Lieux dit « Vieil Ucel », Ucel, 10 février 2005, 14 février 2012 © Bertrand Stofleth
Rencontres d'Arles 2012 34 rue du docteur Fanton 13200 Arles France
Bertrand Stofleth
Né en 1978 à Chatenay-Malabry. Vit et travaille à Lyon.
Les recherches artistiques de B. Stofleth portent sur les modes d’habitation des territoires et interrogent les paysages dans leurs usages et leur représentation. Dans la série Autour du belvédère (2001-05), il travaille sur l’écriture d’une mémoire à partir d’une géographie recomposée. Les observatoires photographiques du paysage menés au sein du PNR des monts d'Ardèche (depuis 2005) et dans la vallée de l'Hérault (depuis 2010), sont une exploration dans le temps des transformations du territoire. Ces travaux sur les mutations du paysage se poursuivent depuis 2011 en milieu urbain dans le cadre de résidences artistiques au sein du centre hospitalier de Chambéry et au cœur de grands ensembles résidentiels à Bron. Avec le travail Rhodanie, paysages déclassés (depuis 2008), il constitue, par le biais de mises en scène, une iconographie du quotidien intégrant les différents aménagements et usages d’un fleuve. Il poursuit sa collaboration avec G. Mathieu, en créant observatoire photographique du paysage depuis le chemin de grande randonnée périurbain GR2013, en partenariat avec Marseille Provence 2013.
Geoffroy Mathieu
Né en 1972 à Boulogne-Billancourt. Vit et travaille à Marseille.
On trouve au cœur du travail de G. Mathieu les séries Un mince vernis de réalité (Éditions Filigranes 2005), Parcelleset Canopée, résultat d’une pratique quotidienne et contemplative. Dans son travail Dos à la mer(Éditions Filigranes en 2009), il parcourt le monde urbain méditerranéen à la recherche des petites résistances qui modifient le paysage urbain. Dans la série Mue, paysage autour du chantier du viaduc de Millau 2002-2005 (Images en Manœuvre, 2005), et au travers des commandes de l’observatoire photographique du paysage pour le parc naturel des Monts d'Ardèche (depuis 2005) et pour la communauté de Communes de la vallée de l'Hérault (depuis 2010), il aborde les questions des mutations du paysage. À la croisée de ses préoccupations urbaines et rurales, il travaille actuellement sur un nouveau projet traitant de la ville et la nature à Tanger, Marseille, Édimbourg et Katowice ainsi qu’à la mise en place, en binôme avec B. Stofleth, d’un observatoire photographique du paysage depuis le chemin de grande randonnée périurbain GR2013, en partenariat avec Marseille Provence 2013.
La dynamique des paysages
Étape de l’Observatoire Photographique du Paysage du Parc Naturel Régional des Monts d’Ardèche (2005-2012)
« Un observatoire photographique du paysage consiste à mettre en place, sur un territoire, une veille photographique afin d’évaluer ses évolutions. Dans ce type de projet, il s’agit pour le photographe de produire un objet esthétique capable à la fois de prendre sa place en tant qu’œuvre artistique et comme production documentaire, faisant ainsi sens dans d’autres domaines (historique, sociologique, géographique...). L’intention étant que l’ensemble des acteurs du territoire, du technicien d’aménagement au touriste, de l'élu à l'habitant, de l'agriculteur à l'industriel puissent s’approprier ces représentations.
L'observatoire photographique du paysage s'inscrit dans la longue tradition de la commande photographique, commencée dès 1851 par la Mission Héliographique. Cette tradition s'est poursuivit par la commande de la Farm Security Administration (FSA) entre 1935 et 1942 qui documenta la vie rurale des États-Unis touchés par la Grande Dépression, en France entre 1983 et 1988 la DATAR permit à des photographes de créer de nouvelles représentations du territoire.
Notre démarche a été, au delà du relevé topographique, d’établir un état des lieux, reconduit de saison en saison, d’année en année. Nous avons pour cela, recherché nos points de vues selon une démarche d’arpentage du territoire systématique, aléatoire et empirique.
Nous avons pris soin de rendre compte de la diversité et de la richesse des espaces parcourus. Notre intention s’est doublée d’une volonté d’organiser ces territoires comme autant de sculptures ou d’installations réalisées par la main de l’homme, par l’environement, ou par l’écoulement du temps. Nous avons ainsi peu à peu pris la mesure de l'épaisseur de ces paysages, comme si il s’agissait de couches de sédiments superposés.
Les multiples temporalités rencontrées à travers les paysages parcourus nous ont conduit à établir une sorte d'archéologie prospective du paysage. De sites supposés à forts potentiels de mouvements à d’autres vraisemblablement figés, nous avons cherché à décliner à travers nos photographies, et leurs reconductions à venir, les différentes potentialités d’un même lieu.
Envisager un territoire avec une telle perception, c’est proposer une vision singulière d'un paysage qui devient un objet esthétique, une somme d’intentions et d’abandons en devenir. C'est un jeu intellectuel qui propose une vision dynamique du paysage. » Bertrand Stofleth, Geoffroy Mathieu / Février 2012
Hameau Les Faux, Pourchères, Ardèche, 15 février 2005, 15 février 2012 © Geoffroy Mathieu