©Hans Steiner, Bords de l'Aar, Bern, vers 1940
Musée Gruérien Rue de la Condémine 25 1630 Bulle Suisse
L'exposition Hans Steiner continue sa tournée en Suisse avec une étape au Musée gruérien à Bulle.
Hans Steiner (1907–1962) est un photographe très représentatif de l’âge d’or de la photographie suisse. Cette époque, qui va des années 1930 aux années 1950, a vu émerger une génération de photographes qui se sont distingués dans le domaine du photojournalisme. Comparées à la célèbre FSA (Farm Security Administration) des années de la Grande Dépression aux Etats-Unis, leurs images ont accordé une grande attention à la documentation des victimes de la crise. Le chômage, la paupérisation des campagnes et la montée des tensions politiques font partie des thèmes les plus souvent traités par les photojournalistes. Si Hans Steiner est une figure majeure de cette page d’histoire de la photographie, il se distingue aussi par le choix de ses sujets – sports, loisirs, vie urbaine et société de consommation – dont il enregistre les premières manifestations. Alors que ses confrères font preuve d’un certain pessimisme devant une situation économique et politique qui ne cesse de se détériorer, sa confiance en l’avenir ne semble jamais se démentir.
Avant la Seconde Guerre mondiale, Steiner collabore avec la presse illustrée suisse, dont l’essor est spectaculaire. Ses images sont diffusées dans les principaux magazines du pays: Sie und Er, la Schweizer Illustrierte et Die Woche. Il y publie notamment des photographies des tentatives d’escalade de la face nord de l’Eiger, dont plusieurs vont tourner au drame. Les photographies prises à ces occasions feront le tour du monde, certaines d’entre elles devenant même des icônes. Après la guerre, Steiner va progressivement se reconvertir dans d’autres activités que le photojournalisme. Il effectue des commandes de plus en plus nombreuses pour des entreprises et travaille dans la publicité. Il voyage en Europe et en Asie. Ses images de la Palestine au moment de la création de l’Etat d’Israël, et notamment de l’architecture de Tel Aviv, présentent aujourd’hui le plus grand intérêt.
Les historiens de la photographie suisse se sont jusqu’ici surtout concentrés sur les reportages en lien avec la crise des années 1930. Ils ont privilégié une certaine grille de lecture, inspirée de l’ «instant décisif», théorisation fameuse que l’on attribue à Cartier-Bresson. L’ambition de l’exposition Hans Steiner est d’enrichir la vision que nous avons de l’entre-deux-guerres en Suisse et de faire appel à des notions plus récentes que «l’instant décisif».