont tirées par l’artiste sur des papiers très divers, mais toujours dans un petit format, proche ou même inférieur à celui d’une carte postale. Ces images semblent sans âge, pareilles à des photographies anonymes trouvées dans une brocante ou un grenier : images cornées, abîmées par le temps et les manipulations. La miniature est le format naturel de ces images-souvenirs, fragments dispersés d’une mémoire, qui suscite des résonnances en chacun de nous.
©Yamamoto Masao