Palais Dahesch 2004 Beyrouth © Farida Hamak
Galerie Regard Sud 1/3 rue des pierres plantées 69001 Lyon France
Ces images réalisées à Beyrouth, Bethléem et en Jordanie font partie d’un travail plus vaste sur les traces de guerre au Moyen-Orient, ébauché dans les années 80 au Liban et en Syrie, puis en Irak, durant les années de conflit.
Une vingtaine d’années ont passé depuis mon premier voyage. Pourtant, les traces de guerre – quand ce n’est pas la guerre elle-même – semblent parfois définitivement inscrites dans les lieux. C’est à elles, ces traces, que je me suis attachée.
Même au cœur des conflits, j’ai toujours cherché à montrer à travers mes photographies, non pas la guerre, frontalement, mais son empreinte et les séquelles qu’elle engendre dans le quotidien de ceux qui y sont confrontés,
les cicatrices qu’elle laisse sur son sillage. Une guerre, vue de dos, à l’écart, en quelque sorte.
Dans la trace de guerre, visible ou intériorisée, il y a la marque d’une blessure, d’une dévastation. Je suis née dans la guerre, en Algérie. Cette notion de trace comme mémoire est essentielle dans mon cheminement, car elle pose la question de l’identité et de «ce que l’on devient», de l’exil et du «venu d’ailleurs». Ce travail rejoint ainsi celui que j’ai effectué durant de longues années sur ma mère, mes parents, qui ont quitté l’Algérie pour la France en 1956, une chronique familiale qui plonge ses racines au cœur de l’immigration.
Farida Hamak
Série «L’Impensable», 2005, Traces © Farida Hamak - Bethleem.
Série «Le Jourdain», 2005-2007, Traces © Farida Hamak - Carte blanche Institut
Français, Amman, Jordanie
En 1956, Farida Hamak a six ans lorsque ses parents s’installent en France. Issue de la « seconde génération » prise entre l’Algérie et la France, elle vit le choc de deux cultures. Elle sera étudiante à la Sorbonne au début des années ‘70, puis bibliothécaire à la Sorbonne Paris III jusqu’en 1982. C’est un tour du monde et le hasard – un appareil photo acheté à Singapour – qui la mènent à la photographie. En 1977, un retour en Algérie sert de déclic : elle est photographe. La même année, elle commence à photographier sa famille sans savoir qu’un jour ce travail, au cœur de l’immigration, sera un livre et un film. Membre de l’agence Viva dès 1980, elle s’installe à Damas et à Beyrouth où, de 1982 à 1984, elle couvre la guerre civile libanaise pour Newsweek. Elle publie Paix en Galilée, Beyrouth 1982 aux éditions de Minuit – un collectif avec des photographes de Sipa Press ; travaille comme photographe du film libanais Une vie Suspendue de Jocelyne Saab. À son retour du Liban, elle couvre l’OLP en exil, la condition de la femme au Sultanat d’Oman pour Sipa Press, puis réalise un reportage à Bagdad sur le fils de Saddam Hussein, Hoddai, avant d’arrêter la photographie politique. En 1987, elle est photographe de mode. En 1990, elle se pose et intègre, au titre de photographe et rédactrice en chef de mode, le bureau parisien Al Khaleejiah-France – premier groupe de presse du Moyen-Orient.
Depuis 1999, photographe indépendante -tantôt dans la mode, tantôt photographe d’auteur -elle effectue des séjours réguliers en Algérie. Depuis 2003, de retour au Moyen-Orient – Syrie, Palestine, Irak, Liban, Jordanie – elle poursuit son travail de « traces » inscrites dans ses pays, qu’elle a commencé en 1982.
En 2007, elle est lauréate du prix du Conseil Général de la Drome, pour la vidéo, Ma mère, histoire d’Une immigration, au 20e Festival du Film de Saint-Paul-Trois-Châteaux.
Photo et vignette © Farida Hamak