
Andreas Gursky untitled XV, 2008 C-print 237 x 506 x 6,2 cm Copyright: Andreas Gursky / VG Bild-Kunst, Bonn 2012 Courtesy Sprüth Magers Berlin London
Museum Kunstpalast Ehrenhof 4-5 40479 Düsseldorf France
L’œuvre de l’artiste-photographe Andreas Gursky s’est imposée dans la photographie contemporaine comme une nouvelle approche du réalisme grâce à une mise en scène conceptuelle et un montage de photos avec les outils de la technologie numérique.
Andreas Gursky, reconnu dans le monde entier, est né en 1955 à Leipzig ; il vit et travaille à Düsseldorf.
Pour son exposition au Museum Kunstpalast, Gursky a sélectionné 60 images de toute son œuvre. Il a renoncé à une présentation chronologique, ce qui permet au visiteur de découvrir grâce au mélange de travaux anciens et nouveaux, de petite taille et parfois très imposants, des aspects nouveaux et parfois inhabituels de l’art de la photo de Gursky.
L’univers des photos de Gursky englobe des thèmes comme l‘architecture, les paysages, des intérieurs, mais aussi des manifestations où l’on voit des foules à l‘infini. Dans l’exposition de Düsseldorf, qui montrent des œuvres du début des années 1980 jusqu’à la série des photos Ocean I-VI, 2010, ou Bangkok 2011, Andreas Gursky présente aussi pour la première fois certaines de ses dernières œuvres, encore jamais montrées au public. « Ce que je fais, ce n’est pas de la photographie pure. Toutes mes œuvres reposent sur une expérience visuelle directe à partir de laquelle je développe l‘ idée d’une image qui est soumise dans l’atelier à l’examen de sa dignité d’image et finalement retravaillée et détaillée sur ordinateur ». (Andreas Gursky)
Andreas Gursky, Bahrain I, 2005 C-Print 306 x 221,5 x 6,2 cm (gerahmt) © Andreas Gursky / VG Bild-Kunst, Bonn 2012 Courtesy Sprüth Magers Berlin London
Pour presque chaque travail d’images, Gursky se sert d’un grand nombre de prises de vue qui se fondent sur l’ordinateur en une œuvre d’ensemble grâce au travail immense qu’il réalise. Son but n’est pas l’objectivité documentaire ni la représentation d’un regard subjectif mais la synthèse par l’artiste de structures visuelles, la construction d’une image parfaite seule ou dans une série d’œuvres.
« Gursky est avant tout quelqu’un qui trouve des images et seulement dans une deuxième étape quelqu’un qui invente des images. Les images de Gursky ne surgissent pas du néant, il y a toujours quelque chose qui est trouvé avant, peu importe comment ou dans quelle mesure l’image première va être modifiée jusqu’à ce qu’elle corresponde enfin à la représentation que Gursky souhaite. » (Beat Wismer, Generaldirektor Stiftung Museum Kunstpalast)
C’est encore avec plus d’intensité que dans le cycle Océan, qui repose sur des prises de vue par satellite, que la série Bangkok montre Gursky comme un artiste travaillant sur un concept et en même temps comme un peintre en train de photographier. Dans ces œuvres, il n’y a pas de référence à un endroit, seul le titre « Bangkok » donne un indice de localisation de l’eau sans rives qui coule ici.
Le regard qui tombe sur le fleuve Chao Phraya qui traverse Bangkok, pas d’en haut mais d’un embarcadère, l’observation de jeux de lumière changeants à la surface de l’eau, les coupures esthétiques dues aux ordures dans le fleuve ont donné à Gursky l’impulsion de cette nouvelle série. Avec une intuition pour la profondeur de la peinture, il étudie les différentes variantes possibles du point de vue de la composition et réalise finalement au total 10 œuvres à partir du jeu ombre-lumière du fleuve. A la différence de la série Océan, Gursky choisit pour la série Bangkok exclusivement le format en portrait qui donne une dimension méditative à chaque œuvre.
Andreas Gursky Ocean I, 2010 C-Print 249,4 x 348,4 x 6,4 cm Copyright: Andreas Gursky / VG Bild-Kunst, Bonn 2012 Courtesy Sprüth Magers Berlin London
Passant sans cesse de la réalité à l’effet de fiction, les œuvres de la série Bangkok présentent un haut degré d’abstraction et proposent une variété d’association dans la peinture. Elles font penser à des œuvres d’art informel, à des tableaux expressionnistes abstraits comme ceux de Clifford Still ou de Barnett Newman.
L’œuvre photographique de grand format de l’année 2012 intitulée Katar, du tank géant de gaz liquide complètement vidé pour vidanger un paquebot naviguant régulièrement pour l’Émirat de Katar, fait partie des œuvres de Gursky qui n’ont pas encore été montrées au public.
Pour pouvoir rendre photographiquement les dimensions gigantesques de l’espace qui donne l’impression d’un trésor et pour arriver au même niveau que la silhouette à genoux de la partie gauche de l’image, qui devient visible dans la tente transparente laiteuse, Gursky du descendre par une échelle à une profondeur de 40 mètres dans le tank recouvert de panneaux d’aluminium aux reflets d’or.
Jouant avec la petite taille de l’homme présent dans le tank géant et les nombreux reflets de lumière de l’espace à effet claustrophobe, Gursky, le compositeur d’images travaillant sur la globalité, donne à cette œuvre une grande poésie.
L’art de la photo de Gursky dans la rétrospective de Düsseldorf montre clairement qu’il choisit les points de vue en fonction du motif et du thème de l’image. Dans certaines de ses œuvres de format extrêmement grand les nombreuses perspectives possibles – vue de face, de dessus, de dessous, d’ensemble, sont assemblées.
Nombre de ses œuvres montrent ainsi une ambivalence dans la perspective entre une vue d’ensemble et un focus sur la précision de détails. Des œuvres comme Chicago Board of Trade III (1999), Madonna (2001) ou Boxenstopp (2007) reposent sur une construction de l’image très complexe. Il a renoncé à mettre l’accent sur une perspective centrale, tous les détails semblent avoir la même valeur dans ces images.
Andreas Gursky Bangkok V, 2011 C-Print 307 x 227 x 6,2 cm (gerahmt) © Andreas Gursky / VG Bild-Kunst, Bonn 2012 Courtesy Sprüth Magers Berlin London
Andreas Gursky, dont la contribution à la signification internationale de la photographie allemande contemporaine est fondamentale, a fait ses études à l’Université Folkwang à Essen à l’Institut créé par Otto Steinert pour la formation de photographes en communication visuelle avec Michael Schmidt. Il a continué ensuite par des études à l’Académie des Arts de l’État à Düsseldorf où il a été de 1985 jusqu’à son diplôme en 1987 élève-maître de Bernd Becher. Andreas Gursky fait partie avec Candida Höfer, Axel Hütte, Thomas Ruff, Jörg Sasse, Thomas Struth et d’autres du groupe des élèves de Becher pour lesquels le concept « école de photos de Düsseldorf » a été inventé. En 2010 Andreas Gursky a été nommé Professeur à l’Académie des Arts à Düsseldorf et y enseigne une classe d’art libre.
Photos et vignette © Andreas Gursky